La Chronique Agora

Ces « penseurs » qui vous font payer leurs idées nuisibles

Pièces d'échec sur des billets

Les banquiers centraux échouent. Les prix Nobel et les dirigeants de think tanks ont aussi des idées d’interventions mais aucun ne paie jamais le prix de leurs erreurs.

La Fed vient d’annoncer qu’elle serait encore plus accommodante pour le marché en conservant ses taux aux niveaux actuels au lieu de les augmenter comme prévu.

La BCE a répété qu’elle ne comptait pas relever ses taux par rapport au 0% actuel… En plus, annonçait-elle en début mars, elle allait proposer encore une nouvelle série d’emprunts aux banques à des taux ultra-favorables !

Cela dans l’intention de relancer la croissance.

Avec les 2 600 Mds€ de rachats de dette depuis 2014, la Zone euro devrait pourtant avoir reçu un sacré coup de pouce.

En réalité, tout cela est plutôt un échec. La seule croissance qui se soit produite, c’était celle de l’endettement. La dette des entreprises et des Etats n’a jamais été aussi élevée.

Et qui en a profité ? Ah… ce sont ces vilains “riches” qui possédaient déjà des actifs financiers. La dette a gonflé leurs valorisations et leur a permis de payer des dividendes record.

Mais ça n’empêche pas la BCE et d’autres de prétendre “combattre les inégalités.” Le ridicule ne tue pas. Il ne semble même pas se remarquer.

Ces “penseurs” n’ont pas fini de dérégler l’économie

Les gens qui se croient en mesure d’améliorer le fonctionnement de systèmes naturels impliquant des millions d’acteurs — tels que les marchés — souffrent de sacrées illusions. Ce n’est pas surprenant qu’ils ne puissent pas voir le défaut de leurs raisonnements.

Ni qu’ils continuent… tel le général qui commande une nouvelle charge — sans une pensée pour tous les pauvres bougres qui mourront ou qui y sont déjà passés.

Les vrais grands hommes sont dans une catégorie à part, se disent-ils… Ils doivent prendre des décisions difficiles et même immorales, mais nécessaires pour le plus grand bien.

Prenez Joseph Stiglitz dans une récente tribune des Echos aujourd’hui. Le prix Nobel d’économie et professeur à l’université de Columbia préconise le démantèlement des entreprises qui sont devenues, selon lui, trop grandes.

“La concentration est le poison du capitalisme moderne,” explique-t-il.

Par là, il veut dire que quelques entreprises dans le monde ont trop d’importance — en termes de revenus et de bénéfices.

Il évoque Google, Amazon et Facebook, par exemple, trop dominants dans l’économie internet :

La concentration croissante de l’économie aux mains d’entreprises dominantes accentue la pression sur les clients et sur les employés. C’est un mal puissant qui dérègle le fonctionnement du capitalisme.”

Et bien sûr, la solution au problème n’est pas de laisser plus de liberté aux entreprises pour faciliter la concurrence en réduisant les charges ou la paperasse ou les impôts…

Joseph Stiglitz ne se demande pas si les agissements de la Fed ne favorisent pas ceux qui sont les plus en mesure d’emprunter — c’est-à-dire les grands groupes.

Non, il est certain que la réponse réside en l’usage plus agressif de la force étatique :

La loi doit rattraper son retard. Toute pratique anticoncurrentielle doit être jugée illégale, point final.

Les Américains doivent faire preuve de la même détermination à lutter pour la concurrence que la motivation démontrée par leurs grandes sociétés à lutter contre elle.”

À noter que M. Stiglitz ne prétend même pas que ces entreprises aient fait quelque chose de mal. Mais il faut les punir, conclut-il. Pour le bien de tous.

Des M. Stiglitz, la France en regorge aussi

Un think tank socialiste dont le directeur soutenait la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron , du nom de Terra Nova, intervient avec la brillante idée de taxer les entreprises pour le recours aux contrats de travail à durée déterminée.

Tout en leur faisant payer encore plus lorsqu’elles se séparent d’employés sous les règles actuelles.

Cet argent que les entreprises paieront pour se séparer d’employés, il devra bien venir de quelque part lui aussi !

Mais le directeur de Terra Nova, Thierry Pech, est bien indifférent. Son monde à lui ne dépend pas des bénéfices.

Entre 2016 et 2017, Terra Nova a par exemple reçu des subventions de 601 000 € de la part des collectivités, ce qui fait plus de la moitié de ses revenus.

Merci au contribuable !

Le reste du budget de Terra Nova vient de “mécénat” de la part de groupes semi-publics, tels qu’EDF, Engie ou La Poste.

Ou d’autres groupes — Google, Danone, ou autres assureurs et groupes bancaires — qui, en donnant, tentent de se faire des bonnes relations parmi les apparatchiks.

Comme il doit se sentir puissant, ce M. Pech !  Il se voit rédiger les règles qui demain affecteront les vies de millions de gens, tout en s’en exemptant bien sûr lui-même !

Dans toute société, doit-il penser, il doit y avoir des gens qui sont “au dessus” du reste, et qui peuvent faire aux autres ce dont ils ont envie — que les autres le veuillent ou non.

[NDLR : Comment ne pas se retrouver victime des mauvaises décisions des gens qui ne sont pas exposés aux conséquences négatives de leurs conseils ? C’est le thème du dernier livre du philosophe Nassim Taleb. Commandez-le ici.]

Les victimes du monde truqué

Les penseurs tels que M. Pech et M. Stiglitz croient agir pour le bien de tous.

Mais la route de l’enfer est bien pavée de bonnes intentions… Le jour viendra où ces trucages économiques auront leurs conséquences inévitables.

En particulier, nous n’avons jamais vu auparavant d’intervention aussi massive et aussi soutenue dans les marchés obligataires.

Et ceux qui en sont à l’origine ne vont pas payer la facture.

Ce sera vous, avec votre argent — que vous le vouliez ou non.

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