La Chronique Agora

Le nouvel ordre mondial

Alors que l’Occident continue de prendre la pente, une nouvelle civilisation s’élève vers les nuages…

« L’humanité n’a pas plus d’objectif pré-établi, d’idée directrice, de plan organisateur que ‘n’en a l’orchidée ou le papillon’. L’humanité est ‘un concept zoologique, ou bien alors un mot vide de sens’. Je vois, à la place du concept vide que serait une histoire linéaire, qui ne peut être maintenue qu’en fermant les yeux sur la multitude écrasante des faits, le drame d’un certain nombre de Cultures puissantes, chacune jaillissant avec une force primitive du sol d’une région mère, à laquelle elle reste fermement liée pendant tout son cycle de vie ; chacune estampillant son matériel, son humanité, à sa propre image ; chacune ayant ses propres idées, ses propres passions, sa propre vie, sa propre volonté et ses propres sentiments, et sa propre mort. » – Oswald Spengler

Nous allons parler aujourd’hui du déclin de l’Occident.

Après plus de 1 000 ans, la civilisation occidentale – ou ce qu’Oswald Spengler appelait la « culture faustienne » – est confrontée à un sérieux défi. Les BRICS et les pays en développement se disputent les premiers rôles. Ils connaissent une croissance plus rapide. Ils achètent plus, dépensent plus et épargnent plus. Ils continuent à bénéficier des combustibles fossiles. Ils évitent les sanctions. Ils construisent de nouvelles alliances et trouvent de nouvelles sources d’aide financière et d’assistance technique. Ils résistent à l’OTAN en Ukraine et nient la supériorité morale de l’Occident en Israël.

Ils sont en train de forger un nouvel ordre mondial… sans que les Etats-Unis s’y trouvent au sommet.

Est-ce important ?

Placez vos paris

Warren Buffett dit qu’il ne faut jamais parier contre les Etats-Unis. Mais jamais, c’est long… même pour Buffett.

MarketWatch rapporte :

« La trésorerie de Berkshire Hathaway atteint le niveau record de 157 milliards de dollars et les transactions se raréfient

La société Berkshire Hathaway de Warren Buffett a terminé le troisième trimestre avec une trésorerie record, et a enregistré une perte globale plus importante en raison de la faiblesse du marché boursier… »

Soit vous misez sur les entreprises américaines, soit vous gardez des liquidités. Buffett parie désormais contre l’Amérique. Il est plus que jamais « à découvert » (sans détenir ces actions).

Que faut-il en déduire ? Et qu’en est-il du marché obligataire ?

Les obligations américaines sont garanties par la bonne foi et le crédit du gouvernement américain. Les banques, les assurances et les fonds de pension détiennent de grandes quantités de papier américain, c’est-à-dire de la dette. Les trésoreries des entreprises, les organisations à but non lucratif, les fonds de dotation des universités et des hôpitaux… La quasi-totalité de la structure du capital des actions, des obligations et de l’immobilier est directement ou indirectement soutenue par les obligations américaines.

Que se passe-t-il, donc, lorsque les investisseurs perdent confiance en l’émetteur ? Que se passe-t-il lorsque la qualité du crédit diminue ? Que se passe-t-il lorsqu’une nation… un empire… ou une « civilisation » entière dérape ? C’est ce que rapporte CNN :

« Moody’s lance un avertissement aux Etats-Unis : votre dernière cote de crédit AAA est en danger

 Les Etats-Unis pourraient voir leur note de crédit abaissée que Moody’s Investors Service a modifié les perspectives de la dette nationale, devenues négatives vendredi après la fermeture des marchés.

 La perspective d’un abaissement de la note des Etats-Unis pourrait nuire aux portefeuilles d’investissement des Américains, rendre les emprunts encore plus coûteux et rendre le remboursement des dettes de l’Etat plus onéreux. »

Déclin et chute

Revenons-en à Oswald Spengler. Nous avons entendu parler toute notre vie de son ouvrage Le Déclin de l’Occident, publié en 1918, mais nous ne l’avons jamais lu.

Mais comme le coeur de la pensée de Spengler correspond à la nôtre, nous trouvons cet homme génial. Son idée est que le déroulement de l’Histoire ne se fait pas par ères chronologiques, mais par époques culturelles ou « civilisationnelles ». Chaque « civilisation » est comme un organisme – irréfléchi, non programmé, incontrôlable – avec une naissance et une mort. La fin de l’Occident n’est annoncée nulle part… Mais le puissant moteur a démarré, il y a des années.

Nous avons évoqué hier la politique américaine. Il s’agit de « la même voiture de clown stupide, dont seul le conducteur est différent », a déclaré le représentant Dusty Johnson. La démocratie fonctionne assez bien lorsqu’elle est mise en oeuvre au niveau local. Mais elle n’est pas extensible.

Dans le célèbre tableau de Norman Rockwell, un travailleur se lève lors d’une réunion municipale et dit ce qu’il a à dire. Le sujet peut concerner une nouvelle école, un déménagement de la décharge municipale, une loi interdisant de cracher sur le trottoir… Quoi qu’il en soit, l’homme est en mesure d’avoir un avis éclairé sur la question.

Mais supposons qu’il soit l’un des 150 millions d’électeurs du pays ? Et supposons qu’il doive choisir ses candidats à partir de « débats » télévisés et de la couverture médiatique qui leur est attribuée ? Supposons qu’on lui demande son avis sur l’IA, sur la nécessité d’un nouvel avion de chasse ou sur une augmentation d’un quart de point du taux des fonds fédéraux ? Quelles sont les chances qu’il ait un point de vue cohérent et bien informé ?

Plus l’échelle est grande, plus les politiques sont stupides… et plus l’élaboration des politiques est détournée par les élites à leurs propres fins. A qui profitent les guerres incessantes de l’Amérique ? Qui bénéficie des lois, règles et réglementations – souvent longues, s’étalant sur des milliers de pages et coûtant des milliers de milliards de dollars – que personne (à l’exception des initiés) n’a jamais lues ?

Le résultat ? Un leadership inabordable, corrompu et incompétent. Tous les gouvernements « européanisés », y compris le Japon, sont aujourd’hui très endettés. Chacun dépense plus qu’il ne peut se le permettre. Chacun a fait des promesses qui ne peuvent être tenues. Et chacun d’entre eux s’obstine à aggraver la situation à chaque fois qu’il agit.

Quelle confiance peut-on accorder à un tel gouvernement ? Quel crédit pouvez-vous lui accorder ?

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