La Chronique Agora

Mon nouveau plaidoyer pour l’or

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Le métal précieux va profiter cette année et probablement pour encore quelque temps de nombreux facteurs qui le poussent à la hausse. Autant de raisons de se positionner au préalable…

Une conjonction de tumultes géopolitiques, problèmes de chaîne d’approvisionnement et d’inflation suggère que le cours de l’or va nettement augmenter.

Aujourd’hui, je vais décomposer tout cela.

Si vous pensez que la guerre en Ukraine va s’achever bientôt, que les chaînes d’approvisionnement mondiales vont se rétablir rapidement et que l’inflation est transitoire, alors préparez-vous à un réveil brutal.

En fait, aucune de ces éventualités n’est probable.

Même si les tirs cessent bientôt en Ukraine – ce qui n’est pas sûr du tout – les conséquences géopolitiques de ce conflit vont dominer les événements pendant des années, encore, voire des décennies.

Et l’Ukraine n’est pas la seule crise en cours, sur le plan de la sécurité internationale.

Des tensions qui couvent

Les Etats-Unis affrontent la Chine dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale.

L’Iran parvient aux dernières phases de renégociation de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien (avec un Joint Comprehensive Plan of Action ou « JCPoA ») autour de ses projets d’enrichissement d’uranium et de construction d’une tête nucléaire pouvant être placée sur un missile.

La Corée du Nord teste à nouveau des missiles de moyenne portée, et elle a réalisé un essai de missile balistique intercontinental (ICBM) le 24 mars dernier, pour la première fois depuis 2017. Ce type de missile serait capable d’atteindre Guam, Hawaï, l’Alaska et la côte ouest des Etats-Unis.

Et il y a des crises en cours en Syrie, au Liban, au Venezuela, au Soudan, en Ethiopie et ailleurs dans le monde.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les tensions géopolitiques ne manquent pas.

Et en plus de la géopolitique, il y a la géo-économie…

« La guerre pénalise déjà les chaînes d’approvisionnement mondiales »

La situation des chaînes d’approvisionnement était déjà critique, bien avant la guerre en Ukraine.

La pandémie a particulièrement pénalisé les chaînes d’approvisionnement dans un contexte où les sites des acheteurs et des vendeurs – que ce soit dans les usines, ports, entrepôts, centres de distribution et le transport routier – ont dû fermer temporairement (et à différentes périodes, selon les pays voire régions).

Cela a provoqué d’énormes goulets d’étranglement et retards de livraison.

Et à présent survient cette guerre en Ukraine, avec des sanctions de grande ampleur, des ripostes, et les énormes perturbations matérielles qu’elle-même provoque. La guerre pénalise déjà les chaines d’approvisionnement mondiales.

Par exemple, BMW et Volkswagen ont tous deux fermé des chaînes de production de voitures début mars car ils ne parvenaient plus à se procurer un vulgaire câble électrique fourni par une unité de production en Ukraine.

Dans certains cas, on peut assembler la majeure partie d’une voiture puis intégrer la pièce manquante en fin de processus. Mais ce n’est pas vrai pour le câblage électrique : il est installé pratiquement en début de processus de fabrication. Cela veut dire que la chaîne d’assemblage est interrompue en phase initiale de production, et que l’on ne peut rien faire d’autre en attendant.

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

La fabrication d’un grand nombre de produits, dans le monde entier, souffre de graves perturbations dues à des retards intervenant dans la chaîne de production et dont l’origine se situe en Ukraine.

L’agriculture et les exportations de blé seront peut-être les domaines les plus gravement touchés.

La « grenier à blé » est vide

La saison des semailles a commencé, et l’Ukraine ne peut se procurer les fertilisants dont elle a besoin pour semer ses cultures.

Ces pénuries de denrées agricoles vont affecter l’approvisionnement mondial, à l’automne prochain, lorsque la saison des récoltes commencera.

L’Ukraine est surnommée le « grenier à blé » de l’Europe. Avec la Russie, elle représente environ 25% de l’approvisionnement en blé et 20% de l’approvisionnement en maïs, dans le monde.

A votre avis, que va-t-il se passer quand cette source sera tarie ?

Le problème est encore pire, en fait, car la majeure partie des céréales du monde n’est pas cultivée pour la consommation humaine, mais pour celle du bétail que nous consommons. Si vous avez envie d’un bon hamburger, par exemple, il vient d’une vache qui a consommé du blé produit probablement en Ukraine. Et maintenant, ce n’est plus possible.

Ensuite, il y a l’impact sur les semi-conducteurs et les métaux stratégiques.

