La Chronique Agora

Le monstre de la dette va-t-il se déchaîner ?

dette

Le système monétaire et financier actuel défie les traditions. Mais les taux longs montent aux Etats-Unis et certains redoutent la contagion.

Les traditions représentent souvent un condensé de savoir-faire soigneusement accumulé. Leur oubli engendre des monstres, analyse Bill Bonner.

Le système monétaire actuel défie 5 000 ans de traditions. Il est basé sur le crédit illimité. La monnaie sous forme de crédit n’a rien de nouveau en soi, Sumer connaissait déjà un tel système. Mais les Sumériens puis les Hébreux avaient compris qu’il fallait limiter le crédit car le revers du crédit, c’est la dette. La dette ne peut dépasser les capacités humaines de travail et de durée de vie.

Pour limiter le crédit, les Sumériens prévoyaient une durée d’esclavage plafonnée à quatre ans pour le mauvais payeur et sa famille. Les Hébreux prévoyaient un jubilé qui effaçait les dettes tous les 50 ans. Notre système moderne défie les traditions et ne prévoit aucune limite.

Le poids de la plus grosse dette augmente

La plus grosse dette appartient à la plus grosse économie : celle des Etats-Unis. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans viennent d’atteindre 3% alors que cette semaine, le Trésor prévoit d’émettre 96 milliards de dollars de nouvelle dette.

Les marchés financiers craignent une contagion et que le crédit devienne plus cher partout. Pour le moment, en Europe, nous ne sommes pas encore touchés car Mario Draghi à la Banque centrale européenne continue à créer du crédit gratuit en abondance.

Les Allemands, plus traditionalistes, sont très sceptiques quant au bien-fondé de cette politique monétaire qu’ils cautionnent contre leur gré.

« Adieu à la France ? »

Une « faille » dans le système pourrait entraîner la ruine de notre pays… et de votre épargne.

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Lorsque la monnaie n’était pas du crédit, la tradition penchait pour un système adossé à l’or ou à l’argent. Ainsi la monnaie était reliée à une marchandise disponible en quantité limitée, ce qui était une autre façon de limiter le risque. Ce système a été officiellement abandonné en 1971 mais les banques centrales ont malgré tout conservé un peu d’or dans leurs coffres aux côtés de leurs ordinateurs.

Les Allemands rapatrient leurs réserves d’or stockées à l’étranger depuis 2012. La banque centrale allemande vient de convier le public à examiner ses réserves, nous apprend Les Echos.

Il s’agit « d’accroître la confiance au sein du public allemand ».

Les stocks d’or – soit environ 117 milliards de dollars au cours actuel de l’or – représentent 70% des réserves de change de l’Allemagne. Ce qui veut dire que seulement 30% des dites réserves sont des obligations rapportant un petit quelque chose.

Ce traditionalisme allemand doit faire ricaner Keynes dans sa tombe, lui qui qualifiait l’or de « relique barbare ». Il est vrai que sa doctrine économique révolutionnaire défie aussi la tradition. Elle prétend que la consommation – et non l’épargne – est le moteur de l’économie.

Certains pays ont été séduits par la modernité et ont mis la charrue avant les boeufs. Avec le système monétaire actuel de crédit sans limite, ils sont très lourdement endettés et incapables de supporter une hausse des taux d’intérêt.

Le monstre de la dette va-t-il éclater ? Les Allemands ont-ils raison de se cramponner aux traditions ? Peut-être allons-nous avoir bientôt la réponse.

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