La Chronique Agora

La monnaie est une technologie comme les autres

▪ L’argent, la monnaie — même si la plupart des gens ne le considèrent pas comme tel — est une technologie.

Réfléchissez-y. La monnaie n’est pas une chose « naturelle ».

La monnaie est une abstraction humaine. C’est une idée liée à certains critères. Les archéologues nous disent par exemple que les sociétés primitives utilisaient des pierres colorées, des coquillages ou des morceaux d’os en tant que monnaie.

Ensuite, pendant une bonne partie de l’histoire humaine (et encore aujourd’hui, selon l’endroit où vous vous trouvez), l’humanité a utilisé l’or, l’argent et le cuivre comme monnaie. Au 13ème siècle, Kublai Khan a introduit ce que certains considèrent comme la première monnaie papier (le chao) dans toute la Chine — une idée que Marco Polo a rapportée en Europe.

Depuis le fond des temps, la monnaie est une construction — un outil inventé –, qu’il s’agisse de coquillages, d’or, de devise papier ou même des zéros et des uns numériques sur votre smartphone.

On pourrait également envisager cela en ces termes : une monnaie est un étalon accepté de tous. La devise est comme les fuseaux horaires, où l’heure est la même à l’est, à l’ouest, au nord et au sud. La monnaie est une unité de mesure standard, grâce à laquelle une livre d’acier pèse autant qu’une livre de plumes. On pourrait aussi dire que la devise représente la largeur des bogies — de sorte que les wagons d’une compagnie ferroviaire peuvent rouler sur les rails d’une autre compagnie.

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La devise est donc, à la base, une technologie ressemblant tout à fait à d’autres machines de base comme le levier, la cale ou la roue. Et tout comme d’autres machines de base, l’idée de monnaie a évolué au cours de nombreux millénaires d’histoire humaine.

Le chao chinois de Kublai Khan est devenu le billet émis par la Réserve fédérale américaine, sans oublier les multitudes d’autres devises dans le monde, de la livre sterling à l’euro en passant par le yuan et tout le reste.

▪ Quand la monnaie tombe en panne…
Maintenant, j’aimerais que vous réfléchissiez à ce qui arrive quand un système monétaire — un système technologique — ne fonctionne pas, ou tombe simplement en panne. Cela fait penser à une vieille expression de l’Union soviétique : « ils font semblant de nous payer et nous faisons semblant de travailler ».

L’Union soviétique fonctionnait sur le modèle d’une économie planifiée. Le système de comptabilité, d’échange et de valeur était réglé pour le bien de l’Etat, mais guère pour le bien des gens.

Au cours du temps, la devise — le rouble soviétique — a cessé d’être utile à grand-chose. En fait, le rouble était une unité de compte branlante, un médiocre moyen d’échange et une réserve de valeur problématique. En gros, il y avait peu de choses à acheter et les Soviétiques se comportaient en accord avec cet état de fait. Leur « devise » (en tant que telle) influençait leur attitude.

Les Soviétiques avaient peut-être une bonne technologie quand il s’agissait de construire des tanks, des fusées et des bombes nucléaires… mais l’économie soviétique a échoué lorsqu’il s’agit du bien-être de la population. En fin de compte, le rouble soviétique était une technologie économique ratée — tout comme la construction nationale connue sous le nom d’Union soviétique.

▪ La meilleure technologie, à l’épreuve du temps : les métaux précieux
En me projetant dans l’avenir, je m’inquiète de la trajectoire prise par la gouvernance américaine et le futur de l’économie. Mais je n’anticipe pas un effondrement du système fédéral américain, comme ce qui s’est passé en URSS — même si je suis tout à fait partant pour un débat sur la question !

Ceci dit, je n’arrive pas du tout à imaginer comment les Etats-Unis éviteront une hausse de l’inflation. Les dépenses fédérales sont hors de contrôle et l’économie lutte pour reprendre de la vigueur.

Je ne vois pas comment la « technologie monétaire » américaine — le dollar — peut garder sa valeur à long terme. A part quitter le pays pour aller à Singapour (comme Jim Rogers, par exemple), ma stratégie de repli consiste à continuer de construire un portefeuille de métaux précieux basé sur le métal physique et investir dans des minières bien gérées.

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