La Chronique Agora

Deuxième semestre 2015 : perspectives pour l’or

Nicolas Perrin

▪ Chaque année depuis 2007, l’analyste autrichien Ronald-Peter Stöferle rédige le désormais célèbre rapport In GOLD we TRUST. La neuvième mouture du document, écrite en collaboration avec son collègue Mark J. Valek, lui aussi Investment manager chez Incrementum Liechtenstein AG, est parue le 25 juin.

Les coauteurs du livre Austrian School for Investors: Austrian Investing between Inflation and Deflation (publié en allemand, avec une version anglaise prévue pour cet été) reviennent sur leurs prévisions de l’année précédente et réajustent leurs objectifs au vu des évènements intervenus, nous livrant au passage de succulentes citations de pontes des institutions financières mondiales et de commentateurs des marchés parmi les plus renommés (avec en bonus cette année des citations très à propos de Mr. Spock et de Mr. T).

Le large double plus-bas de novembre 2014 et mars 2015 représente un plus-bas solide

Avec une once à 1 172 $ au 25 juin 2015, l’objectif de prix à 12 mois de 1 500 $ exprimé dans le rapport du 24 juin 2014 a été clairement raté. Depuis la publication du rapport, « le support à 1 140 $ » a été cassé lors du flash krach du 20 juillet et l’once évolue aux alentours des 1 100 $. Néanmoins, pour les deux auteurs, « […] le large double plus-bas de novembre 2014 et mars 2015 représente un plus-bas solide. Nous ne pensons pas que ce support pourra être durablement cassé » (souligné par nous).

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Les sept facteurs ayant joué un rôle décisif dans la tendance baissière (en $) qui a dominé en 2014 :
« Fortes tendances désinflationnistes et augmentation consécutive des taux d’intérêts réels (qui restent néanmoins en territoire négatif) ;

Taux de croissance de la masse monétaire partiellement en déclin (tapering de la Fed) ;
Augmentation du coût d’opportunité de la détention d’or du fait du rally des marchés actions ;
Resserrement des spreads de taux ;
Révision à la baisse des prévisions des analystes (notamment Goldman Sachs, Crédit Suisse, Société Générale…) ;
Aplatissement de la courbe des taux US du fait des attentes de plus en plus insistantes d’une hausse des taux par la Fed ;
Continuité du niveau élevé de confiance dans la capacité des banques centrales à garder la situation sous contrôle ». Confiance qui est d’ailleurs presque revenue à son niveau d’avant-crise :

Soit, au final, un quasi-remake des facteurs évoqués dans le rapport précédent.

Une situation qui a au choix des airs d’Un Jour sans Fin ou de En attendant Godot

Pas très étonnant, puisque depuis la quasi-implosion du système financier à l’automne 2008, cela fait maintenant sept ans que les principales banques centrales espèrent établir la prospérité économique en poursuivant la même expérimentation, et « créeront [d’ailleurs] cette année plus de monnaie que jamais », tout cela alors que leurs dirigeants rabâchent constamment l’imminence d’une « normalisation ». Une situation qui a au choix des airs d’Un Jour sans Fin (le film de 1993 avec Bill Murray) ou de En attendant Godot (pour ceux qui préfèrent le théâtre), commentent Stöferle et Valek.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les auteurs approfondissent et mettent à jour dans ce neuvième opus des sujets déjà développés dans l’édition précédente, sujets dont la situation s’est depuis accentuée, pour ne pas dire dégradée :
­L’or, l’inflation et la déflation (la « tectonique monétaire ») ;
Les conséquences dramatiques de la politique de taux d’intérêts zéro, « distorsion de marché extrême » pourtant érigée en politique menée sans commune mesure à l’échelle de l’histoire et aux conséquences fatales (notamment pour les compagnies d’assurance) ;

La dette (la « fin de partie keynésienne », le Japon en tant que précurseur) ;
La sous-représentation des métaux précieux dans l’édifice financier mondial :
Le « système » monétaire international et ses perspectives d’évolution ;
La migration d’or physique de l’ouest à l’est (le « Golden Love Trade ») ;
La répression financière et la mise en place progressive d’un « totalitarisme économique à caractère orwellien » ;
Les actions de sociétés d’exploitation minière.

Plutôt que de développer chacun de ces sujets, je renvoie les lecteurs à mon billet de l’année passée et au rapport « In GOLD we TRUST » de cette année (lequel, avec ses 140 pages, fera le bonheur des anglophones)

La position des auteurs résumée en quelques citations :
L’économie mondiale fait face à la « combinaison d’un surendettement évident, de politiques monétaires et fiscales expansionnistes, et de l’invulnérable volonté des décideurs politiques de créer de l’inflation des prix ».

« Un haircut sur la dette d’une grande nation industrialisée est impensable, les effets déflationnistes consécutifs étant trop dramatiques dans notre système financier intégré. Le seul chemin satisfaisant est un saut en avant : une reflation agressive de l’économie est destinée à rendre le fardeau de la dette soutenable en accroissant les prix nominaux » (cf. le Japon).

Dans les trois années à venir, il est probable qu’un changement de paradigme devienne évident sur les marchés

Les deux auteurs pensent à cet égard que « nous sommes près de la croisée des chemins : dans les trois années à venir, il est probable qu’un changement de paradigme devienne évident sur les marchés, incluant probablement des tendances inflationnistes croissantes ».

« […] un pilier central de notre thèse est qu’un virage au niveau de la tendance de l’inflation des prix est proche. […] contrairement au grand marché haussier des années 1970, où la Fed essayait de mettre fin à l’inflation avec une politique monétaire restrictive, les banques centrales font aujourd’hui de leur mieux pour essayer de créer de l’inflation ». « La tendance désinflationniste qui domine depuis 2011 [‘et au vu de laquelle l’or a relativement bien résisté’] devra être rompue ».

Et les deux auteurs de citer Bill Fleckenstein qui recourt à la formule suivante :

« Aujourd’hui, la macro-économie ne compte pas. Mais cela va changer. Et lorsque cela changera, ce sera tout ce qui comptera ».

Stöferle et Valek, après avoir noté que « […] la plupart de la spéculation dans le secteur aurifère s’est évaporée ces dernières années » (cf. la baisse de l’encours des ETF et la diminution de la volatilité), fixent leur cible de long terme à 2 300 $ l’once à horizon trois ans (juin 2018). (Ils pensent néanmoins que cet objectif de prix sera dépassé).

A noter que seule la correction de 1988-1993 a duré plus longtemps que la correction actuelle (en $).

▪ Ce que cela signifie pour vos investissements
L’once d’or en dollars US est aujourd’hui à son plus bas niveau depuis 2010, et vous êtes inquiet ?

D’abord, si vous travaillez et vivez en zone dollar, vous pouvez bien sûr lire les commentaires de Capital, du  Figaro ou d’autres ; en revanche, si vous vivez et travaillez comme moi en Zone euro, suivez plutôt les cours… en euros. Comme le rappellent Stöferle et Valek, alors que « l’attention se porte en priorité sur le prix de l’or en dollars US […], l’année passée, le marché haussier a repris ou a continué dans quasiment toutes les autres devises ».

Ensuite, si les arguments de Stöferle et Valek vous convainquent et que vous achetez de l’or dans une perspective non pas de spéculation mais d’investissement, sachez que leur conclusion est la suivante : même si « un dernier sell-off est possible, nous sommes devant « une opportunité d’achat extraordinairement favorable ».

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