La Chronique Agora

L’or n’est pas un placement comme les autres

Philippe Herlin(*)

Ce passage est extrait du dernier livre de Philippe Herlin, « L’or est un placement d’avenir« 

▪ Dans un article du Figaro du 10 novembre 2011 (1), s’interrogeant sur le palier que connaît le cours de l’or depuis l’été, on peut lire : « en réalité la relative sagesse de l’or n’a rien d’exceptionnel. Il s’explique tout d’abord par le fait que de nombreux gestionnaires de fortune qui doivent faire face aux demandes de retraits d’argent de leurs clients désespérés par la baisse de la Bourse préfèrent prendre des bénéfices sur les positions gagnantes prises sur l’or, plutôt que de vendre à perte des actions qui affichent de fortes baisses ».

Les malheureux, c’est exactement l’inverse qu’il fallait faire ! La récession, ou au mieux la stagnation, se confirme, les actions vont donc encore baisser. Il valait mieux prendre ses pertes et investir dans l’or qui, lui, va continuer à progresser.

Plus fondamentalement, avec l’or, « prendre ses bénéfices » n’a pas de sens, ou alors on l’achète pour des raisons purement spéculatives, comme telle action ou telle devise, mais ce n’est pas sa fonction de base. Et ce n’est pas l’objet de ce livre. L’or n’est pas un actif comme les autres, il est une réserve de valeur, qui tient contre vents et marées, on ne l’abandonne pas au milieu du gué, dans la période actuelle, où l’on n’entrevoit pas la sortie de la crise, où les choses peuvent même aller encore bien plus mal puisque le risque de crise systémique n’est pas à écarter.

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Si vous n’avez pas encore agi… dépêchez-vous !

Ce soir à minuit, vos privilèges expirent : ne les laissez pas vous échapper. Tout est là

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Quelle part de son patrimoine placer en or ?
Alors comment gérer son or, combien en acheter, par rapport à son patrimoine ? Quand le revendre ? En situation normale, compte tenu de la « théorie du portefeuille » utilisée par la plupart des gérants dans le monde, on peut considérer qu’il faut mettre 5, 10, éventuellement 20% de son épargne en or. Mais cette recommandation, qui semble équilibrée, est fausse pour deux raisons :

1) Nous ne sommes pas dans une situation normale. La crise de 2008 n’est pas une dépression passagère mais une crise profonde dont nous sommes loin d’être sortis, et le risque d’aggravation (avec des faillites bancaires à la clé) doit être sérieusement pris en compte.

2) La « théorie du portefeuille » est fausse. Enfin, elle marche à peu près en temps normal, mais se fracasse contre la réalité lors des crises, justement. Sans développer cet aspect qui nécessite une explication détaillée, nous l’avons fait par ailleurs (2), cette théorie néglige les risques extrêmes, les « cygnes noirs », pourtant très courants en économie et sur les marchés financiers, elle amène donc celui qui la suit à prendre des risques qu’il croit à tort sous contrôle.

Les actions s’avèrent bien plus risquées qu’on ne le pense. Même les obligations d’Etat, longtemps considérées comme sans risque, peuvent générer de lourdes pertes. Ce qui constitue la base d’un portefeuille d’actifs financiers (actions, obligations) porte, dans la période actuelle, un aléa considérable !

Que faire ? Plutôt que de raisonner en termes de portefeuille, il faut raisonner en termes de classes d’actifs, en gardant bien à l’esprit ce principe : en situation de crise, il faut privilégier les actifs réels par rapport aux actifs papiers. Les actifs réels, c’est-à-dire l’or, l’immobilier, les oeuvres d’art (mais ce marché est complexe), les terres agricoles et les matières premières (ces dernières étant plus difficiles à acquérir par un particulier). Les actifs papiers, c’est-à-dire les actions, les obligations, l’assurance-vie, les livrets…

(*) Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au Conservatoire National des Arts et Métiers.
Il est l’auteur de L’or, un placement d’avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l’économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012).
Site internet : www.philippeherlin.com
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(1) « Les difficultés de l’Europe profitent peu à l’once d’or ».
(2) Philippe Herlin, Repenser l’économie (Eyrolles, 2012).

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