La Chronique Agora

Nei takk!

▪ A l’arrivée en Islande, quelque part entre l’aéroport de Keflavik et la capitale Reykjavik, le visiteur est accueilli par un panneau 4×3 clamant : « Island + Europ = nei takk« .

« Islande + Europe = non merci », donc, traduit en français.

Le pays avait déposé sa demande d’adhésion à l’Union européenne en 2009. Puis, en mai dernier, le gouvernement (conservateur) a suspendu les négociations… avant de finalement décider, le mois dernier, qu’il souhaitait retirer purement et simplement la candidature islandaise.

Je suis bien entendu en train de résumer la situation à gros traits ; les questions sur la pêche, notamment, jouent sans doute un grand rôle dans le débat.

Mais tout de même… combien de citoyens européens (de quelque pays qu’ils soient) répondraient eux aussi aujourd’hui, si on leur posait la question de leur adhésion à l’Union, un « non merci » franc et massif ?

Entre George Soros qui nous prédit 25 ans de crise à la japonaise, le gouffre entre pays du nord et pays du sud, la stagnation économique, la monnaie qui part à la dérive et j’en passe…

… peut-on vraiment blâmer les Islandais de réfléchir à deux fois avant d’entrer dans une Union qui semble de plus en plus… eh bien… décousue ?

▪ D’autant qu’un nouveau problème vient se greffer à la longue liste des maux qui affligent « le Vieux Continent » — et de taille. Il s’agit bien entendu de la situation en Crimée, qui démontre une fois encore à quel point la sphère d’influence européenne est en train de se réduire.

Voyez plutôt le résumé qu’en faisait Philippe Béchade hier dans son Pitbull :

« Des chaînes de télé occidentales qui filment des queues interminables devant les banques et les distributeurs de billets à Sébastopol… Eh bien voilà ce qui arrive quand François Hollande puis Angela Merkel (jeudi) se mettent à brandir des menaces de représailles ‘terribles’ contre la Russie, accusée de vouloir orchestrer le démantèlement de l’Ukraine (certes par référendum et non par une invasion de chars d’assaut) dès ce week-end’.

« Mais non, je plaisante ! »

« Il y a bien des queues devant les banques… mais c’est pour retirer l’argent des comptes dans la perspective d’un passage imminent au rouble qui pourrait s’avérer une devise plus faible que le hryvnia (ne me demandez pas comment ça se prononce) actuellement en circulation.

C’est dire à quel point les habitants de Crimée sont convaincus que les autorités locales vont faire marche arrière de peur d’être punies par l’Occident ! La partition de la Crimée était déjà actée dans les esprits, elle commence à l’être dans les porte-monnaies »…

« … Mais nos marchés font depuis trois semaines comme si tout cela n’était qu’un documentaire télévisé et que Vladimir Poutine — qui garde le silence depuis une semaine — allait renoncer à soutenir les velléités d’indépendance en Crimée. Les marchés font comme si il n’y a avait aucun risque de contagion aux autres régions d’Ukraine, peuplées majoritairement de russophones et culturellement pro-slaves depuis d’innombrables générations ! »

« Comment l’Europe va-t-elle gérer la riposte de Vladimir Poutine après s’être tant impliquée en faveur des insurgés de Kiev puis avoir doublé la mise en dévoilant une batterie de sanctions ? Il a certes aligné ses pions le long de la frontière ukrainienne et des cotes de la Crimée mais n’a pas encore déplacé une seule de ses pièces maitresses. Aïe. N’oubliez pas que les Russes sont des maîtres au jeu d’échec ! Nous allons avoir tout le week-end pour savourer le véritable début de la partie ».

Simone Wapler est inquiète : l’Ukraine vient encore alourdir le fardeau d’un système planétaire déjà bien mis à mal, que ce soit dans le domaine économique, financier ou géopolitique.

Est-ce l’étincelle qui viendra mettre le feu aux poudres ?

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser

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