La Chronique Agora

Où va l’argent-métal ? Deux puissantes forces s’affrontent sur le marché

▪ Où va l’argent-métal ?
Voilà une question qui intéresse bien du monde, et notamment les investisseurs. Car ce sont eux qui font grimper le cours de l’once d’argent. Eux, leurs peurs et leurs angoisses. Sur ce marché aussi étroit que volatil, les spéculateurs leur emboîtent le pas et poussent les mouvements à l’extrême.

▪ Résultat : une hausse de quelque 230% en un peu plus d’un an
L’once d’argent, qui cotait 15 $ en février 2010, est venue flirter avec les 50 $ en avril dernier. Une hausse de quelque 230% en un peu plus d’un an. Aujourd’hui, son cours oscille autour des 30-35 $.

▪ Quelles sont ses perspectives ? Les cours vont-ils encore grimper ?
C’est tout à fait possible. Mais il faut bien comprendre que deux forces opposées s’affrontent sur ce marché :

– fondamentalement, l’argent n’a pas de raison de voir son cours grimper ;

– mais l’homme est un animal émotionnel qui a besoin d’être rassuré dans la tempête. Tant qu’il éprouvera ce besoin, l’argent grimpera. N’oubliez pas que ce métal est « l’or du pauvre » ; en ces temps troublés et de retour de l’inflation, son statut de valeur refuge renaît de ses cendres.

▪ Nous sommes sur un marché excédentaire
L’offre est supérieure à la demande d’argent-métal. Depuis 2007, jamais la planète n’a produit autant d’argent. Sur 2011, la production est encore attendue en hausse de 4% : nous sommes à des sommets, nous dit la dernière étude GFMS/Thomson Reuters.

Le marché était excédentaire de 190 millions d’onces en 2010. Il le sera globalement d’autant pour 2011, soit, en valeur, un surplus de 7,5 milliards de dollars. Ce n’est pas une paille : nous parlons bien d’excédents record.

Dans une telle situation, le cours de l’argent devrait baisser, vous êtes d’accord avec moi. Surtout que ce métal, dont les débouchés sont largement industriels (contrairement à l’or) risque de souffrir en cas de ralentissement économique mondial sur 2012. C’est autant de demande qui risque de manquer à l’appel.

Offre excédentaire, risque de baisse de la demande industrielle… voilà qui devrait peser sur les cours.

▪ Alors pourquoi le cours de l’argent s’emballe-t-il ?
Parce que les investisseurs répondent massivement « présent ! » Ce sont eux qui absorbent l’excès d’offre de métal. Quelques faits :

– la demande d’argent physique en Inde pourrait atteindre 45 millions d’onces cette année, contre 29 millions l’an passé. Une hausse de la demande de 55%. Et la tendance est faite pour durer, hausse du pouvoir d’achat oblige ;

– de même, la demande en Chine, qui vient d’autoriser l’accès à l’argent-métal aux particuliers, est attendue en très forte hausse. Comme en Inde, l’or et l’argent sont considérés comme des protections contre une inflation réelle (pas officielle) galopante. Même combat dans le monde occidental ;

– les encours des ETF argent, même s’ils ont reflué avec le krach de septembre, restent à des niveaux très élevés (577 millions d’onces).

– côté pièces et lingots, Allemands et Américains sont les plus grands investisseurs en métal argent. L’US Mint prévoit de frapper pour 41 millions de pièces d’argent cette année contre 34 millions l’an dernier (hausse de 20%). Au Canada, la demande de pièces était en hausse de 50% en 2010 et la tendance devrait se poursuivre cette année.

Au total, la demande d’investissement devrait atteindre, en valeur, le record absolu de 10 milliards de dollars en 2011.

▪ Perspectives 2012 pour les cours de l’once ?
Selon GFMS, le cours devrait continuer de grimper. Il devrait être en moyenne 26% plus élevé que le cours moyen 2011, toujours grâce à la demande d’investissement. GFMS anticipe un prix moyen de 45 $ sur 2012, qui pourrait atteindre 50 $ fin 2012.

Même son de cloche du côté de Morgan Stanley qui voit l’once d’argent revenir à 50 $ sur 2012.

C’est possible, notamment grâce à la demande chinoise et indienne, et tant que l’inflation restera forte dans ces pays. Surveillez donc bien l’évolution de l’inflation dans les émergents et l’évolution de la croissance économique mondiale pour cerner des perspectives moyen-long terme de l’argent.

▪ Et à plus court terme ?
Actuellement, l’argent est en mode consolidation de mon point de vue, et ceci tant qu’il restera sous sa moyenne mobile long terme de 200 jours.

De plus, un élément technique très rare a pris forme très récemment, que l’on appelle « death cross » (croix de la mort) : lorsque la moyenne mobile à 50 jours (court terme) croise à la baisse la moyenne mobile à 200 jours (long terme), c’est un mauvais présage.

Enfin, « selon un décompte en Elliott relativement clair, nous sommes dans une phase de correction classique, en ABC, d’une vague de type 4. La projection de l’ultime jambe de repli nous donne un objectif à 26 $, non loin de la ligne de tendance qui joint tous les points bas depuis 2009″, observe Florent Detroy, le rédacteur de Matières à Profits.

▪ Que faire ?
Si vous êtes de ceux qui ont envie de se positionner sur l’argent, tout repli constituera pour vous une fenêtre de tir idéal pour vous positionner à la hausse à long terme en achetant de l’argent-métal. Autre solution pour les plus avertis : optez pour une minière argent.

Sachez toutefois que les pure players ne sont pas nombreux. Great Panther Silver, Endeavor Silver ou encore Coeur d’Alene sont quelques exemples de pure players.

Florent Detroy surveille lui aussi de très près une très belle valeur argent, véritable machine à cash. Et pour cause : « son coût de production d’une once d’argent est légèrement supérieur à 4 $ — alors que le métal s’échangeait en moyenne sur la même période à plus de 35 $ ».

Florent mettra tout repli de l’argent-métal à profit pour faire entrer cette belle valeur dans le portefeuille de ses lecteurs : pour l’accompagner vous aussi, c’est par ici…

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 18/11/2011.

 

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