La Chronique Agora

Ochlocratie : notez bien ce mot… il va vous servir

Du pain et des jeux, de l’argent gratuit et du temps pour « nous » mais pas pour « eux ». Mais où passe la frontière entre « eux » et « nous » ?

Nous flânons… nous cherchons… dans l’espoir de nous trouver.

Oui, c’est tout le but des voyages : découvrir qui l’on est.

Nous commençons par examiner notre poche arrière : nous y avons un exemplaire des Histoires, de Polybe, où il relate ce qu’il appelle les guerres puniques, les guerres entre Rome et Carthage — dans lesquelles le général carthaginois Hannibal a joué un rôle important mais tragique.

Pas grand-chose n’a changé. Polybe, aux environs de 150 av. J.C., pensait qu’une noble république finissait inévitablement par se dégrader, se transformant en un spectacle sordide de course au pouvoir, d’intrigues, de double jeu et de mensonges.

Les masses, dit-il, pensent avoir des griefs contre l’avidité des autres membres de la société… Elles imposeront leur volonté au nom de « la liberté et la démocratie » mais cela se traduira par « le pire de tout, c’est-à-dire la loi de la foule » — l’ochlocratie.

Polybe… si vous nous écoutez… voici un petit aperçu de la situation des Etats-Unis d’Amérique — et d’une bonne partie du monde occidental — en l’an de grâce 2019 :

Aujourd’hui, la populace pense que les élites lui ont joué un mauvais tour. Elle a raison.

Le gouvernement par la foule ignorante

Mais la foule ne sait pas comment ce mauvais tour a été organisé, de sorte que ses efforts — où qu’ils se dirigent sur le spectre politique — sont inefficaces, hors de propos, voire délétères.

A droite, on pense que les baisses d’impôts, les murs et les accords commerciaux sont une formule gagnante.

Mais le vent semble avoir tourné en faveur de la gauche, où l’on se fait concurrence à coups de hausses d’impôts, d’allocations et de fabuleux programmes promettant quelque-chose-en-échange-de-rien.

M. Sanders promet des droits de succession plus élevés.

Mme Warren veut une taxe sur la richesse.

Mme Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) offre d’écraser les riches sous une hausse des impôts sur le revenu.

Et un éditorial du New York Times préconise de rendre les milliardaires illégaux, purement et simplement.

Du pain et des jeux

Regardez ce qui vient d’arriver, flottant au milieu de ces déchets, dans la ville de Stockton, en Californie : elle a son propre plan pour redresser les torts causés aux pauvres. Dans le Sacramento Bee : 

« Après des mois de planification, dès vendredi, Stockton, en Californie, enverra des cartes bancaires créditées d’un montant de 500 $ à un groupe de résidents soigneusement sélectionnés, dans le cadre d’une expérience surveillée de près mettant en place un revenu minimum universel — la première à être menée par une ville américaine. 

Stockton, autrefois appelée ‘capitale américaine des saisies hypothécaires’, a été la plus grande ville à se déclarer en faillite avant que Detroit ne fasse de même en 2013. Durant la récession, le chômage a grimpé vers les 20% tandis que les crimes violents augmentaient. Aujourd’hui, un habitant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, selon le Bureau de recensement US ».

Ils ne seront pas les premiers à faire cette expérience. Rome, après la mort de Polybe, a accompli la même prophétie.

Elle a fourni « du pain et des jeux », selon la célèbre formule, au prolétariat urbain. Peu à peu, les paysans robustes et les fermiers indépendants qui constituaient l’épine dorsale de l’armée romaine disparurent, remplacés par des esclaves et une foule dépendante ; la république sombra dans le marigot d’un empire dégénéré.

Finalement, l’empire fut contraint d’embaucher des renards pour surveiller le poulailler, enrôlant des barbares pour remplir ses garnisons aux frontières.

On sait comment cela a fini.

Plus récemment, la Finlande voulut voir ce qui se passerait si elle donnait à ses habitants un revenu garanti, sans aucune condition.

On pensait notamment que cet argent supplémentaire serait dépensé, encourageant les entreprises à augmenter la production et embaucher plus. « Relance ! » crièrent les économistes charlatans.

Hélas, les Finlandais gâchaient leur temps et leur argent. Donner aux gens encourage les récipiendaires à flemmarder.

L’emploi n’a pas augmenté, ont rapporté les Finlandais la semaine dernière.

Stockton aussi gaspille son temps et son argent. Et pourquoi pas ?

Du temps et de l’argent

Là, cher lecteur, je vais vous demander un peu de patience. Imaginons un instant qu’essayer d’aider les gens en leur donnant de l’argent serve à quelque chose (nous savons que souvent ce n’est pas le cas).

Mais à quoi servent le temps et l’argent, sinon à aider les autres ?

Imaginez que votre fille vive à Stockton. Imaginez qu’elle soit sans emploi… et doive subvenir seule aux besoins de ses enfants. Vous seriez content de savoir qu’elle a un peu d’aide, non ?

Eh bien, que pensez-vous d’aider la fille de quelqu’un d’autre ? Seriez-vous prêt à le faire ? Dans votre propre famille ? Votre ville natale ? Dans votre région… et votre pays ? Qu’en est-il des gens en Syrie ? Au Bangladesh ? Ou au Nicaragua ?

Quelle sorte de personne êtes-vous, cher lecteur ?

La plupart des gens sont prêts à payer des impôts pour aider « nous » mais pas « eux ». La plupart pensent qu’il est parfaitement logique de stimuler « notre » économie mais pas celle des autres. Quant à augmenter l’emploi dans notre ville… région… pays ? Et les autres… non ?

Certains sont même prêts à mourir pour « nous » — mais certainement pas pour « eux ». Ce qui bien entendu ne fait que soulever la question : qui êtes-vous ?

C’est là que nos pieds impatients commencent à s’agiter.

Il suffit de jeter un œil autour du monde pour voir que les sottises, les idioties et les arnaques sont relativement bien réparties — les distributions gratuites par l’Etat-providence… les taxes destinées à écraser les riches… les gabegies militaires… les devises frauduleuses… les budgets bidon… les ersatz de « relance »… les programmes contrefaits pour relever les pauvres et abattre les riches…

C’est là qu’on se met à rire…

… Et à avoir des doutes sur toute cette histoire de « eux contre nous ».

« Qu’ils aillent tous se faire voir », serait-on tenté de dire…

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