La Chronique Agora

Obligataire : une opportunité à saisir ?

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Les « bonnes mauvaises nouvelles » sur l’activité économique ont eu un impact intéressant sur le marché obligataire, qui pourrait représenter un bon investissement d’ici la fin de l’année.

Les détenteurs de bons du Trésor respirent beaucoup mieux depuis ce mercredi, grâce à une spectaculaire détente des OAT, des Bunds et des BTP italiens, dont les rendements perdent jusqu’à 15 points de base, et même 20,5 points sur les Gilts britanniques.

Toutes ces dettes souveraines étaient venues « soulever » lundi les résistances – c’est-à-dire les plus hauts niveaux de rendement touchés fin février puis début mars et qui, précédemment, n’avaient pas été vus depuis fin 2011.

Avec une configuration « en triangle » en formation depuis fin octobre 2022, le franchissement des niveaux records aurait pu mettre en grande difficulté beaucoup d’investisseurs qui accumulaient du « papier » dans l’anticipation d’un pivot imminent des banques centrales.

Mais ces investisseurs ont commencé à douter à partir de la mi-août, avec le sentiment que l’horizon d’une amorce de détente du loyer de l’argent s’éloignait inexorablement : la Fed venait d’exclure une récession d’ici fin 2023, du fait de la résilience de l’activité globale et de la solidité du marché du travail.

S’ajoute à cela une remontée du prix des carburants (au plus haut depuis un an aux Etats-Unis) et des salaires. En effet, certaines compagnies aériennes ont par exemple augmenté les salaires de leurs pilotes de 40% au plus, tandis que des entreprises de messagerie qui ont du mal à recruter ont proposé de fortes augmentations de salaires destinées aux conducteurs de véhicules utilitaires.

Ralentissement de l’activité

Après une légère détente de taux survenue la veille, la crainte de les voir rebondir et franchir de nouveaux sommets n’était pas complètement écartée ce mercredi avec la publication des PMI de part et d’autre de l’Atlantique.

Ces indicateurs d’activité auraient pu témoigner d’une activité soutenue cet été, avec beaucoup de commande aéronautiques, une saison touristique très dynamique, un boom de l’intelligence artificielle, etc. Sauf que les PMI du jour ont plutôt « rassuré » tout le monde : vu sous un angle quelque peu cynique, la chance pour les marchés financiers a voulu que les PMI – tous sans exception – soient mauvais, et plus mauvais encore que prévus.

Et cette « bonne mauvaise nouvelle » est tombée au meilleur moment pour les gérants ayant lourdement renforcé leur position en bons du Trésor.

Ce qui était devenu 48 heures auparavant un quitte ou double à haut risque se transformerait ainsi en coup de maître, grâce notamment à la chute du PMI des services américain, qui se replie vers 51 au lieu des 52,5 attendus. Cela reste une augmentation de l’activité, mais bien faible.

La déconfiture du secteur tertiaire ne se limite pas aux frontières des Etats-Unis. Elle s’avère même encore plus sévère en Europe : ce n’est une bonne nouvelle pour l’emploi et les déficits (moins de croissance, moins de recettes fiscales), mais c’est peut-être l’amorce d’un cycle haussier sur l’obligataire qui pourrait prendre le relai du rally sur les actions.

Les malheurs des uns…

C’est une excellente nouvelle pour les gérants à la recherche d’une solution d’investissement autre que le pur « monétaire », c’est-à-dire les obligations d’Etat à court terme.

Pour les entreprises cotées, la soudaine détente des taux apporte un soutien technique bienvenu… mais, à moyen terme, les perspectives de profits s’assombrissent avec la chute de l’indice flash PMI composite HCOB de l’activité globale dans l’Eurozone.

La dégradation n’est pas anodine : ce PMI tombe de 48,6 en juillet vers 47 en août, soit son plus faible niveau depuis novembre 2020, et même depuis avril 2013, abstraction faite des mois de pandémie. Par ailleurs, c’est le troisième mois consécutif de contraction.

En ce qui concerne la France, ce n’est pas mieux : l’indice PMI flash du secteur des services s’enfonce également pour le troisième mois consécutif, à 46,7 (contre 47,1 en juillet), soit un plus bas depuis 32 mois. Un chiffre si bas témoigne d’une forte contraction de l’activité dans le secteur tertiaire, malgré une activité touristique florissante cet été, avec une « canicule tardive » qui s’avère une excellente nouvelle pour l’hôtellerie/restauration… et pour le gouvernement, qui trouvera dans le « réchauffisme » – et une véritable hystérie catastrophiste avec 19 départements placés en « vigilance rouge » – un excellent prétexte de taxer plus lourdement le CO2.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les nuages conjoncturels évoqués plus haut annoncent un refroidissement de l’activité économique, qui serait l’opportunité à saisir pour doper ses performances avec l’obligataire d’ici fin décembre.

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