▪ Ces derniers jours ont été ceux des phrases fulgurantes.
La première n’a rien à voir avec l’économie ou la finance… mais je vous la livre malgré tout, parce qu’elle m’a donné à réfléchir. Elle nous vient de Blaise Cendrars, au détour d’un article du Monde sur la Première Guerre mondiale :
« C’est la jeunesse du monde qui a armé la main de [Gavrilo] Princep. Toute la terre, dans une fièvre secrète et furieuse, exigeait sourdement que Princep tire : les pays n’attendaient que le bruit de cet attentat pour s’élancer l’un contre l’autre ».
Dans notre monde où les tensions s’exaspèrent, où la violence et le ressentiment se font de moins en moins maîtrisés, où pas mal de barrages semblent ne pas attendre grand’chose pour céder… eh bien, un petit frisson m’a parcourue à la lecture de ces mots.
▪ La deuxième « petite phrase », bien plus terre-à-terre (et nettement moins littéraire), nous provient de Jim Rickards, dans la Chronique de vendredi :
« L’effondrement économique actuel n’est pas cyclique, il est structurel. Il s’agit d’une nouvelle crise qui durera indéfiniment jusqu’à ce que des changements structurels soient apportés à l’économie. […] C’est pour cela que l’impression de monnaie n’a pas réussi à guérir l’économie. Puisque les changements structurels n’arrivent pas, il faut s’attendre à ce que la crise continue« .
Jim Rickards, ou comment expliquer la situation actuelle en cinq lignes. Dommage que Yellen & co. s’obstinent à ignorer de telles vérités pour continuer à appliquer les mêmes remèdes inutiles… voire pire : aggravants.
▪ Simone Wapler abordait elle aussi la question de l’inflation/déflation la semaine dernière — et comment les autorités empêchent les choses de suivre leur cours naturel, comme le déplore Jim :
« L’ordre actuel ne peut supporter l’inflation des biens tangibles : les taux s’envoleraient et servir l’intérêt de la dette deviendrait insupportable. L’or (et l’argent) serait évidemment dans ce cas un abri.
L’ordre actuel ne peut supporter la déflation des actifs financiers : une baisse généralisée des prix mettrait en défaut des mauvais crédits et provoquerait des faillites dans le système financier. L’or (et l’argent) serait évidemment dans ce cas un abri puisqu’il existe sans besoin de contrepartie.
L’ordre actuel ne peut supporter la concurrence et c’est pourquoi il convient de discréditer l’or. En effet, toute fuite vers les actifs tangibles provoquerait l’effondrement de la pyramide de dettes et l’arrêt par les contribuables du paiement de la rente éternelle sur les dettes d’Etat insoutenables. Les contribuables ne peuvent payer les intérêts de la dette que s’il leur reste un peu d’épargne et de pouvoir d’achat.
L’ordre actuel reste cependant fragile. L’establishment le sait et organise tranquillement sa sécurité : la dématérialisation de la monnaie qui permettra de faire payer les riches et tous ceux qui ont de l’épargne liquide au cas où l’ordre actuel, qui est un équilibre précaire, serait troublé ».
En tant qu’investisseur individuel, comment réagir ? Jim conseille « l’agilité » et la diversification. Lui comme Simone recommandent d’avoir des actifs tangibles dans votre portefeuille… et de rester flexible et attentif.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora