La Chronique Agora

Par-delà la « falaise de verre »

Nous progressons d’un pas léger, avec précaution, sur la pointe des pieds dans un terrain dangereux.

Ce qui suit est susceptible de toucher la sensibilité de certains lecteurs.

De même que le New York Times est une source fiable de propagande pour l’aile gauche de l’Etat profond, le Financial Times de Londres est une source fiable d’informations provenant des mondialistes et des partisans de l’amélioration de notre monde.

Ainsi, dans l’édition du week-end, Pilita Clark, chroniqueuse au FT, reprend une complainte familière. Elle pense que le monde serait meilleur si les femmes étaient plus présentes dans les grandes entreprises. La recherche sur le sujet (ci-dessous) nous apprend qu’il n’en est rien. Mais il semble qu’il s’agisse d’un sujet de plainte récurrent au sein du journal.

Mme Clark ne s’inquiète pas tant du « plafond de verre », depuis longtemps brisé par des femmes affirmées, intelligentes et dynamiques, que de la « falaise de verre ». Nous n’en avions jamais entendu parler non plus. Mais le sujet revient dans le contexte du questionnement autour de qui prendra la tête du parti conservateur britannique, qui gît désormais en morceaux sur le sol de la politique britannique. Trois candidats ont été proposés, tous des femmes.

Les femmes du monde entier devraient-elles ressentir la fierté de l’accomplissement ; ces soeurs ont atteint le sommet du monde politique… ce terrain sacré où se tenaient jadis Thatcher et Churchill ? Apparemment pas.

C’est un coup monté, dit Mme Clark. Ils seront jetés par-delà la « falaise de verre », s’inquiète-t-elle.

La « falaise de verre » décrit « l’une des théories les plus exaspérantes de la vie moderne des entreprises ».

Des poules ou des oeufs ?

Il y a 20 ans, le Times de Londres publiait un article affirmant que les entreprises qui faisaient entrer des femmes dans leur conseil d’administration se portaient moins bien que celles qui ne le faisaient pas. Cela a bien sûr donné lieu à d’autres « recherches » et à une intéressante antithèse, à savoir que les entreprises étaient déjà sur la voie du déclin lorsque les femmes sont arrivées à la tête de l’entreprise :

« Une étude a suggéré que les femmes avaient tendance à être nommées dans des entreprises qui avaient déjà de mauvais résultats. »

Nous proposons une explication contraire. Il est possible que les entreprises aillent mal parce qu’elles ont été dirigées par des hommes qui pensaient qu’il était plus important de suivre le politiquement correct, en faisant entrer des femmes au conseil d’administration, que de s’assurer de la satisfaction des clients. En d’autres termes, le Times avait peut-être raison après tout : l’entrée de femmes au conseil d’administration était le signe que la direction avait perdu de vue l’essentiel.

Qui sait ? Mais aujourd’hui, 42% des sièges des grandes entreprises britanniques sont occupés par des femmes.

Nous avons remarqué un phénomène similaire dans l’Eglise épiscopale. La hiérarchie de l’église était dominée par les hommes lorsque nous étions enfant de chœur. Aujourd’hui, elle est dominée par les femmes. Et le nombre de membres a été divisé par deux depuis les années 1960. La féminisation de l’Eglise est-elle en train de détourner les fidèles ? Ou bien les femmes sont-elles victimes d’une manigance qui les mène à l’échec ?

Et qu’en est-il du Financial Times lui-même ? Il a été repris par des femmes. Le PDG de la semaine est une femme, Makiko Ono, qui a « surmonté la culture de leadership dominée par les hommes au Japon ».

Sur la même page, une publicité – avec la photo d’une autre femme asiatique – invite les lecteurs à devenir « administrateurs non exécutifs »… ce qui, en soi, ressemble à une préparation à une carrière féminine et floue consistant à guider les conseils d’administration des entreprises sur leur empreinte carbone et leur programme d’investissements directs étrangers.

