Pour investir efficacement, mieux vaut éviter de suivre les médias mainstream. En revanche, que vous les appréciez ou non, certains investisseurs présentent de très bons exemples de stratégies qui fonctionnent.
Si le Bill Gates de l’ère Microsoft ne m’intéressait pas beaucoup, celui de la fondation « Bill et Melinda Gates » attire toute mon attention. Ce dernier va transférer 95% de sa fortune dans sa fondation.
Si son « monde meilleur » n’est peut-être pas forcément celui de tout le monde, cette démarche n’en demeure pas moins exemplaire. Mais ce n’est pas le sujet ici. Ce qui nous interpelle, c’est que Bill Gates cherche à rendre son action la plus efficace possible (on peut parler d’altruisme efficace) avec :
– une bonne gestion des actifs de sa fondation ;
– et une bonne utilisation des fonds.
Pistes d’investissement
Que vous aimiez Bill Gates ou non, il est intéressant de lire ce qu’il dit, pour savoir où il investit et pourquoi. Non seulement car il est brillant dans ces investissements, mais aussi parce qu’il a accès à des informations que vous et moi n’obtiendrons jamais.
En Bourse, il y a trois catégories d’investisseurs :
- Les précurseurs
2. Les suiveurs
3. La foule (et, en général, ceux qui arrivent trop tard)
Bill Gates appartient sans aucun doute au premier groupe. Dans son livre Climat : comment éviter un désastre – dont je vous conseille la lecture (plutôt déprimant mais fort instructif pour comprendre ce qui va nous arriver) –, Bill Gates valide le scénario d’une électrification massive quand cela est possible, pour ensuite décarboner la production d’électricité et arriver à zéro émission de carbone.
Cette idée valide le modèle de la voiture électrique. Le parc automobile mondial de voitures électriques dans le monde devrait ainsi passer de 5 millions à 2 milliards d’ici 2050. Sachant qu’il faut trois à quatre fois plus de cuivre dans une voiture électrique que dans une voiture à essence, cela devrait avoir des conséquences considérables sur la demande du métal rouge. De plus, la demande de cuivre devrait structurellement augmenter avec :
– la croissance de la population mondiale (nous serons 10 milliards d’habitants sur Terre en 2050, selon les Nations Unies) ;
– l’adoption du mode de vie occidentale ;
– la croissance de l’urbanisation (la population urbaine devrait doubler d’ici 2050 selon l’ONU, ce qui équivaut à la création d’une ville comme New York chaque mois) ;
– la décarbonisation de la production d’électricité (ce n’est pas une option).
Si l’on croise sa vision pour décarboner l’économie et les analyses de grands groupes miniers (ils ont les meilleurs analystes en ce qui concerne les matières premières), cela concorde et valide par exemple l’investissement dans le cuivre à long terme (cela tombe bien, puisqu’il baisse depuis le mois d’avril).
L’autre métal qui se trouve dans la même dynamique, c’est le nickel, qui est utilisé dans les batteries électriques. Il bénéficie aussi de la croissance de la population mondiale, de l’urbanisation, de l’adoption du mode de vie occidentale.
Stratégie foncière
Il valide également le nucléaire pour la décarbonisation de la production d’électricité. Pour lui, les énergies renouvelables ne suffiront pas à répondre à toute la demande. Il considère que le fait de capter le carbone sur site ou dans l’air a du sens, et fera partie intégrante de la solution.
Saviez-vous par ailleurs que Bill Gates se place parmi les premiers propriétaires privés de terres agricoles aux USA, avec un total de 108 455 hectares ? Si l’on considère que la terre est l’actif le plus précieux (surtout en période d’inflation), vous me croirez plus facilement si je vous dis qu’à la première place du classement des propriétaires terriens aux USA se trouve le magnat des médias John Malone avec 809 308 hectares, puis qu’en n°3 se trouve Ted Turner (notamment fondateur de CNN) avec 809 371 hectares (et 50 000 bisons). En n°7, on retrouve le cofondateur de Subway, Peter Buck (Subway) avec 500 000 hectares, et, en n°25, un certain Jeff Bezos, avec près de 170 000 hectares…
Bill Gates possède ses terres via sa société d’investissements « Cascades investments », qui gère 75 Mds$ d’actifs (60% de sa fortune).
Le premier actif de Cascades, c’est Berkshire Hathaway (la société de Warren Buffet, 9,4 Mds$, soit 53%), puis, dans l’ordre, on retrouve Waste Management (traitement des déchets, 2,8 Mds$, 16%), Caterpillar (fabriquant de machine dans le domaine de la construction, des mines et de l’énergies, 1,3 Md$, 7%), Canadian National Railway (compagnie ferroviaire, 1,1 Md$, 6%) et Ecolab (traitement des produits et de l’eau, 671 M$, 3%).
Pour résumer, les investissements de cette société sont pour moitié de l’économie old school (Berkshire Hathaway), du traitement des déchets, des bulldozers, une ligne de chemin de fer au Canada, du traitement de l’eau et des terres agricoles… Voilà un panorama d’investissements forts intéressants, plus proches de Warren Buffet que de la Silicon Valley. Mais notez que le taux de retour sur investissement moyen de Cascades est de 11% par an depuis sa création en 1995…
Pour moi, Bill Gates et tous les autres « précurseurs » sont une source d’informations inépuisables et bien plus utile que n’importe quel média mainstream pour un investisseur.
Pour étayer mon propos, voici un extrait du livre de Stan Weinstein Secret pour gagner en Bourse :
« Vous ne pourrez jamais battre avec constance le marché en lisant les nouvelles fondamentales d’aujourd’hui sur les journaux et en agissant sur la foi de cette information. C’est un passeport pour l’échec, une petite dose de poison mortel. »