La Chronique Agora

Pas de solution à l’inflation

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C’est le terrible aveu publié dans The Economist, suite aux faillites bancaires du mois dernier.

Je vous propose aujourd’hui l’analyse d’un texte excellent, que je vous invite à lire et relire.

Il est publié par The Economist, qui est l’organe de presse de la dynastie Rothschild.

Celle-ci a une longue tradition de participation au débats dans la presse par l’intermédiaire des journaux qu’elle contrôle ou qu’elle finance en sous-main. Prenez la peine de lire l’histoire financière.

Croyez-moi, j’en sais quelque chose !

Les initiés et les professionnels n’hésitent pas à dire que The Economist est à juste titre considéré comme le journal le plus influent du monde. Il bénéficie non seulement de fonds illimités, mais surtout d’un carnet d’adresses qui lui fait côtoyer en tant qu’interlocuteur d’égal à égal tout ce qui a du pouvoir en ce monde, y compris le Pape et les royautés.

Et je partage cet avis sur l’influence de The Economist, puisque je livre régulièrement les points saillants qui sont abordés ou mis en évidence dans cette publication. Je considère que The Economist est une sorte de phare, il se comporte comme un think tank. Il faut rendre hommage à sa qualité même si elle est au service non seulement d’idées, mais aussi de personnes. Quand The Economist parle, il faut l’écouter, que l’on soit pour ou que l’on soit contre, et analyser car ce n’est jamais indifférent.

Pas de retour en arrière

Voici quelques points importants de l’article :

Premièrement, The Economist reste et s’inscrit dans le cadre de la financiarisation, puisqu’ils considèrent que du moment que l’on maintient l’inflation à un bas niveau, on peut continuer dans le même système. Ils ne parlent pas de retour à l’orthodoxie ; la monnaie reste déconnectée de l’économie réelle. Cet aspect est fondamental. Pas de retour en arrière ; normal, car les Rothschild ont été parmi les grands artisans de la dérégulation financière aussi bien dans les pays anglo-saxons qu’en France (via Bérégovoy).

Mais la prédominance souhaitée par The Economist est en fait strictement financière, et c’est intéressant.

The Economist reconnaît qu’il y a antagonisme et contradiction entre des objectifs qui s’excluent. Ce que j’explique depuis des décennies. L’inflationnisme monétaire ne peut être éternel ; un jour, en raison des effets de stocks, il bute sur des limites : l’inflation des signes monétaires et quasi monétaire cesse de rester cantonnée et elle se déverse sur la sphère réelle.

L’argent et les quasi monnaies partent à la recherche de leur valeur. Ceci est inéluctable, mais n’intervient que dans des circonstances particulières, aléatoires. Vous êtes sûrs de mourir, mais rien ne permet de dire de quoi et quand. Le déversement est certain, mais son calendrier est totalement aléatoire.

Deuxièmement, pour éviter la destruction des banques il faudrait réduire les taux d’intérêt, mais ceci relancerait l’inflation des prix des biens, des services et c’est sous-entendu – mais il ne faut pas en parler – des salaires :

« Réduire les taux d’intérêt aiderait les banques ; il en va de même, la baisse des taux aiderait à soutenir le système financier. Mais l’une ou l’autre option stimulerait l’économie et aggraverait l’inflation. »

Et pas plus de solution

Troisièmement, le phénomène de destruction des banques est général. Toutes les banques souffrent, ose dire The Economist :

« Toutes les banques américaines, sauf les plus grandes, souffrent des conséquences de la hausse des taux d’intérêt. L’argent plus cher a réduit la valeur de leurs portefeuilles de titres. »

Quatrièmement, les solutions mises en place en 2007 et 2008 n’ont pas marché. Les apprentis sorciers espéraient qu’en jouant sur la réglementation, la surveillance et les contrôles, ils pourraient faire l’économie de l’action sur les taux et réussir à avoir les mains libres en matière de politique monétaire, mais cela n’a pas marché.

Je l’ai expliqué et réexpliqué cent fois. Le plan de Bernanke, puis de Yellen, n’a pas fonctionné, car il ne peut pas fonctionner :

 « Les nouvelles règles introduites après la crise financière de 2007-2009 visaient à empêcher les faillites bancaires de menacer l’économie et le système financier. Cela, à son tour, était censé laisser la politique monétaire libre de se concentrer sur la croissance et l’inflation. Mais le plan n’a pas fonctionné, obligeant les banques centrales à effectuer un exercice d’équilibre atroce. »

Cinquièmement, The Economist n’a pas de solution et ils sont obligés de faire une pirouette pour faire semblant de s’en sortir ou de gagner du temps. Ils sont obligés de faire du « en même temps », à savoir qu’il faut donner la priorité à la stabilité bancaire, et donc entreprendre une action longue de réparation et de réglementation ; et en même temps, il ne faut pas arrêter de lutter contre l’inflation sous prétexte de préserver les banques :

« Tant que les banques ne sont pas réparées, les responsables de la politique monétaire n’ont d’autre choix que de tenir compte des dangers qu’elles font peser sur l’économie.

La Fed doit examiner le comportement de prêt des banques concernées et l’intégrer dans ses prévisions économiques, et elle doit également surveiller de près les marchés du crédit.

Ce serait une erreur d’arrêter de lutter contre l’inflation pour préserver les banques. Mais l’inflation doit également être maîtrisée de manière contrôlée, et non à la suite du chaos d’une crise financière et des affres économiques qu’elle entraînerait. »

Enfin, sixièmement, une question ouverte : comment maîtriser l’inflation sans crise financière et sans récession ?

La question est sans réponse, bien entendu !

Personne n’a de réponse, car c’est la nature des choses, c’est la nécessité ; tout ce qui a été créé par l’inflationnisme monétaire doit être détruit.

Plus que jamais, il est temps de relire Faust, et de se souvenir que, lorsque l’on mange avec le diable et que l’on fait un pacte avec lui, il faut une longue cuiller.

Les élites ont fait un pacte avec le diable en allant vers la financiarisation. Elles ne peuvent plus en sortir, elles sont coincés devant l’impossible.

Cioran disait : le suicide n’est pas un remède à la vie, le seul remède, c’est de ne pas être né.

Il ne fallait pas y aller !

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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