La Chronique Agora

L’or à 3 500 $… en attendant une bonne dépression

▪ Nous continuons d’attendre une vraie correction du marché aurifère. Chaque fois qu’il en commence une, elle semble s’essouffler avant d’avoir causé de vrais dégâts. L’or est encore dans le vert sur l’année.

Où est le point faible ? Où est le test ? D’où viendra-t-il ? Quand ?

Ne vous inquiétez pas, cher lecteur, M. le Marché va nous tester. Il va feinter. Nous devons être prêts.

Et si…

… au lieu de nous tester à la baisse, il nous testait à la hausse ? Ce n’est pas une prédiction — juste une pensée. Si l’or grimpait tout à coup… et semblait vouloir aller jusqu’à la lune. Que ferions-nous ?

Les experts ès métaux de Citigroup mettent l’or à 3 400 $ « d’ici un an ou deux ».

Jim Rogers fait la même prédiction.

Et s’ils avaient raison ? Nous parlons de ça parce que le farceur a plus d’un tour dans son sac. Il est parfaitement capable de faire grimper l’once à 3 500 $ avant de nous mettre à l’épreuve.

Nous pourrions attraper le vertige tandis que le prix de l’or atteint record après record. Ensuite, juste au moment où nous penserions qu’il serait prêt à escalader son dernier sommet, l’or pourrait faire demi-tour et courir vers la vallée. Nous n’y croirions pas. Nous garderions nos positions. Nous attendrions qu’il remonte.

Ensuite… ne sous sentirions-nous pas idiot, si nous l’avions suivi jusqu’à plus de 3 000 $… pour ensuite le voir revenir à ses niveaux actuels ? Ne serions-nous pas furieux contre nous-même, si nous vendions ensuite… pensant que l’or avait atteint son plus haut, et que nous l’avions manqué ?

Selon le principe des 50%, il pourrait atteindre les 3 000 $… s’effondrer jusqu’à 1 500 $ à peine… avant de se ré-envoler, peut-être jusqu’à 5 000 $… voire 10 000 $. C’est ce que nous pourrions obtenir dans le dernier « boom d’effondrement » qui se prépare.

Qui sait ?

Ce que nous voyons, c’est qu’il y a plus de place à la hausse qu’à la baisse, pour l’or. Parce que le moteur qui le tire a encore beaucoup de carburant.

Aux Etats-Unis, les autorités dépensent 1,60 $ pour chaque dollar d’impôt. En Europe, les autorités se préparent à renflouer leurs banques et leurs débiteurs souverains.

▪ Et devinez combien les autorités ont déjà dépensé ? Elles tentaient si désespérément d’éviter une crise de dette… ou une dépression… qu’elles ont appuyé sur le champignon pour dégager le plus grand effort de sauvetage que le monde ait jamais vu. Bloomberg a calculé que 7 700 milliards de dollars avaient été mis en oeuvre. Notre estimation était plus élevée — nous pensions plutôt à 10 000 milliards de dollars.

Eh bien… nous avions tous tort. Voici les dernières nouvelles :

« Dans le cadre du ‘Projet de recherches et de dialogue politique pour améliorer la gouvernance du filet de sécurité gouvernemental en cas de crise financière’, lancé par la Fondation Ford, Nicola Matthews et James Felkerson ont entrepris d’examiner les données brutes à ce jour ».

« L’extraordinaire ampleur de la récente crise financière de 2007-2009 a exigé une réponse tout aussi extraordinaire de la part de la Fed dans l’accomplissement de son rôle de prêteur de dernier recours ».

« Au final : les engagements de la Réserve fédérale pour les renflouages dépassent les 29 000 milliards de dollars ».

Houlà ! Les autorités US ont mis en danger une somme égale à 200% du PIB américain. Et pour quoi ? Pour éviter qu’une récession lamine 5% du PIB ? Même la Grande Dépression des années 30 n’a fait reculer le PIB que de 30%. Aujourd’hui, un recul similaire coûterait moins de 5 000 milliards de dollars à l’économie américaine.

Vous voyez ce que nous voyons ? Même si ça avait marché — ce qui n’est pas le cas — les efforts des autorités se seraient soldés par un désastre. Qui irait dépenser 29 000 milliards de dollars pour en sauver 5 000 ?

Mais attendez, ce n’est pas tout. Tout ça suppose qu’une dépression est superflue… ou qu’elle ne fait aucun bien. Nous savons que ce n’est pas vrai. Une dépression fait beaucoup de bien. Elle efface les mauvais investissements et élimine les mauvais spéculateurs. Elle force le capital à se reconcentrer sur des utilisations plus productives et plus profitables. Elle tue les industries zombies. Elle met à la retraite les secteurs trop usés… et réduit les coûts pour que de nouvelles activités puissent naître. C’est la « destruction » dont a besoin la « destruction créatrice » de Schumpeter.

Plus nous y réfléchissons, plus nous commençons à aimer les dépressions. Après les renflouages louches et les reprises bidon, une dépression ferait plutôt du bien.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile