▪ Nous préférons ne pas trop nous inspirer des chiffres quotidiens. Ils sont trop volatils. Trop capricieux. Trop fantaisistes. Une minute, les titres boursiers grimpent en flèche ; la minute suivante, ils rechutent. Si vous prenez du recul, vous vous rendez compte que le graphique que vous étudiez suit des mouvements par fractions de point. C’est comme visionner une séquence qui serait filmée par une minuscule caméra attachée sur le dos d’une fourmi… dans une salle de cinéma IMAX. Un terrain tout à fait praticable prend alors soudain de terrifiantes proportions himalayennes. Pourquoi se donner des maux de tête, des vertiges ou le mal des transports ?
Une perspective le nez collé à l’écran est une bonne chose — voire nécessaire — si vous faites du day trading… mais je n’ai personnellement ni la discipline ni les tripes nécessaires pour une activité à ce point exigeante. En outre, il est difficile de comprendre quelque chose à partir d’une analyse des événements seconde par seconde. La somme d’informations est simplement trop importante pour être traitée par le cerveau humain, bien moins pour mettre en lien avec un type de schéma global qui a du sens.
▪ Tout dépend de la perspective
Un exemple ? Le prix de l’or. Il était peut-être bon marché il y a quelques minutes… si on le comparait au prix d’il y a quelques minutes encore avant. Mais, si on le compare au prix d’hier, il est encore moins cher, d’environ 8 $ l’once (et même ce chiffre aura changé le temps de lire ces lignes). Et alors ? Il y a un an, vous auriez pu acheter une once pour environ 180 dollars de moins qu’aujourd’hui. Le prix actuel semble donc élevé, n’est-ce pas ?
Mais ce n’est pas tout… Il y a cinq ans, vous auriez pu acheter 2,5 onces pour le prix auquel vous en achetez une seule aujourd’hui. Il y a 10 ans, vous auriez pu acheter 5,5 onces. Cela rend-il l’or cher ou bon marché ? Faut-il acheter ou vendre ?
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La Chine, atterrissage en douceur ou krach brutal ?
En tout cas, le potentiel des BRIC n’est plus celui qu’on croit — désormais, les profits potentiels se trouvent ailleurs. Où exactement ? Quelques éléments de réponse sont ici…
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Tout dépend de votre perspective. Nous avons tous souhaité pouvoir remonter le temps et nous retrouver dans les années 1990 pour acheter des titres Apple, des kilomètres de littoral sauvage et des onces d’or mal-aimé. Hélas, le temps n’avance que dans une seule direction. Où donc sera l’or demain… dans un an… dans 10 ans ?
Les banquiers centraux semblent parier sur une hausse du prix — peut-être une très forte hausse — dans les mois et les années à venir. Peut-être pensent-ils à la divergence entre le marché de l’or papier — largement dominé par les trackers et les futures — et le marché de l’or physique, celui de l’or qu’on peut toucher et sentir. Dans la lettre d’avril de Sprott Asset Management, on peut lire :
« Même si au cours du mois dernier le prix de l’or papier a fait du surplace, le marché de l’or physique, lui, a connu un changement stupéfiant »…
Eric Sprott et David Baker écrivent : « nous avons appris que les importations d’or depuis Hong Kong vers la Chine totalisaient près de 40 tonnes au mois de février, soit treize fois plus qu’en février de l’année dernière… Aucun marché physique sur terre ne peut résister à ce type de hausse de la demande sans une hausse des prix sur le long terme ».
Dave ajoute : « et ceci n’est pas un événement isolé : les importations chinoises sur l’or au cours des huit derniers mois ont été quasiment multipliées par huit, d’une année sur l’autre. Et comme nous en avons fait la remarque il y a quelques jours, la Chine n’est pas seule : selon le FMI, 12 pays en ont acheté 58 tonnes le mois dernier — en tête desquels le Mexique, la Turquie, la Russie et le Kazakhstan ».
« Entre-temps », continue Dave, « Cheviot Asset Management a estimé que pour chaque lingot d’or il y a 100 positions ouvertes sur le marché de ‘l’or papier’. »
« Le marché de l’or papier peut continuer sa comédie », concluent Sprott et Baker dans leur rapport, « mais la demande sur le marché physique le dominera rapidement grâce à un fort dynamisme — il n’y a qu’une certaine quantité d’or physique dans le monde et il semble qu’il y ait de très gros acheteurs avides de s’en emparer ».
Nous n’avons aucune idée de la destination finale de l’or, cher lecteur… Tout ce que nous savons, c’est que le métal jaune a toujours prouvé être une assurance imparable contre la folie des banquiers centraux. C’est là un fait sur lequel les banquiers centraux eux-mêmes semblent être d’accord. Ne les laissez pas vous vaincre par K.-O.