La Chronique Agora

On nous en demande beaucoup…

▪ D’étranges créatures… d’étranges événements… d’étranges pensées… Zombieland devient de plus en plus bizarre.

On nous demande de croire six choses impossibles avant même le petit-déjeuner — puis une demi-douzaine d’autres avant le déjeuner.

"Le rebond actuel de l’économie est un mirage statistique", écrit David Rosenberg. Il est "orchestré par des quantités record de stimulants monétaires et fiscaux qui sont purement et simplement insoutenables et risquent en fait de générer un paysage financier et économique très instable au cours des années qui viennent".

Mais les investisseurs semblent prêts à croire n’importe quoi. Sinon, pourquoi aller prêter de l’argent au gouvernement américain ?

On attend de nous que nous faisions confiance aux dirigeants qui n’ont pas vu arriver la crise des subprime…et qui sont passés à côté de la bombe de l’effet de levier même lorsqu’elle a commencé à exploser (ils pensaient que les produits dérivés rendaient le système plus stable !)

Et on voudrait nous faire croire que les perpétuels optimistes — Bernanke, Summers, Geithner et tous les autres — ont tout gagné… non seulement en empêchant une dépression, mais en remettant l’économie sur les rails de croissance et de la prospérité.

On nous demande aussi de croire que les problèmes de dette des Grecs ont disparu (grâce à un accord passé avec les Allemands)… et que les problèmes de dette des Etats-Unis n’ont même jamais existé.

Pour quelle autre raison tant de gens prêteraient-ils tant d’argent aux Etats-Unis à des taux d’intérêt si bas ?

▪ Oui, cher lecteur, la crise de 2007-2009 nous a fait peur. Mais elle est bel et bien passée, maintenant. Qu’en savons-nous ? Il suffit de lire les journaux !

"Vente d’un volume record de junk bonds", titrait un journal.

C’est assez curieux. Cela signifie que les investisseurs pensent que rien ne peut mal tourner. S’ils étaient persuadés du contraire, ils ne voudraient pas acheter de junk bonds. Parce que ce sont les premiers à s’enfuir lorsque les problèmes arrivent.

Que pensent-ils ? Qu’est-ce qui peut mal tourner ? Tout… Tout le monde devrait être en train de fermer les volets et de verrouiller l’armurerie.

Au lieu de ça, les gens ouvrent le bar et mettent de la musique. Les dépenses de consommation ont grimpé pour le cinquième mois consécutif aux Etats-Unis.

Attendez une minute. Que dépensent les consommateurs ? Le chômage US est toujours en hausse, aux environs de 10% officiellement. Officieusement, il est bien plus élevé.

Comment des gens sans emploi peuvent-ils augmenter les dépenses ? C’est étrange, non ?

Et que voyons-nous là ?

▪ "Les revenus personnels chutent [dans tous les Etats-Unis]", rapporte le Wall Street Journal.

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Des chômeurs dont les revenus chutent dépensent malgré tout plus d’argent. Que dépensent-ils ?

Des remboursements d’impôts !

Oui, c’est la saison des remboursements. Et beaucoup d’Américains en demandent. Des gens qui ont perdu leur emploi, par exemple.

Les autorités viennent une fois de plus au secours de la population. Ils renvoient l’argent aux contribuables qui l’ont gagné. Nous ne voyons aucun problème à ça. Et ça donne une bouffée d’air aux gens piégés sous leurs navires en train de couler. Mais cet oxygène était censé être attribué à d’autres dépenses. Les autorités doivent donc emprunter encore plus.

On attend de nous que nous croyons qu’elles peuvent emprunter autant qu’elles le souhaitent pendant aussi longtemps qu’elles le souhaitent — sans avoir de problèmes. Nous devons également croire qu’une économie qui a coulé sous le poids des emprunts privés peut être remise à flot avec plus de dette dans le secteur public.

Et puis quoi encore ?

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