Sur la page opposée, on trouve d’autres balivernes. Bethan Staton explique aux lecteurs que les candidats à l’emploi et les nouvelles recrues pourraient être encouragés à rédiger un « Mon mode d’emploi ».

L’idée est d’exposer ses goûts et ses dégoûts, ses manies et ses particularités, afin que ses coéquipiers soient mieux à même de vous comprendre… et de travailler avec vous.

« Je travaille mieux le matin, alors ne me dérangez pas une fois le midi passé. Et je suis souvent en retard aux réunions parce que je dois déposer mon fils à la crèche. »

« Il s’agit d’établir des relations plus solides », explique le stratège Matt Knight. Hmmm…

Dans les pages « Opinion », il n’y a pas une pipe ni une paire de bretelles. Toutes des femmes, même si l’une d’entre elles semble avoir une voix grave. Et toutes avec des points de vue prévisibles.

Jemima Kelly, chroniqueuse au FT, pense qu’il vaut mieux être optimiste :

« Si vous montrez aux gens des solutions concrètes, pratiques et possibles, ils se sentent plus concernés par le changement climatique Nous devons faire en sorte que le pessimisme ne soit plus cool ». Une vision pénétrante !

Katie Martin, aussi chroniqueuse au Financial Times, a publié un article intéressant sur la planification des pensions. L’essentiel est que, depuis 1890, un investisseur aurait mieux fait d’opter pour un portefeuille purement boursier, plutôt que pour la combinaison traditionnelle d’actions et d’obligations. Bien sûr, on ne peut le savoir que rétrospectivement. Et il n’y a aucune raison de penser que les 130 prochaines années ressembleront aux 130 dernières.

Les sentiments avant les faits

Nous passons maintenant à Rana Foroohar, rédactrice en chef adjointe du FT. Whoa elle écrit sur la politique américaine. C’est un territoire dangereux pour tout le monde, mais particulièrement pour les influenceurs tout en rose du Financial Times. Quelle est sa vision des choses ?

« Les sentiments guident nos décisions économiques et nos votes,ce sont les sentiments plutôt que les faits qui dictent la réalité politique aujourd’hui. »

Mme Foroohar pense que les faits sont clairs. Joe Biden a créé une économie formidable. Et l’immigration est bonne aussi, avec « un énorme réservoir de travailleurs informls qui maintient les coûts des services à un niveau bas dans des domaines tels que les restaurants et l’économie des soins ».

Parmi les choses qu’elle ne remarque pas, il y a le fait que beaucoup d’électeurs travaillent dans le secteur des services. Lorsque les immigrés font baisser les coûts dans les restaurants, pour des clients tels que les rédacteurs du FT, ils font également baisser les salaires des personnes travaillant dans le secteur des services, qui peuvent penser que M. Biden n’a pas fait un si bon travail que cela avec l’économie.

Mme Foroohar affirme que « le marché de l’emploi pourrait difficilement être meilleur ». Mais il pourrait être bien meilleur. Tous les nouveaux emplois nets créés en 2023 l’ont été dans le secteur des services… et tous étaient mal payés et à temps partiel. Et si le taux d’inflation des prix à la consommation a baissé, ce sont les mesures de relance, les déficits et les gâchis de M. Biden, tels que la loi sur la réduction de l’inflation et le plan de sauvetage des Etats-Unis, qui ont entraîné une hausse des prix deux fois plus rapide que sous n’importe quel autre président de ce siècle. Aujourd’hui, le prix moyen est environ 30% plus élevé que lorsqu’il est entré en fonction.

Mme Foroohar affirme que « les faits sont connus ». Mais elle ne semble pas les connaître. L’ensemble de la rédaction du Financial Times semble désespérément perdue dans ses « sentiments », ses « mon mode d’emploi » et son optimisme sans bornes. Elle doit être prête à basculer dans la falaise de verre.

Si nous le pouvions, nous les pousserions.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile