La Chronique Agora

La Norvège, l’autre pays du pétrole

▪ Mercedes… Mercedes… Volvo… Mercedes… BMW… Mercedes… Volvo…

Nous attendions un taxi à la sortie de la gare centrale d’Oslo ce week-end. Depuis notre séjour poussiéreux à Dubaï, nous n’avions pas vu autant de voitures de luxe. Elles étaient toutes dotées d’un compteur et conduites par un chauffeur étranger, attendant d’acheminer les autochtones dans toute la ville.

La Norvège est un endroit cher. A moins d’avoir la bonne fortune (littéralement) d’être norvégien. De minuscules maisons comportant une seule chambre à la périphérie de la ville coûtent au minimum environ un demi-million de dollars. Une tournée à boire pour quatre personnes dans un bar vous coûtera près de 100 dollars. Et les huîtres que l’on peut déguster sur la principale jetée d’Oslo (considérées comme parmi les meilleures au monde) se vendent pour sept dollars… hum… l’huître.

Assis à l’arrière du taxi, regardant par la fenêtre les devantures soignées des magasins et les anciens grands hôtels le long de la célèbre Karl Johans Gate, nous avons commencé à nous demander comment un chauffeur de taxi pouvait se permettre de vivre dans un tel endroit. Puis nous sommes arrivés à notre hôtel… à cinq minutes à peine de la gare.

« Cela vous fera 150 couronnes », nous dit le chauffeur, dans un anglais parfait. Pour nos lecteurs européens cela fait environ 20 euros ; pour les Américains, cela fait 25 $. Ah… voilà donc comment. Lorsque vint le moment de quitter la capitale, nous nous sommes payé 25 $ à nous-mêmes pour rejoindre la gare à pied. De l’argent facile à gagner.

Naturellement, cela ne s’est pas toujours passé ainsi. Un peu plus d’un demi-siècle s’est passé depuis que la Phillips Petroleum Company (depuis sa fusion avec ConocoPhillips) a découvert le champ pétrolifère Ekofisk en mer du Nord. La production a commencé en 1971 et a été suivie par un grand nombre d’autres découvertes très bénéfiques, concernant à la fois le pétrole et le gaz naturel. Depuis que le premier puits a été foré, le PIB de la Norvège, ajusté par rapport à l’inflation, a plus que quadruplé. Fort heureusement, la Norvège tire également 99% de sa consommation intérieure d’énergie de l’hydroélectrique. C’est une source intéressante… si, à nouveau, votre géographie le permet.

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Pendant que l’Europe agonise…
… depuis 2008, un continent enregistre en toute discrétion plus de 5% de croissance moyenne annuelle

Un facteur bien particulier pourrait lui permettre de démultiplier cette croissance dans les années qui viennent.

Voici comment miser sur cette lame de fond qui pourrait venir bouleverser la donne économique mondiale — avec à la clé, des gains potentiels de 260%, 70%, 75%…

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En mars de cette année, la valeur totale du fonds souverain norvégien s’élevait à 3 496 milliards de couronnes (613 milliards de dollars) — le plus important au monde. De son nom officiel « Government Pension Fund of Norway », le fonds tire sa richesse non pas des cotisations de retraite mais principalement des revenus du pétrole, y compris les impôts, les dividendes, les revenus liés aux ventes et des droits de licence. Les Norvégiens l’appellent tout simplement le Oljefondet ou « fonds pétrole ».

▪ L’Etat-Providence n’est pas le même partout…
Cette grande richesse a permis aux Norvégiens de s’offrir la plus coûteuse des expériences économiques : le socialisme. Les adeptes de ce modèle tristement persistant d’Etat-Providence aiment évoquer le « modèle scandinave » comme preuve que leur philosophie de taxation et de dépenses fonctionne. Comme d’habitude, ils confondent la cause et l’effet. Les richesses de la Norvège sont le résultat du pétrole, pas du socialisme. Elles proviennent des recettes, de l’épargne et de la formation de capital, autrement dit… pas des dépenses, des travaux publics et de la redistribution. Les richesses pétrolières de la Norvège plaident la cause du socialisme tout comme les richesses d’Abou Dhabi plaident la cause des émirats médiévaux oppressifs — c’est-à-dire bien pauvrement, voire pas du tout.

Heureusement pour la Norvège — et fort opportunément pour les adeptes de l’illusion de l’Etat-Providence — la générosité en hydrocarbures de la mer du Nord ne va pas se tarir du jour au lendemain. Même si la production du plus grand champ de mer du Nord, Statfjord, est en fort déclin depuis le milieu des années 1990, les revenus continuent d’affluer des dépôts plus petits qui l’entourent. Selon des estimations prudentes, le fonds pourrait atteindre 800 à 900 milliards de dollars d’ici 2017 — environ 200 000 $ pour chaque personne dans le pays.

Toutefois, comme le savent bien ceux qui nous lisent régulièrement, l’Etat, toujours et partout, travaille à mal diriger le capital, à déformer les marchés et à accepter la sottise. Ceci est vrai, quel que soit le degré de bonheur de son peuple, la qualité gustative de ses fruits de mer et le pittoresque de ses fjords.

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