La Chronique Agora

En 2016, les pays émergents pèseront sur la croissance

▪ La baisse générale des cours des actions vient sanctionner des prévisions économiques qui n’ont pas été atteintes car largement trop optimistes.

Une reprise anémique des marchés émergents va peser lourdement sur la croissance mondiale en 2016

Le récent rapport de la Banque mondiale sur le développement économique dans le monde, publié mi-janvier, constate qu’une reprise anémique des marchés émergents va peser lourdement sur la croissance mondiale en 2016. Alors que les pays industrialisés continuent leur rétablissement, la faiblesse de la croissance sur les marchés émergents ralentit l’économie globale qui, néanmoins, passera de 2,4% en 2015 à 2,9% en 2016 selon la Banque mondiale.

Selon l’analyse de la BRI, les prêts mondiaux au secteur non financier, libellés en dollar US, ont augmenté d’environ 50 000 milliards. Toujours selon la BRI, les débiteurs extérieurs des Etats-Unis ont maintenant un passif de 9 600 milliards de dollars ; les débiteurs non-financiers extérieurs à la Zone euro ont quant à eux un passif, libellé en euros, de 2 800 milliards.

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Ces débiteurs sont pour la plupart des pays émergents. Les taux d’intérêt extrêmement bas de ces pays poussent les emprunteurs à s’endetter dans ces devises fortes. Cependant, si les Etats-Unis augmentent encore leurs taux, les débiteurs doivent calculer qu’ils devront payer plus d’intérêts et que le dollar sera plus fort au moment du remboursement du prêt.

Début janvier, Jeffrey Lacker, président de la Réserve fédérale de Richmond, a déclaré que la Fed pourrait procéder à quatre augmentations des taux d’intérêt cette année — soit, peut-être, une par trimestre.

Toutefois, compte tenu des prévisions économiques de la Banque mondiale pour les marchés émergents, l’augmentation des taux pourrait être reportée vers le milieu de 2016 (ou même plus tard), comme cela s’est produit en août/septembre dernier.

Le PIB américain n’est pas aussi robuste qu’on le pensait

Les récentes données économiques aux Etats-Unis montrent, pour le moins, que le PIB américain n’est pas aussi robuste qu’on le pensait.

La production industrielle a chuté de 0,9% en novembre et de 0,4% en décembre. La nouvelle baisse des prix du pétrole est catastrophique pour l’industrie du fracking. Les prix à la production sont en baisse dans tous les domaines, et le secteur des services s’avère décevant. Le taux d’utilisation des capacités dans le secteur industriel a été de seulement 76,5% en décembre, contre un sommet de 78% en juillet/août. Bloomberg estime que les ventes d’automobiles neuves sont extrêmement faibles. Malgré les achats de Noël, les ventes de détail pour décembre ont été inférieures à toutes les attentes.

▪ Conclusion
Alors que la lente croissance économique se poursuit dans les pays industrialisés, les marchés émergents sont décevants. Ils souffrent de leurs hauts passifs libellés en dollars — toute hausse des taux d’intérêt américains pourrait s’avérer fatale.

Aux Etats-Unis le développement économique est loin d’être aussi solide que prévu par les marchés. Par conséquent, il est plus vraisemblable que les prévisions de hausse des taux n’auront pas lieu ou seront reportées. Dans ce cas, la raison la plus importante d’acheter des dollars américains disparaîtra… pour les carry traders.

A l’heure actuelle, les positions longues en dollars US sont particulièrement élevées ; on peut donc s’attendre à de fortes turbulences sur les marchés des changes.

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