Les nouvelles technologies représentent le progrès et par conséquent une amélioration. Mais comment la mesure-t-on, est-ce si sûr ?
Durant le week-end, le cours du bitcoin a grimpé au-dessus des 7 500 $. Par rapport à juin dernier, au moment où nous en avons acheté, nous enregistrons un gain de 200%.
« C’est tout ? », nous réplique un collègue. « J’ai investi dans des entreprises de minage de bitcoin à deux centimes l’action. Maintenant, ces actions s’échangent à 7 $. Je vais vous éviter de faire le calcul : si vous aviez mis 1 000 $ dedans, vous auriez 350 000 $ aujourd’hui. »
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Et alors ?
« Je n’ai rien vu de tel arriver auparavant », affirme un collègue.
Il a raison. Le bitcoin n’offre ni produit ni services, ne fait ni de profits ni de pertes. Ce n’est ni un animal, ni un végétal, ni un minéral… il n’est ni vif, ni mort… ni dérisoire, ni sublime… pas plus qu’il n’est Laurel ou Hardy.
Le bitcoin est-il une meilleure monnaie que les autres ? Est-il une bulle ? Peut-être est-ce les deux.
Nous répétons nos appels à la prudence. Le bitcoin n’est pas un investissement ; il n’y a aucun moyen d’analyser ou d’estimer son rendement probable. Ce n’est ni de la spéculation, ni un pari. Il n’y aucun moyen de faire des pronostics.
Il est cependant difficile de résister à l’attrait d’un marché qui double tous les trimestres.
Notre conseil : voyez cela comme une distraction. Mettez-y un peu d’argent. Si vous devenez riche, tant mieux, vous êtes chanceux. Si vous perdez votre argent, n’en faites pas tout une histoire ; profitez du spectacle.
Ne comptez pas sur le bitcoin pour votre retraite.
Le bitcoin s’appuie sur une nouvelle technologie. Les nouvelles technologies sont un sujet que nous abordons régulièrement ces derniers temps. La plupart des gens croient que le temps et le progrès sont une seule et même chose. Si c’est nouveau, c’est que cela doit être forcément mieux !
Pensez à tous les progrès que nous avons réalisés depuis le temps où nous vivions dans des grottes, nous nourrissant de chauves-souris crues.
Les gens pensent que le temps apportera inévitablement plus de progrès. A l’avenir, nous découvrirons des remèdes pour le cancer et le piétin. Les femmes seront traitées à égalité avec les hommes. L’énergie sera propre et gratuite. Plus personne ne devra travailler (tout le travail sera effectué par des robots). Tout le monde aura un chèque du gouvernement. Les voitures pourront enfin voler et, qui sait, peut-être les arbres monter jusqu’au ciel ?
Les nouvelles technologies ne nous rendent pas systématiquement plus riches ou meilleurs (que nous a apporté la bombe nucléaire ?). Certaines nouvelles technologies semblent davantage détruire du PIB qu’en générer.
Aujourd’hui, permettez-nous d’introduire une idée plus choquante et profondément désagréable : il se pourrait que l’avenir ne soit pas ce qu’on nous promet qu’il sera. Peut-être que le passé était meilleur.
Imaginez que vous viviez dans une belle maison confortable des années 1950, dans un mignon petit village. Vous auriez une petite télévision dans le salon, d’où vous regarderiezdes sitcoms très fifties… Une Chevrolet 1956 dans le garage et au lieu d’un IPhone X, vous auriez un téléphone fixe, à l’ancienne.
« Mabel… », diriez-vous à l’opératrice… « Pourriez-vous me passer Eleanor ? »
« Oh, j’aimerai bien, Doris, mais elle est à l’institut de beauté. »
Cela ne vous semble-t-il pas délicieusement innocent et charmant ?
Bien sûr, vous n’auriez aucun accès aux dernières technologies des 50 dernières années. Pas d’opioïdes payés par le gouvernement. Pas de régulateur de vitesse, pas de GPS, pas de télécommande, de téléphone cellulaire ni d’ordinateur portable, de micro-ondes. Serait-ce un mal ? Peut-être que ce serait mieux.
Des estimations montrent par exemple qu’en moyenne une personne passe 8,4 heures par jour devant un appareil de communication électronique. Vraiment, c’est ça le « progrès » ?
Des experts avertissent que les gens passent maintenant tellement de temps sur leur iPad et autres gadgets qu’ils ne dorment pas assez. Un médecin cité dans le Daily Mail estimait que les deux tiers de la population britannique souffraient de manque de sommeil.
Lorsqu’ils sont éveillés, les gens passent plus de la moitié de leur temps en symbiose avec un appareil électronique. Que faisaient-ils de toutes ces heures dans les années 1950 ? Parlaient-ils ? Lisaient-ils ? Réfléchissaient-ils ?
Nous savons ce qui a été gagné : des heures et des heures de distraction sur Facebook et par courriel. Mais qu’est ce qui a été perdu ? Nous ne sommes pas sûr.
Une salutation agréable dans la rue… une tomate du jardin dans votre assiette, un clin d’oeil du bookmaker… une bière fraîche avec l’entrepreneur des pompes funèbres… un mot gentil à un enterrement… un bon livre devant la cheminée… un tas de feuilles mortes dans la cour d’entrée…
… une nuit au clair de lune… une conversation sur le perron…
En nous engouffrant à l’aveugle dans l’avenir, comme un bébé qui changerait lui-même sa couche, ne gâchons-nous pas quantité de choses ?