La Chronique Agora

Le moment de paniquer ?

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Que faire lorsque les actions s’effondrent, que les obligations chutent, que les cryptos coulent, et que l’économie dérape ?

Notre sujet du moment est la « décision du siècle ». Dans quelle direction les autorités américaines vont-elles aller ? Vont-elles arrêter l’inflation ? Ou laisser faire ?

Nous pensons connaître la réponse. Mais ne nous précipitons pas pour juger. Il s’agit probablement de la décision la plus importante que les autorités fédérales (y compris la Fed) aient jamais prise.

Et notre intuition éclairée sur la direction qu’elle prendra est probablement aussi la plus importante.

Si vous pensez que les autorités vont vraiment poursuivre leur programme de « resserrement »… vous devriez paniquer maintenant. Vendez vos actions, obligations, objets de collection, la maison, les enfants – tout. Ils seront bientôt tous disponibles à des prix beaucoup plus bas.  Mais soyez prêts à racheter quand le creux de la vague sera atteint. Peut-être dans 6 mois. Peut-être 24. Peut-être 50.

Mais si les autorités flanchent et commencent un autre cycle d’assouplissement et de stimulation… eh bien… vous aurez plus de temps. Les prix vont augmenter en termes nominaux, mais baisser en valeur réelle, ajustée à l’inflation. Ce sera déroutant. Ambigu. Le creux de la vague n’arrivera peut-être pas avant 10 ans… peut-être 20. Et n’oubliez pas de renouveler votre passeport. Quand la fin arrivera, ce sera un spectacle d’horreur de pauvreté, de faim, de chaos, de corruption et de révolution.

« Festina Lente »

Alors nous construisons notre propre opinion lentement… prudemment… après beaucoup de prières, de méditation… et d’alcool. Nous essaierons de relier les points entre eux… comme si nos vies financières en dépendaient – ce qui est le cas. Mais avant d’agir, nous hésiterons… et nous reconsidérerons la situation.

« L’empereur Auguste disait à ses commandants : ‘festina lente’… ou ‘hâtez-vous lentement’ », a raconté notre gestionnaire de fonds préféré, Chris Mayer, la semaine dernière. Nous étions dans le bel et ancien manoir de Woodlock House, près de Waterford, en Irlande, qui sert de siège à nos activités hors des Etats-Unis.

Le café avait été servi. Les présentations avaient été faites. Nous étions assis dans des fauteuils cossus, attendant des faits concrets. Chris a pris le devant de la scène ; il allait expliquer pourquoi le fonds était en baisse et ce qu’il allait faire pour y remédier.

Nous nous demandions ce qu’il allait dire. Nous avons tous perdu de l’argent. Les autres investisseurs seraient-ils inquiets ? Seraient-ils furieux ?

Mais le groupe était aussi distingué et calme que le cadre. Nous avons tous fait le tour du pâté de maisons. Nous sommes des adultes. Nous ne pleurons pas en public.

Chris a fait remarquer que les investisseurs ont toujours tendance à paniquer, surtout lorsque les choses vont très mal. Si tel est le cas, ce serait le bon moment pour le faire. En 50 ans de carrière, nous n’avons jamais vécu une situation aussi sombre que celle-ci.

Dans les années 1970, les chiffres de l’inflation étaient pires. Mais John Williams, de ShadowStats, calcule toujours le taux de la même manière qu’à l’époque ; il obtient 13,5% de taux d’inflation aujourd’hui – soit presque exactement le même taux qu’en 1979.

Mais en 1979, les conditions étaient bien différentes. La dernière bière de la dernière fête avait déjà été bue. Les actions avaient atteint un pic en 1968.  En 1979, l’écume avait disparu ; corrigées de 11 années d’inflation, elles étaient déjà proches du bas de leur fourchette. Elles n’allaient pas descendre beaucoup plus bas, quelle que soit les augmentations de taux de la Fed.

