L’argent est illimité, il tombe du ciel, il fait marcher le monde à l’envers : faut-il s’étonner que l’être humain en perde ses repères ?
Avec l’argent illimité, disions-nous hier, plus rien n’est impossible – et toutes les lubies de notre époque sont désormais matérialisables. C’est simple, il suffit de demander !
Qui va payer pour les demandes de mise au rebut des sources d’énergie fossile de notre économie moderne ? Qui va payer la destruction des capacités d’énergies anciennes ? Qui va payer les dépenses pour les gaspillages énergétiques à la mode voulus par les idéologues du climato-réchauffisme ?
Ben voyons, de l’argent il y en a, il suffit d‘en créer !
C’est d’ailleurs ce que s’apprêtent à faire les banques centrales. Mine de rien, elles essaient de préparer à l’idée qu’elles vont aider la transition énergétique : elles auront ainsi un motif/prétexte supplémentaire d’avoir recours à l’inflation.
N’oubliez pas qu’il faut « produire » plusieurs milliers de milliards de dettes par an pour que la machine tourne… et il faut de l’imagination pour trouver comment et par quelle alchimie produire ces dettes ! L’idéologie climato-réchauffiste est une aubaine.
L’argent illimité va payer pour tout cela. C’est évident… pour ceux qui ne comprennent rien au fonctionnement de l’économie.
Rajoutons des zéros !
Du moment que l’on a la planche à billets – électronique ou numérique –, on peut produire autant de chiffres, rajouter autant de zéros que l’on veut dans les livres de comptes : il n’y a pas de limitations techniques.
La « relique barbare », l’or, avait jadis limité la masse monétaire ; elle semblait donc aussi limiter la quantité de marchandises vendables. L’or a été remplacé par de la monnaie fiduciaire illimitée. Il semble maintenant naturel, dans un monde d’idiots, que la demande globale illimitée puisse être financée par une monnaie fiduciaire illimitée.
Cela donne l’illusion d’un monde d’abondance.
J’ajoute que les délocalisations, c’est-à-dire le déplacement du travail productif, accentuent cette impression que tout tombe du ciel : on ne voit plus l’effort, on n’a plus, dans sa famille, de vrai producteur.
La monnaie fiduciaire met le monde à l’envers.
L’impact psychologique d’une vie au sein d’une économie monétaire comme celle que nous connaissons ne doit pas être sous-estimé.
Un monde parallèle
Je soutiens que le monde moderne nous fait vivre dans un monde parallèle, névrotique, un monde de signes qui s’autonomisent ; et ce caractère névrotique est en partie une conséquence de l’économie monétaire.
Il y a isomorphisme entre le monde de la parole et celui du langage, détachés du réel, et le monde de la monnaie et des signes monétaires, détachés de la richesse. L’équivalence langage/ monnaie est forte, archétypale. Or l’homme, sa psyché, sont structurés comme des langages/par des langages.
Le monde est bouleversé. Inversé. On prend le signe pour la chose ! Les ombres se détachent des corps et les ombres finissent par commander les corps. On marche sur la tête.
Avec autant de richesse apparemment disponible grâce au clic d’une touche d’ordinateur, seul un Ebenezer Scrooge refuserait de financer le dernier programme gouvernemental demandé.
Si la richesse est si facile à créer, nombreux sont ceux qui en concluent que seules la cupidité et la cruauté nous séparent d’une prospérité plus grande pour tous.
C’est la raison même pour laquelle la monnaie fiduciaire est si subversive pour l’ordre social. J’ajoute qu’elle est subversive non seulement pour l’ordre social mais aussi pour l’esprit, la psyché humaine. Elle détruit le sens du réel, elle fait marcher sur l’eau, elle fait marcher à coté de ses pompes, comme on dit.
L’être humain se déstructure « en même temps » que la monnaie tombe du ciel. Il perd son contact avec le monde ; il perd le sens de l’épaisseur du monde, de son poids, de sa résistance. Il n’y a plus qu’à…
L’être humain perd le sens de la rareté, c’est vrai, mais il y a plus grave : il perd le sens du choix.
Infantilisation et partouze
Croyant que tout est possible – tout et son contraire –, il n’éprouve plus la nécessité de choisir. Il veut tout… et maintenant, tout de suite. Il s’infantilise, il trépigne, il ne sait plus que choisir, c’est faire son deuil de ce qu’il ne retient pas dans ses choix.
Pour être vulgaire, plus besoin de choisir, le monde devient une gigantesque partouze où tout est possible, tout est permis, tout est transgressif.
Je pense que vous commencez à sentir, à assimiler en quoi les kleptocrates – les hyper-riches actuels qui s’enrichissent grâce aux chiffres produits en un clic – sont en fait solidaires des jeunes socialistes transgressistes. Les deux groupes partagent la même illusion : il n’y a qu’à…
Les hyper-riches le font bien sûr de façon cynique, car ils savent que ce n’est pas vrai. Ils sont néanmoins exactement sur la même longueur d’onde que les jeunes socialistes, gauchistes, obsédés du climat, du genre, du sexe, de la drogue, des jeux vidéo : il faut créer toujours plus de monnaie, plus de chiffres, il faut faire monter les arbres où pousse la monnaie jusqu’au ciel.
Les riches, à la faveur de ces conceptions monétaires fondées sur l’inflationnisme, accumulent ; ils raflent tout et les idiots socialistes leur fournissent les outils de l’oppression !
Je résume : vieux kleptos et jeunes socialistes, même combat !
Dans une économie monétaire saine, tout nouveau programme de dépenses ne peut être financé que par une augmentation des impôts, une augmentation de la dette ou une réduction du financement existant.
Il y a un coût réel pour chacune de ces options.
Il n’y a pas de miracle : il n’y a que des vols, des transferts plus ou moins occultes.
Imprimer de l’argent a un coût réel, mais le coût est caché. On ne voit pas de mauvais investissement au moment de l’impression de l’argent. Toutes les causes sont justes. Les hausses de prix sont retardées et inégales en raison de l’effet Cantillon, qui permet aux premiers destinataires de l’argent neuf d’acheter des biens et des services aux prix existants.
Les destinataires ultérieurs ou ceux qui ne reçoivent pas la nouvelle somme subissent des prix plus élevés et une baisse de leur niveau de vie. Mais il est vrai que la plupart des gens ne font pas le rapprochement entre les prix de détail plus élevés et l’expansion antérieure de la masse monétaire…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]