La Chronique Agora

Le monde est désormais celui des chiens

Les humains ont été convaincus qu’ils devaient avoir des chiens de compagnie et les traiter comme des enfants. Pendant ce temps, les vrais enfants se font de plus en plus rares.

« N’acceptez pas l’admiration de votre chien comme une preuve concluante que vous êtes merveilleux. » — Anne Landers.

Dans un café de Bedford Street, à côté de nous, se trouvait une femme assez âgée, avec un petit chien en laisse.

« Tiens mon chéri, goûte ça. »

Elle a donné à son chien un croissant au jambon et au fromage, la même chose que nous venions d’acheter, au prix de 12,78 dollars.

Au bout de la rue, une autre femme est arrivée avec un terrier en laisse. Elle marchait d’un bon pas, le chien la suivait. De l’autre côté de la rue, un homme en tenue de jogging est arrivé. Lui aussi promenait un dogue allemand, qui tirait sur sa laisse.

L’enseigne sur la porte de la pâtisserie indiquait : « Animaux interdits – Sauf animaux d’assistance ».

A l’intérieur, un labrador jaune remuait la queue. A l’autre bout de sa laisse, un couple, dont aucun des membres ne présentait de signe de handicap.

« J’aimerais être le chien de compagnie d’un homme riche », m’avait dit un ancien patron. Il était responsable de l’équipe de peinture d’une petite société de rénovation. Il nous avait engagé un été. C’était il y a cinquante ans. Aujourd’hui, le monde – ou du moins la partie du monde représentée par Brooklyn, New York – est rempli de chiens de compagnie d’hommes riches.

Nous avons passé le week-end dernier dans la ville, où le royaume canin a réussi un triomphe remarquable. Leurs jours de travail sont révolus. Ils ne veillent pas sur leurs maîtres, ne chassent pas et ne gardent pas les troupeaux. Ils ont convaincu les humains qu’ils devaient avoir des chiens de compagnie et les traiter comme des enfants.

Pendant ce temps, les vrais enfants se font de plus en plus rares.

Les pays d’Afrique subsaharienne et les pays arabes ont les taux de fécondité les plus élevés ; la femme nigériane a cinq enfants en moyenne.

L’Asie de l’Est a les taux les plus bas. En Corée du Sud, par exemple, la moyenne statistique des naissances par femme est de 0,8. A ce rythme, la population sud-coréenne sera réduite de moitié d’ici la fin du siècle. Au Japon, la population diminue depuis quinze ans, et le président a signalé que le pays « pourrait ne pas être en mesure de maintenir une société fonctionnelle ».

L’Europe et les Etats-Unis se situent entre ces deux extrêmes. Mais les naissances, chez les femmes nées dans le pays, sont généralement inférieures au seuil de remplacement des générations.

En Russie, le taux de fécondité n’est que de 1,4 naissance par femme. Cette situation est si alarmante que les législateurs russes ont proposé d’interdire l’utilisation nocturne d’Internet. Le taux de fécondité de l’Etat de New York est de 1,7 enfant par femme ; ce chiffre est déjà bien inférieur au seuil de renouvellement de 2,1. Mais dans la région métropolitaine de New York, ce taux est le plus bas de l’Etat.

Et aux Etats-Unis, devinez combien de nouveaux emplois ont été créés pour les Américains de naissance au cours des cinq dernières années ? La réponse est zéro. Et ce n’est pas parce qu’il y a eu une pénurie d’emplois… Ce sont plutôt les « Américains de naissance » qui se font rares.

Le Wall Street Journal rapporte :

« Les femmes de 35 à 44 ans sont plus nombreuses à ne pas avoir d’enfants, quels que soient leur nationalité, leur niveau de revenu, leur situation professionnelle, leur région et leur niveau d’éducation, selon une étude menée par Luke Pardue au sein du forum politique à but non lucratif Aspen Economic Strategy Group.

Les taux de natalité chez les 35-44 ans donnent aux démographes qui étudient la fertilité un premier aperçu de l’évolution de l’approche de la parentalité chez les milléniaux. Mais ces chercheurs s’intéressent aussi de près aux femmes de plus de 40 ans, estimant que si une femme n’a pas d’enfant à ce moment-là, il est plus probable qu’elle reste sans enfant. »

En nous promenant dans les rues de Brooklyn, nous avons vu des centaines de jeunes femmes en âge de procréer, mais peu d’entre elles portaient des enfants. Nous n’avons vu qu’un seul petit bébé.

« C’est un monde de chiens maintenant », dit Elizabeth. Les chiens sont bien nourris. Ils reçoivent des vaccins, des compléments alimentaires et de la nourriture bio. Ils sont inscrits à des programmes de formation et bénéficient d’un soutien psychologique si nécessaire. Ils ont même appris à leurs propriétaires à les suivre et à ramasser leurs crottes.

« Certaines personnes dans la région organisent même des rencontres avec leurs chiens, explique notre source locale. Ils les emmènent dans les parcs où ils rencontrent leurs amis canins. Ils s’attachent tellement à leur chien qu’ils ne peuvent plus s’en passer. Ils les mettent dans les caddies lorsqu’ils vont faire leurs courses. Ils les tiennent sur leurs genoux au théâtre. Je connais même une famille qui a un chien aveugle. Ils l’emmènent se promener, en le guidant pour qu’il ne se heurte pas à des panneaux ou à des arbres. Ce sont des êtres humains d’assistance pour le chien. »

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