Au sommet de l’Everest de la dette

Les actions d’aujourd’hui sortent d’un sommet historique. Jusqu’à présent, elles ont perdu environ 15 % de leur valeur, ce qui laisse encore 30 à 40% de marge.

La dette fédérale en 1979 était encore inférieure à 1 000 Mds$… soit moins d’un tiers du PIB. Aujourd’hui, elle a atteint 30 000 Mds$, soit environ 130% du PIB.

Voici les dernières nouvelles. Comme prévu, les prix de l’immobilier se sont effondrés, nous annonce Bloomberg :

« Les marchés immobiliers américains et européens connaissent une baisse des prix à mesure que les acheteurs se désistent, selon le directeur mondial des investissements de Hines, l’un des plus grands investisseurs immobiliers à capitaux privés au monde.

Les prix ont chuté d’environ 5 à 10% par rapport à l’année précédente dans certaines régions, selon David L. Steinbach, l’Europe suivant une trajectoire établie aux Etats-Unis. ‘Je pense que nous allons connaître quelques mois difficiles’, a-t-il déclaré. ‘Cette année va être une année agitée.’ »

Pendant ce temps, les actions se font malmener. « Les marchés plongent dans la crainte d’une forte hausse des taux d’intérêt », indique PBS Newshour.  Rien que le 13 juin, le Dow Jones a perdu près de 900 points.

C’est aussi la pire année de l’histoire pour les obligations, avec une perte de 12,8% pour le bon du Trésor américain à 10 ans.

Si l’on prend un portefeuille traditionnel – 60% d’actions du S&P 500, 40% d’obligations du Trésor américain – il a déjà perdu 15% de sa valeur. Il n’a jamais été aussi malmené depuis 1937.

Le moral des consommateurs n’a jamais été aussi bas – jamais. Ou du moins pas depuis que l’université du Michigan a commencé à l’étudier en 1952.

La plupart des gens ne possèdent pas beaucoup d’actions ou d’obligations. Ce qui les intéresse, c’est de savoir combien ils gagnent chaque semaine et ce qu’ils peuvent acheter avec. Mais, au cours des 63 dernières semaines, ils se sont appauvris, les hausses de salaires étant plus minimes que les augmentations des prix à la consommation.

Les yachts virtuels coulent

Et la mousse disparait de la partie la plus mousseuse du marché, aussi, comme le raconte Bloomberg :

« Les NFTs de Bored Ape font face à de fortes baisses dans le vaste mouvement des crypto-monnaies. »

L’indice NFT est en baisse de 23%. Le bitcoin est à son plus bas niveau depuis 18 mois. La capitalisation boursière du Bored Ape Yacht Club a chuté de 47% il y a deux semaines. Et certains des crypto-actifs les plus fringants ont été pulvérisés. Le prix de Luna, par exemple, est maintenant si bas que l’on pourrait ajouter ou soustraire des zéros sans que personne ne le remarque.

Pauvre Michael Saylor. Il y a quelques années, le PDG de MicroStrategy a eu une très mauvaise idée : utiliser l’entreprise comme un proxy pour le bitcoin. Il a utilisé l’argent des actionnaires pour acheter des BTC. Puis, lorsque le prix des cryptomonnaies a augmenté, il a emprunté des centaines de millions de dollars supplémentaires pour en acheter d’autres.

Cela semblait être une stratégie gagnante, pendant un moment. Les gens pouvaient facilement acheter ses actions.  Puis, ils « possédaient » des bitcoins sans avoir à se souvenir de mots de passe ou de codes. A son apogée, en février 2021, son action se vendait à plus de 1 300 $.

Hélas, l’écume de ce breuvage enivrant a disparu aussi. « Comment va-t-il rembourser les prêteurs ? » se sont demandé les investisseurs. L’action a perdu près d’un quart de sa valeur au cours du week-end et se négocie maintenant à 150 $… une perte de près de 90%.

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