La Chronique Agora

Des oeufs d’or sans poules ?

No money

A l’heure où les marchés battent des records, une autre réalité se dessine : qui s’appauvrit pour que certains s’enrichissent ?

Depuis des années, les philosophes se demandent : « Qu’est-ce qui est arrivé en premier, la poule ou l’oeuf ? »

Nous avons maintenant la réponse…

Les oiseaux morts ne pondent pas d’oeufs.

Lorsque la grippe aviaire décime la population de poules, les oeufs disparaissent.

Après avoir résolu l’énigme de la poule et de l’oeuf, place à une autre percée…

Mais avant cela, nous allons tenter de suivre le fil des événements et donner un sens aux titres qui déferlent. Voici ce que rapporte Associated Press :

« Le secrétaire à la défense Pete Hegseth a demandé aux services militaires d’identifier 50 milliards de dollars de programmes qui pourraient être supprimés l’année prochaine afin de réorienter ces économies pour financer les priorités du président Donald Trump. » 

D’autres rapports nous apprennent que le budget de la défense sera réduit de 8% par an pendant cinq ans = 40%.

C’est vrai. C’est ce qu’ils disent. Mais cela se produira-t-il vraiment ?

C’est peu probable. Common Dreams clarifie la situation :

« Dans une déclaration publiée mercredi, alors que les principaux médias qualifiaient le mémo de M. Hegseth d’appel à des ‘coupes’, le secrétaire adjoint à la Défense par intérim, Robert Salesses, a présenté la proposition comme un appel à des ‘compensations’. Ces fonds pourraient être redirigés pour financer d’autres initiatives militaires soutenues par le président Donald Trump, notamment un projet de ‘Dôme de fer pour l’Amérique’, que des experts ont tourné en dérision, le qualifiant de ‘fantaisie’ coûteuse et inutile.

CNN a rapporté mercredi que ‘Hegseth lui-même avait appelé à une augmentation du budget de la défense il y a une semaine’.

Lors d’une visite à Stuttgart, en Allemagne, M. Hegseth a déclaré : ‘Je pense que les Etats-Unis doivent dépenser davantage que ne l’a fait l’administration Biden, qui a historiquement sous-investi dans les capacités de notre armée.’ »

Et Dave DeCamp ajoute :

« Le Pentagone affirme que le décret de M. Hegseth réorientera les dépenses et ne procédera pas à des réductions réelles 

Le Pentagone veut réorienter les dépenses vers le projet de Trump d’un ‘Dôme de fer’, qui coûtera très cher et risque de déclencher une nouvelle course à l’armement. »

L’ensemble de l’establishment de la défense est conçu pour obtenir des budgets plus importants, et non des budgets plus modestes. Et il excelle dans sa mission. Cela ne devrait pas changer de sitôt…

Laissons donc ce point de côté et reprenons notre récit, en explorant les raisons pour lesquelles les poules (producteurs), les oeufs (produits) et les personnes qui les achètent ne devraient jamais se perdre de vue.

Cette semaine, Charlie Bilello a également publié un article sur l’actualité :

« Les bénéfices d’exploitation du S&P 500 sont en passe d’atteindre un nouveau record (TTM), en hausse de 10% sur l’année écoulée. »

Aujourd’hui, nous sommes plongés dans les « devoirs » et les « obligations morales ». Avis aux lecteurs : ces devoirs et obligations morales ne sont pas de bons guides pour investir, du moins pas à court terme. Vous pourriez bien vous ruiner en attendant que ce qui devrait se produire finisse par arriver.

Cependant, les nécessités et les impératifs restent essentiels pour comprendre la direction la plus probable des choses, à long terme.

Un mastodonte de 850 milliards de dollars en mouvement – l’establishment de la défense – devrait continuer sa course jusqu’à ce qu’il soit stoppé par un obstacle plus imposant, comme une faillite ou une défaite militaire.

La semaine dernière, nous avons observé que les bénéfices des entreprises augmentaient beaucoup plus rapidement que le PIB. Pourtant, les bénéfices des entreprises ne devraient pas croître plus vite que le PIB… du moins, pas durablement.

Pour que ces bénéfices augmentent, il faut soit que les ventes progressent, soit que les coûts diminuent. Cela soulève donc deux questions essentielles : qui alimente cette hausse des ventes ? Et qui supporte ces réductions de dépenses ?

Le monde des obligations est un endroit difficile. C’est un univers où l’on ne peut pas avoir d’oeuf sans poule. Et il faut nourrir la poule, sinon elle ne vous donnera aucun oeuf. Si vous ne le faites pas, avec le temps, vous n’aurez plus de poules non plus.

Comme nous l’avons vu, la plupart des gens s’appauvrissent. Comment peuvent-ils alors dépenser plus d’argent ? Les entreprises doivent payer leurs employés. Et elles doivent acheter leurs intrants à d’autres entreprises. Les employés constituent un poste de dépenses – le plus important pour la plupart des entreprises.

Mais les salariés sont aussi les acheteurs de la production américaine. Comment est-il alors possible d’augmenter les ventes sans augmenter les dépenses salariales ? Il faut bien nourrir les poules. Et comment peut-on réduire les dépenses sans réduire les ventes et les bénéfices des autres entreprises ?

Les bénéfices, les ventes, les salaires, le PIB… Ces éléments devraient s’autoréguler ; ils ne devraient jamais trop s’écarter les uns des autres. Et si l’un d’entre eux est trop élevé ou trop bas, il y a fort à parier qu’il se remettra rapidement au diapason des autres.

Notre source, Charlie Bilello, nous dit aussi que les poules volent haut :

« Tout est à la hausse ! Actions, obligations, grandes entreprises, petites entreprises… cryptos, schmyptos… et… il y a maintenant neuf entreprises américaines avec une capitalisation boursière supérieure à 1 000 milliards de dollars : Apple, Nvidia, Microsoft, Amazon, Google, Meta, Tesla, Broadcom et Berkshire. Il y a sept ans, il n’y en avait aucune. »

Mais dans le monde réel des choses, il n’y a pas beaucoup de temps, pas beaucoup de capital, pas beaucoup de clients et pas beaucoup d’oeufs, d’appartements et d’automobiles.

Si « tout » est en hausse, d’où vient cette croissance ?

Qui a moins, pour que les propriétaires de « tout » – ces détenteurs d’actifs – puissent avoir plus ?

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