Airbus se procure 50% de son titane en Russie, et Boeing 35%. A elles deux, la Russie et l’Ukraine contrôlent 30% de la production mondiale de titane, alors elles ne sont pas près d’avoir de nouveaux avions.

« Bonne chance pour produire des semi-conducteurs »

Parallèlement, nous avons stoppé les livraisons de semi-conducteurs à la Russie. Si vous gelez les livraisons de semi-conducteurs à la Russie, certes cela pénalise son économie.

Mais comment ces semi-conducteurs sont-ils produits ? On prend des puces en silicium et on grave les circuits au laser. Et comment fonctionnent ces lasers ? Avec du néon hautement purifié. Or 65% de tout ce néon employé dans le monde vient d’une seule et unique entreprise située à Odessa, en Ukraine.

Et donc Poutine se dit : « Ah ? Vous bloquez mes semi-conducteurs ? C’est très bien. Je vais bloquer votre néon hautement purifié. Bonne chance pour produire des semi-conducteurs. »

En gros, cela revient à bloquer la majeure partie du secteur des semi-conducteur dans le monde. Imaginez un instant : une voiture moderne contient à elle seule plus de 1 400 semi-conducteurs.

Des chaînes d’approvisionnement mises en place sur des décennies peuvent être brisées en l’espace de quelques semaines, lorsque des sanctions extrêmes sont infligées, comme c’est le cas avec la Russie.

Choisissez votre poison

En attendant, les exportations russes ne vont pas cesser, mais seront réorientées vers la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient, au lieu d’aller aux Etats-Unis et en Europe. Cela va entrainer une hausse des coûts, des délais plus longs et des pénuries persistantes.

L’inflation n’est pas non plus temporaire ou « transitoire ». Une fois que les prix des exportations de pétrole, de gaz naturel, de métaux stratégiques et de produits agricoles flambent, ils ne reculent pas, à moins que n’intervienne quelque chose comme une dépression mondiale.

Le 12 avril, le dernier chiffre publié pour l’indice de l’inflation à la consommation a été de 8,5%. Seulement six mois plus tôt, cet indice était à 5,4%. Et, en avril 2021, à 2,6%.

Alors vous avez le choix entre une hausse perpétuelle des prix ou une nouvelle grande dépression.

Tous ces scénarios sont néfastes pour l’économie mondiale, mais favorables à l’or.

Evidemment, l’inflation est également favorable à l’or, car elle devance généralement les hausses de taux d’intérêt. Les taux d’intérêt finissent par se rattraper, mais pendant un ou deux ans, comme l’inflation grimpe et que les taux d’intérêt sont à la traîne, les taux réels sont négatifs.

C’est le contexte idéal pour une hausse des cours de l’or.

S’ancrer à l’or

Contrairement à ce à quoi s’attendent la plupart des investisseurs, une grave récession, ou même une dépression, sont également favorables à l’or.

Les cours de l’or ont augmenté de près de 75%, au cours de la Grande Dépression (ils sont passés de 20,67 $ l’once à 35 $), lorsque le gouvernement américain a orchestré la dévaluation du dollar pour provoquer une inflation de toutes les matières premières en vue de combattre la déflation dominante.

Dans le contexte d’investissement actuel, ceux qui investissent dans l’or devraient se préparer à vivre ce que j’appelle « les journées à 100 $ ».

Face aux niveaux actuels des cours, réaliser d’importants profits sur l’or devient chaque jour plus facile.

Voici pourquoi : si vous détenez de l’or et qu’il s’apprécie de 100 $ l’once, vous gagnez 100 $ par once. Mais chaque gain de 100 $ est plus facile à réaliser que le précédent car il représente un pourcentage plus modeste à partir d’un dénominateur plus important.

Si l’or est à 1 000 $ l’once et qu’il s’apprécie de 100 $, cela représente un gain de 10%. Mais s’il est à 2 000 $ et qu’il s’apprécie de 100 $, le gain est de 5%.

Plus vous achetez tôt, mieux c’est

En suivant cette logique, si l’or est à 3 000 $ l’once et qu’il s’apprécie de 100 $, cela représente un gain de 3,3%. Chaque hausse est plus facile car elle représente un pourcentage plus modeste du nouveau cours de base.

Mais vous gagnez tout de même 100 $ par once.

Voilà pourquoi il est important d’acheter de l’or maintenant : car le processus ne fait que commencer.

Nous allons constater des gains de 100 $ par semaine. Puis ces gains seront quotidiens. A 5 000 $ l’once, un gain de 100 $ représente 2%, soit quasiment une volatilité journalière.

Plus vous achèterez de l’or de bonne heure, plus vous pourrez commencer à profiter de ces « journées à 100 $ »… ou peut-être à 10 000 $, si vous détenez 100 onces.

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