La Chronique Agora

Ces pauvres jeunes !

▪ Ces pauvres jeunes. Vraiment pas de chance, hein ?

Aux Etats-Unis, les revenus baissent. Les emplois sont rares. La croissance est deux fois inférieure à celle des années 50 ou 60… voire plus. L’immobilier est en berne. Les plus-values ont disparu des marchés boursiers — dans leur ensemble — depuis au moins 12 ans. Les ménages sont plus pauvres qu’il y a 20 ans… sauf, bien entendu, les ménages des seniors et des riches.

Et tous ces prêts étudiants (plus de 1 000 milliards de dollars). Et la dette nationale officielle (à un peu plus de 16 000 milliards de dollars). Et la dette officieuse, mais très réelle, que le professeur Lawrence Kotlikoff estime à 222 000 milliards de dollars, tandis que le professeur Niall Ferguson la met à 238 000 milliards de dollars.

Oui, c’est bien dommage… mais certaines personnes n’ont pas de chance. Des chats noirs croisent leur chemin. Elles cassent des miroirs; pour elles, on est le 13 tous les vendredis. On dirait que c’est comme ça pour les jeunes Américains.

Oui, ils sont du mauvais côté du manche. Mais attendez. Est-ce simplement de la malchance… ou un sale coup ? Ont-ils tiré la mauvaise carte… ou bien le jeu est-il truqué ?

▪ Prenons l’éducation, par exemple
D’où viennent tous ces prêts étudiants (garantis par le gouvernement, aux Etats-Unis) ? N’était-ce pas une bonne chose que les autorités veuillent prendre l’argent des parents pour le prêter aux enfants ? Ou n’était-ce qu’une nouvelle sottise zombie ?

Pour commencer, les autorités ont réalisé que les étudiants ne s’affichent pas sur les listes du chômage — du moins pas tant qu’ils n’ont pas fini leurs études. Elles voulaient donc garder les gens sur les bancs de l’école aussi longtemps que possible.

Et ce n’est pas comme si les jeunes pouvaient garder l’argent de leur prêt étudiant. Ils ont dû le donner — à des personnes plus âgées dans le secteur de l’éducation. Ensuite, après avoir subi des années d’études assommantes, ils doivent rembourser l’argent… à nouveau, à des personnes plus âgées.

Comment vont-ils s’y prendre ? Nous avons mentionné un article parlant de diplômés de droit ne trouvant pas de travail. Qu’en est-il des diplômés de sociologie ? D’histoire… de lettres… de sciences politiques… et tous les autres diplômés qui ne sont absolument pas préparés au monde du travail ? Non seulement ils ne sont pas prêts, mais plus ils restent à l’école, moins ils sont capables de travailler dans l’économie réelle. Parce que plus ils sont « éduqués » — avec les idées, les informations et les habitudes du monde universitaire et scolaire — moins ils sont adaptés au monde réel.

Que peuvent-ils faire ? Travailler pour le gouvernement !

Eh oui.

Les gens très éduqués en viennent généralement à penser que l’éducation — plutôt que les capacités réelles — devrait déterminer le rang dans la société. Une personne ayant une maîtrise, par exemple, pense mériter un meilleur statut que quelqu’un qui n’a pas du tout de diplôme.

En fin de compte, cette manière de voir les choses — qui privilégie les titres au détriment de la performance — fait glisser toute la société vers le zombyisme. Les zombies (et les autorités) ne produisent jamais rien de valeur. Ils ne peuvent donc pas obtenir de statut (sans parler de revenus) en se basant sur ce qu’ils font et ce que les autres personnes pensent que ça vaut. Ils préfèrent des substituts. Des diplômes ! Des certificats ! Des licences !

Les gens employés par le gouvernement gagnent plus et travaillent moins que les gens dans le secteur privé. Lorsqu’on leur en parle, ils répondent : « mais nous sommes mieux éduqués ! »

▪ Et qu’en est-il du secteur de la santé ?
Nos parents n’avaient pas de « soins de santé » à proprement parler. Lorsque nous étions malade, ils nous emmenaient chez le docteur et payaient la facture. Il y avait beaucoup de pauvres, là où nous avons grandi. Notre médecin local n’a jamais refusé qui que ce soit. Elle (l’une des premières femmes médecin du pays) faisait ce qu’elle pouvait avec ce qu’elle avait.

Puis les coûts ont grimpé. Les médecins ont commencé à subir des procès. Les personnes âgées voulaient plus de traitements et plus de pilules. Les gens sont devenus plus conscients des nombreuses choses qui pouvaient mal tourner. Il a fallu traiter des maux qui auraient été stoïquement acceptés comme « allant avec la vieillesse ». On a mis en place de nouveaux tests et appareils.

Le coût de l’assurance santé pour une famille américaine est désormais de 15 000 $ par an. Dans l’ensemble, les dépenses de santé par personne dépassent les 7 000 $ par an.

Qui dépense ? Les seniors. Qui paie les coûts ?

Eh bien, c’est là que les dés sont pipés. Au lieu de permettre aux gens de dépenser à leur guise (de sorte que la charge des soins de santé reposerait sur ceux qui en ont besoin ou qui en veulent), les autorités ont mis en place un système qui, fondamentalement, prend l’argent des plus jeunes et le redistribue (sous la forme d’une consommation quasi illimitée de « soins de santé ») aux plus âgés.

Seul un dollar sur 10 dépensé en soins de santé provient directement de la poche de la personne qui dépense. Les neuf dollars restants proviennent des autres… généralement plus jeunes.

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