La Chronique Agora

Au pays de l’inflation

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Les prix à la consommation continuent de grimper, tandis que la cote de popularité des dirigeants de toutes les démocraties majeures plonge.

La Fed a lâché l’affaire. Elle a arrêté de trafiquer le saladier de punch et de doper l’économie. Mais la musique continue de retentir : une fois déclenchée, l’inflation est difficile à stopper.

Voici ce que nous explique le Washington Post :

« L’inflation a flambé de 9,1% en juin, par rapport à l’an dernier, atteignant ainsi un nouveau sommet sur fond de hausse des prix de l’essence.

Les chiffres de l’inflation de juin, publiés par le Bureau of Labor Statistics, révèlent que le poids de la hausse des prix du logement, de l’alimentation et de l’énergie pèse toujours sur les familles et les entreprises américaines. »

Parallèlement, Monsieur le Marché tente de faire le ménage.

Selon The Street :

« Le pétrole dégringole sur des craintes de récession, les prix de l’essence enregistrent la baisse hebdomadaire la plus prolongée depuis 2020, aux Etats-Unis. »

Les Américains économisent environ 140 M$ par jour dans un contexte où les prix de l’essence enregistrent la plus longue série de baisses en deux ans, sur fond de violent recul des marchés mondiaux du pétrole brut.

Selon Forbes :

« Ce géant du crédit immobilier supprime des milliers d’emplois et met en garde contre une baisse ‘accélérée’ alors que le marché de l’immobilier chute brutalement    

La société de crédit loanDepot a dévoilé mardi un plan de suppression de milliers d’emplois, et de réduction ‘significative’ des coûts, dans un contexte où la hausse des taux d’intérêt fait sombrer la demande en faveur des prêts : elle devient ainsi la dernière entreprise à alerter sur le fait que le marché immobilier pourrait se retourner de façon plus abrupte après la frénésie d’achats immobiliers de l’ère de la pandémie. »

Comment comprendre ce qui est en train de se passer ?

Le tas de fumier du marché

Il y a des marchés haussiers et il y a des marchés baissiers :  nous nous situons sur un marché baissier.

Les longs cycles de crédit connaissent des fluctuations à la hausse et à la baisse : nous sommes en situation de fluctuation à la baisse (et de hausse des taux).

A l’ère de l’amour libre et de l’argent gratuit – postérieure à 1971 – des milliers de milliards de dollars ont été créés. Et à présent, ces dollars – vieux et grincheux – meurent les uns après les autres.

Des millions de paysans chinois ont rejoint le monde moderne, travaillé pour des clous et contribué à maintenir de faibles prix à la consommation. A présent, la Chine manque de paysans bon marché, le coût de la main-d’œuvre augmente, et la Fed doit apprendre à combattre l’inflation.

Il existe une quantité de façons de comprendre ce qui est en train de se passer.

C’est comme creuser dans un tas de fumier issu de l’histoire du marché. On y trouve des os rongés et des fragments de marmites : tous nous apportent un peu plus d’informations.

Et parfois, on trouve quelque chose là, juste à la surface.

Nous ne lisons pas le New York Times pour les actualités. Nous le lisons pour découvrir où vont les décideurs. Comme la presse soviétique, le New York Times ne nous livre que la partie de l’histoire qu’il veut bien que nous connaissions. Mais il envoie des clins d’œil et des coups de coude à des légions de décideurs, initiés, membres de l’élite, du Deep State et de l’Establishment. Il signale d’importants changements de politique.

Et ces derniers jours, le vénérable quotidien nous a communiqué un tuyau : Biden ne se représentera pas en 2024.

Ce week-end :

« M. Biden fait plus âgé qu’il y a quelques jours, un risque politique qui ne peut être résolu par les traditionnels stratagèmes de la Maison-Blanche tels que les remaniements… Certains assistants le surveillent discrètement. Il traine souvent les pieds, quand il marche, et les assistants ont peur qu’il trébuche sur un câble. Il butte sur certains mots, au cours d’événements publics, et ils retiennent leur souffle pour voir s’il va s’en sortir jusqu’à la fin sans faire une gaffe. »

Et puis lundi :

« Les inquiétudes généralisées concernant l’économie et l’inflation ont contribué à assombrir résolument l’humeur nationale, tant à l’égard de M. Biden que de l’orientation du pays… pessimisme répandu dans tous les coins du pays. »

Et Yahoo! News en rajoute :

« La cote de popularité du président Biden chute à 33% alors que la grande majorité des Démocrates recherche un nouveau candidat pour 2024.    

Selon un sondage réalisé la semaine dernière par le New York Times/Siena College, seul 1 Américain sur 3 approuve l’action de Biden. Mais [élément] peut-être plus inquiétant encore, pour l’avenir politique de Biden, seuls 26% des Démocrates inscrits souhaitent qu’il soit nommé par le parti démocrate aux prochaines élections présidentielles. »

Une crise de confiance

Pour nous, ce n’est important que dans la mesure où cela pointe vers une nouvelle façon, encore, de comprendre l’économie et le malaise politique actuels.

Et nous remarquons en premier lieu que cette désapprobation généralisée ne concerne pas que M. Biden. La cote de popularité de Donald Trump a sombré à 30%, à la fin de son mandat. Et au cours de la crise financière de 2008, encore moins de monde faisait confiance à George W. Bush.

Et cela ne se limite pas aux Etats-Unis.

Boris Johnson vient juste d’être prié de quitter son bureau.

Emmanuel Macron est très critiqué : 62% des Français désapprouvent son action.

Le chancelier allemand Scholz est à peu près au même niveau, avec une cote de popularité de 36%.

Et le gouvernement italien vient de démissionner.

Que se passe-t-il ?

Pourquoi les gens font-ils si peu confiance aux dirigeants qu’ils élisent ?

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond, avec les démocraties occidentales ?

(Vladimir Poutine, en revanche, aurait une cote de popularité de 83%).

Et en quoi est-ce lié à notre quête de réponses… pourquoi les marchés subissent-ils l’un des pires sell-off de l’histoire ? Est-ce un problème qui va au-delà de l’argent ?

C’est peut-être la fin de la longue vague de baisses des taux d’intérêt.

Il se peut que ce soit la fin de l’époque des bulles, provoquées par les taux d’intérêt ultra bas de la Fed et la planche à billets.

Il se peut que ce soit la fin du marché haussier qui s’est amorcé en mars 2009.

Mais il se peut également que soit le terminus, pour les démocraties et Etat-providence modernes.

A suivre…

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