▪ Les derniers trucages européens commencent déjà à se détricoter. La chose était si évidente et prévisible que nous hésitons à la mentionner.
Nous en parlons uniquement pour aborder un sujet plus vaste : les économistes sont des crétins. Oui, cher lecteur, nous sommes conscient d’être en train de nous répéter. Nous savons tous que les économistes sont des crétins. Nous savons aussi qu’ils ne sont pas moins crétins que depuis la dernière fois que nous en avons parlé. Mais nous y revenons quand même.
Le dernier problème en date, ce sont les banques espagnoles. Elles sont sous l’eau… et coulent plus encore. Les eurocrates ont annoncé un plan pour les renflouer directement, plutôt que de faire passer l’argent par le gouvernement espagnol, lui aussi en chemin pour le fond de l’océan.
Mais Mme Merkel ne pouvait revenir à Berlin en annonçant qu’elle avait abandonné le butin aux Espagnols. Elle devait revenir en disant aux lumpen-électeurs qu’elle avait remporté la lutte… et qu’elle pouvait se tenir la tête haute : les Espagnols n’auraient pas besoin de payer !
En fin de compte, les Espagnols ont été forcés de réduire leurs dépenses. Bloomberg nous en dit plus :
« Rajoy annonce 65 milliards d’euros de coupes pour lutter contre la crise ».
« Le quatrième plan d’austérité de Rajoy en sept mois fera grimper la TVA de 18% à 21% ; il annulera une baisse d’impôts pour les propriétaires ; baissera les allocations chômages et étudiera les réductions de retraites ; il consolidera les gouvernements locaux et éliminera les primes de fin d’année pour les fonctionnaires. Les mesures budgétaires, qui couvrent les deux années et demi à venir, sont environ le double de celles précédemment annoncées ».
« Le Premier ministre s’est adressé au Parlement à Madrid [la semaine dernière] alors que les autorités européennes mettaient les dernières touches à un renflouage de 100 milliards d’euros pour les banques espagnoles. Les amendements au budget arrivent moins de deux semaines après qu’il a été mis en place et un jour après que l’Union européenne a assoupli les objectifs de déficits de l’Espagne ».
« ‘Je sais que les mesures que j’ai annoncées ne sont pas agréables’, a déclaré Rajoy dans son discours de 70 minutes aux autorités. ‘Elles ne sont pas agréables mais elles sont essentielles. Nous sommes dans une situation extraordinairement sérieuse’. »
« ‘J’ai dit que je baisserai les impôts, et voilà que je les augmente’, a déclaré Rajoy. ‘Mais les circonstances ont changé, et je dois m’y adapter’. »
▪ Est-ce la fin de partie pour les banques ?
Il aurait dû s’en tenir à ses promesses de baisses d’impôts. Mais nous y reviendrons. Le journal britannique The Telegraph décrit la situation en ces termes :
« La fière Espagne s’incline une nouvelle fois devant les exigences de l’euro… L’appétit de la Zone euro pour l’auto-mutilation ne connaît pas de limites. Avec un travailleur espagnol sur quatre sans emploi, une production qui se contracte jour après jour et des mineurs asturiens qui marchent sur la capitale, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy est déterminé à mettre en place 65 milliards d’euros de mesures d’austérité supplémentaires, comme s’il s’était délibérément lancé dans une stratégie de mort économique par des milliers de réductions de dépenses. Le terme ‘déterminé’ n’est peut-être pas le meilleur, dans le sens où il y est plutôt forcé avec un pistolet sur la tempe ; le dernier plan d’austérité fait partie des conditions attachées aux prêts de la Zone euro pour les renflouages monétaire, faisant ainsi mentir l’orgueilleuse insistance de M. Rajoy sur le fait que le renflouage espagnol est d’une certaine manière moins asservissant que les autres ».
Tout le monde doit jouer le jeu. Ce jeu implique principalement de faire en sorte que la partie continue… en d’autres termes, de maintenir le flux d’argent en mouvement des gens qui le gagnent vers les gens qui contrôlent le système. Les économistes ne sont que des « idiots utiles ». Ils affirment savoir des choses qu’ils ne peuvent pas savoir… et disent être capables de faire des choses qu’ils ne peuvent pas faire. Ils sont utiles… parce qu’ils veulent que l’argent continue de couler !
Comment faire en sorte que l’argent continue d’affluer vers les banques espagnoles… dont les créditeurs se trouvent justement être les grandes banques en France et en Allemagne ? On y attache des conditions… Autrement dit, on force les Espagnols à promettre qu’ils ne gaspilleront pas l’argent. Et ce dernier afflue… le jeu continue… jusqu’à l’explosion suivante.
Mais attendez, si on arrête le flux… est-ce que tout ça n’explose pas ? Mais si ! C’est exactement ce qui devrait se produire… et la plupart des gens s’en trouveraient bien mieux. Les mauvaises dettes pourraient être passées en pertes et profits. Les entreprises mal gérées pourraient faire faillite. Les investissements idiots pourraient disparaître. Ensuite, les gens honnêtes pourraient ramasser les morceaux et se remettre au travail.
Evidemment, ça ne conviendrait pas à tout le monde — et surtout pas à ceux qui sont du côté « destinataire » du flux d’argent. Ils veulent que la partie dure aussi longtemps que possible. Ils jouent donc le jeu… Certains sont censés réduire les dépenses — alors ils font semblant de les réduire. D’autres sont censés faire de la « croissance »… alors ils font semblant de croître.
Et l’argent continue de couler…