La Chronique Agora

Le Nasdaq est-il dans une bulle ?

▪ Nous sommes à Sao Paulo. Pour quoi faire ? Deux choses. Nous rencontrons des collègues faisant des recherches sur l’économie et les marchés boursiers brésiliens. Et nous rendons visite à une candidate au titre de Miss Brésil, qui se trouve être la cousine d’un ami.

Nous vous tiendrons informé à mesure que les choses se développent.

En attendant, les actions ne font pas grand’chose. L’or non plus.

Pour ce que ça vaut, nous pensons que les marchés boursiers sont mûrs pour… quelque chose. Ils pourraient grimper beaucoup plus haut… les rêves de QE éternel s’emparant de l’imagination des investisseurs. Ou ils pourraient chuter à pic lorsqu’ils réaliseront que le QE n’aide pas vraiment l’économie dont dépendent les actions.

Plus haut ou plus bas. En voilà une prédiction, non ? Nous pensions bien que vous l’apprécieriez.

Ce que nous n’attendons pas, en revanche, c’est la stagnation et le status quo. L’arc est trop tendu ; soit il envoie la flèche dans la stratosphère… soit il craque.

Comme pourraient le dire les autorités de régulation financière, rien de tout cela ne devrait toutefois être interprété comme une recommandation d’acheter ou de vendre des actions. Si vous possédez des grandes valeurs américaines, vous avez bien plus confiance que nous en la capacité des autorités à contrôler les choses. Si vous n’en avez pas, mieux vaut en rester éloigné.

Nous ne disons pas ça parce que nous connaissons l’avenir… mais nous connaissons un peu le passé. Si l’on se base sur l’histoire, on ne peut pas compter sur les actions, aux cours actuels, pour fournir des rendements dignes de ce nom. Voici notre amie Merryn Somerset Webb, rédactrice en chef du magazine MoneyWeek Angleterre :

"Voici un petit quizz".

"Le Nasdaq vient de passer son sommet pré-crise. Il cote à un PER moyen de 25 environ — avec un minuscule rendement, inférieur à 1,5%".

"L’indice S&P 500 a grimpé de près de 27% à ce jour cette année. Dans ce marché, 192 entreprises ont récemment émis de nouveaux titres, levant un total de 51,8 milliards de dollars — un chiffre assez proche de celui enregistré durant la bulle des dot.com en 2000. Si l’on se base sur les profits de la même année, le PER est passé de 16,4 à 19,1 sur la même période. Ce n’est pas que les entreprises ont une plus grande valeur. C’est simplement que les gens paient plus".

"L’indice, comme le souligne Christopher Wood, du CLSA, cote aussi selon un PER ajusté aux cycles, ou CAPE — une mesure basée sur la moyenne des revenus sur les 10 dernières années — de 25. La moyenne de long terme est plus proche des 16".

"Il a déjà été plus haut, beaucoup plus haut — à 44 en 2000 et 33 en 1929. Mais il est, selon Wood, ‘juste au-dessus des sommets atteints en 1901 et 1966’. De vilaines chutes boursières — des marchés baissiers de 20 ans, en fait — ont suivi ces deux pics".

"Voici donc ma question. Appelleriez-vous ce marché : a) une bulle, b) assez cher mais pas encore une bulle, c) différent de tout autre marché dans l’histoire par une myriade de détails compliqués, ou d) un marché parfait pour le stock-picking ?"

"Si vous êtes une personne normale, vous aurez choisi a ou b. Si vous êtes un gestionnaire de fonds, un analyste travaillant pour un courtier ou quelqu’un espérant faire partie de ces deux catégories, vous aurez choisi c ou d".

"Comment justifier un marché clairement surévalué selon toutes les mesures conventionnelles ou historiques ? On annonce que grâce à un changement ou un autre — la démographie, les règles comptables, la technologie, les crises uniques, le gaz de schiste, le fait que l’école de votre enfant vient d’augmenter ses frais, peu importe –, il doit désormais être mesuré d’une manière complètement inédite".

Et voilà. Les actions vont soit grimper, soit baisser. Probablement de beaucoup, quelle que soit la direction qu’elles empruntent. Elles pourraient aller bien plus haut, parce que la Fed est acheteuse… rapportant 1 000 milliards de dollars de nouvel argent sur le marché chaque année. Cela pourrait passionner les investisseurs.

D’un autre côté, les investisseurs pourraient soudain réaliser qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement dangereux dans un marché soutenu uniquement par les autorités. Les investisseurs les plus intelligents pourraient quitter la salle… puis appeler les pompiers.

Dans tous les cas, ce devrait être à couper le souffle. Oui, cher lecteur, nous savons qu’il n’est guère amusant de rester assis en attendant que le spectacle commence. Ce sera encore moins amusant si le marché connaît soudain un "krach à la hausse", comme le prédisent certains analystes.

Mais à moins d’être un spéculateur avec un portefeuille en amiante, mieux vaut subir l’ennui et l’envie… que les flammes d’un gros marché baissier.

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