La Chronique Agora

Or, euro, pétrole… et pourquoi pas une alliance germano-russe ?

▪ A moins de vivre sur la planète Mars, vous en avez sans doute entendu parler : l’Allemagne, deuxième pays à détenir les plus importantes réserves d’or au monde, rapatrie une partie de son or. Les Allemands rapportent sur leur sol national le métal jaune qui était stocké hors de leurs frontières.

Ceci est un événement d’une importance capitale sur le marché de l’or mondial. Il pourrait en effet présager un bouleversement de tendance certain pour des acheteurs d’or comme vous et moi. Je vous propose de relier les faits entre eux et de parler d’or…

L’Allemagne, la Russie, Ronald Reagan, Clausewitz, en voici tous les acteurs. Il faut remonter dans le passé, à la guerre froide.

En effet, la guerre froide n’est pas simplement terminée, elle est réellement terminée. C’est fini. Le monde a réellement changé, et l’on commence à peine à comprendre l’envergure de ce bouleversement.

Certes, l’Union Soviétique a disparu en 1991. L’Allemagne a été réunifiée — cela a coûté bien cher — et l’Armée Rouge est retournée dans ses pénates au milieu des années 1990. Et aujourd’hui, en 2013 ? Qu’en est-il ?

▪ L’Allemagne rapatrie une partie de son or entreposé dans les banques centrales américaine et française
Revenons un peu en arrière. Pourquoi l’or allemand ne se trouve-t-il pas en Allemagne ? Les raisons remontent à la guerre froide. Des années 1950 aux années 1980, la République Fédérale d’Allemagne (ou Allemagne de l’Ouest) était potentiellement un champ de bataille nucléaire. En vue d’une éventuelle Troisième Guerre mondiale en Europe, il avait été décidé de garder l’or de l’Allemagne de l’Ouest loin des tanks russes et des retombées nucléaires.

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Votre patrimoine n’est pas à la hauteur de vos espérances…
Votre revenu suffit tout juste à couvrir vos dépenses — et ces dépenses grimpent…
On est en pleine crise ; les économistes prédisent que les choses vont empirer…

QUE POUVEZ-VOUS FAIRE ?

La réponse est étonnamment simple… et étonnamment efficace : tout est là

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Entre également en jeu la notion d' »héritage du conquérant ». Après la Seconde Guerre mondiale, le défi immédiat des responsables politiques américains, britanniques et français était de garder l’Allemagne sous leur coupe, étant donné les souvenirs terribles des années 1939-1945.

Une façon pour les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France de tenir la bride haute à l’Allemagne fut de garder l’or « allemand » sous contrôle hors des frontières de ce pays. Le mark ouest-allemand — la monnaie nationale qui a précédé l’euro — était donc, de manière significative, à la merci de Washington, Londres et Paris.

En effet, l’or allemand à New York, Londres et Paris était une marque de déférence vis-à-vis des vainqueurs pour maintenir un « adossement sur l’or » pour le mark. Nous résumons ici un peu rapidement l’histoire mais le point à retenir est que cette politique a duré trois générations.

Aujourd’hui toutefois, ce problème de contrôle extérieur sur la monnaie allemande a pris une nouvelle tournure. Les Allemands enterrent leurs derniers grands-parents qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale. Ils remettent en cause les raisons pour lesquelles ils stockent leur or sous la juridiction des nations sorties vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Il y a toutes sortes d’implications politiques — immédiates et long terme.

▪ Que fera l’Allemagne de son or une fois que celui-ci sera revenu sur le sol national ?
L’Allemagne a décidé de retirer l’intégralité de ses réserves d’or de France. Le raisonnement officiel qui sous-tend cette décision est qu’il n’existe plus aucune raison de laisser de l’or allemand en France puisque les deux pays font partie de l’union monétaire européenne. Naturellement, un simple coup d’oeil sur l’histoire de ces deux cents dernières années nous dit qu’il y a sans doute beaucoup plus sous ce raisonnement.

L’Allemagne conservera encore une partie de son or à New York et à Londres mais seulement après en avoir mené un inventaire complet — chaque lingot devra être inventorié selon son poids, son numéro d’essai, pour chaque numéro de série. (Vous souvenez-vous de ce qu’avait dit Ronald Reagan ? « Faites confiance mais vérifiez quand même »).

La raison monétaire ici, est que — malgré ce que certains banquiers veulent nous faire croire — l’or joue un rôle au niveau de l’équilibre dans le change entre l’Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Autrement dit, le système de change dollar-euro et livre-euro fonctionne mieux avec de l’or dans la boîte de vitesse.

Il est juste de dire que, comme le montre l’histoire, l’or se dirige là où il est respecté. Selon moi, rien que l’idée que l’Allemagne inventorie son or et veuille en rapatrier une partie en dit long. L’or augmentera la crédibilité du gouvernement allemand et de sa banque centrale et renforcera de manière générale l’économie allemande pour toutes sortes de raisons.

Voici un scénario futur sur lequel méditer. Peut-être l’Allemagne se contentera-t-elle d’inventorier son or puis sortira de l’euro tel que nous le connaissons. La conséquence sera de creuser un fossé entre les pays du sud — sans doute la Grèce, l’Espagne et le Portugal — et une monnaie « européenne ».

Ensuite, l’Allemagne fera ce que nous savons tous qu’elle veut faire de toute façon — c’est-à-dire former un nouvel « euro » avec les économies des pays d’Europe du nord. Il faut voir cela comme une version développée de l’ancienne Ligue hanséatique, avec l’Allemagne comme centre de gravité. Très Clausewitz, n’est-ce pas ? Il y aurait même la possibilité de proposer une place de membre pour l’Italie (ou peut-être juste l’Italie du nord.)

Il ne faut pas non plus écarter la possibilité d’une alliance monétaire germano-russe. Ces deux pays ont déjà contracté une alliance énergétique forte. Pourquoi pas alors une alliance monétaire également ? L’avenir nous le dira…

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