La Chronique Agora

Peak Oil, ce n'est pas fini

▪ Collez votre nez assez près de votre écran d’ordinateur, et les chiffres du jour ne tardent pas à perdre leur signification. Les journalistes ne rapportent les faits qu’après qu’ils ont eu lieu, et inventent des raisons au fur et à mesure pour justifier tel ou tel mouvement.

"Les investisseurs oublient leurs inquiétudes concernant XYZ, et affichent leur confiance en la reprise", pourrait-on lire dans un journal après que le Dow Jones est monté d’un demi point.

"Les investisseurs demeurent en retrait tandis que les inquiétudes concernant XYZ diminuent les espoirs de reprise", pourrait annoncer un autre le même jour.

Au quotidien, il est tout bonnement impossible de savoir ce qui se passe dans les centaines de milliers d’esprits qui manipulent des centaines de milliards de dollars sur les marchés mondiaux. Peut être qu’un gestionnaire de hedge fund vient de se faire quitter par sa femme… et qu’il en perd sa concentration, ce qui le pousse à liquider sa position chez XYZ plutôt que celle chez ABC. Peut être qu’il a obtenu des informations en interne, mais qu’elles se sont révélées fausses. Dans ce cas, il se pourrait que la première chose qu’il fasse demain matin en arrivant au bureau, ce soit de racheter l’action. En réalité, il existe tant de variables, tant de facteurs séparés et distincts, qu’il est totalement impossible de tracer une ligne droite entre la cause A et la conséquence B en un laps de temps si court.

▪ N’ayant pas la patience ou l’envie d’étudier des tendances à si petite échelle, nous nous concentrons aujourd’hui sur celles qui se déroulent sur une période plus longue. Une chose que nous pouvons savoir presque avec certitude, c’est qu’on ne peut pas consommer une ressource limitée à l’infini. Cela s’applique aux ressources naturelles, comme le pétrole, et à d’autres choses, comme la patience des créanciers étrangers.

Beaucoup d’encre a coulé au sujet du Peak Oil au cours des années précédentes. Même si le problème a été récemment mis de côté en faveur de la crise financière mondiale, la situation n’est pas pour autant moins inquiétante qu’elle ne l’était quand le brut a atteint les 147 $ le baril. Malgré la baisse temporaire de la demande mondiale en énergie, l’avenir est peut-être encore moins encourageant aujourd’hui qu’il ne l’était auparavant.

L’année dernière, l’Agence internationale de l’énergie a annoncé que le taux de déclin pétrolier dans le monde entier représentait environ le double de ce qui était prévu à peine un an plus tôt (le chiffre précédent de 3,4% a été révisé pour atteindre les 6,7%). De nouvelles recherches détaillées ont poussé l’économiste en chef de l’AIE, Faith Birol, à estimer que l’offre en pétrole conventionnel atteindrait un plateau dès 2020… et cela seulement, a-t-il dit, "si l’OPEP investit de façon opportune".

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile