Les marchés connaissent un mois de septembre bien agité… et, historiquement, octobre est pire encore : faut-il s’attendre à un krach le mois prochain ?
L’été s’est achevé… et septembre est désormais bien entamé. Ici, à Annapolis, la chaleur infernale a cessé, du moins pour la journée. La pluie et les orages sont passés par là. Un vent vif et réfrigérant s’insinue, venu de la baie.
Arrêtons là les réflexions personnelles. Nous nous intéressons à l’argent. Et aux marchés. Et c’est donc vers eux que nous allons nous tourner…
L’effet d’octobre (« October effect »)
Bon nombre d’observateurs des marchés considèrent que septembre est un mois où règne la paix, avant l’arrivée redoutée du mois d’octobre.
La crise de 1907, le Krach de 1929, le Lundi noir de 1987… tous se sont abattus au mois d’octobre. Son palmarès est si abominable, si criminel, qu’on lui a même décerné un titre : « l’effet d’octobre ».
Est-ce vrai ? Le mois d’octobre mérite-t-il vraiment cette mauvaise réputation ?
Aujourd’hui, nous faisons venir l’accusé à la barre, nous examinons ses antécédents, et nous allons prononcer un jugement.
Vous connaîtrez rapidement le verdict. Mais prononçons d’abord un jugement sur les événements actuels…
Un verdict partagé
Nous commençons avec une observation : l’indice S&P 500 a bouclé le mois d’août en progressant pour le septième mois consécutif, sa plus longue phase de hausse depuis janvier 2018.
Selon Yahoo! Finance :
« L’indice S&P 500 a clôturé un septième mois consécutif de hausse, en août, avec une progression de près de 3% au cours du mois, dans un contexte où une forte croissance des bénéfices, une reprise économique en cours et une Réserve fédérale toujours accommodante ont contribué à effacer les nouvelles inquiétudes concernant la propagation du variant Delta. »
Aujourd’hui, le jury est parvenu à un verdict partagé. Ces derniers jours, les marchés ont été chahutés, entre l’affaire Evergrande et les incertitudes concernant la politique monétaire de la Fed : taper… ou non ?
Les valorisations boursières sont tendues à bloc
Historiquement, les actions sont dans une situation extravagante. Leurs valorisations sont écartelées sur le chevalet, torturées – elles gémissent, poussent des cris perçants, hurlent. Les tissus conjonctifs cèdent… comme des élastiques au bord de la rupture… quand M. Powell actionne le levier.
Robert Shiller, professeur à l’université de Yale a élaboré le célèbre ratio « CAPE » (ou « ratio de Shiller »).
Comme l’a décrit William Bengen, analyste :
« Cet indicateur représente un PER [Price/earnings ratio : ratio cours/bénéfice, NDLR] englobant toutes les sociétés de l’indice S&P 500, sur la base de leurs cours actuels et de leurs bénéfices corrigés de l’inflation des dix dernières années. Sa vocation est de ‘lisser’ les variations à court terme des bénéfices et de révéler un PER représentatif de la véritable capacité de ces entreprises à dégager des bénéfices. »
Or actuellement, le ratio CAPE de Shiller culmine à 39,13 – de quoi avoir le vertige – un niveau uniquement surpassé lors du délire des dot-com, il y a 20 ans.
En attendant, l’indicateur préféré de M. Warren Buffett – l’indicateur Buffett – considère les valorisations boursières par rapport au Produit intérieur brut (PIB). Cet indicateur s’était maintenu en dessous de 150%, avant le krach de l’an 2000, ce qui veut dire que les capitalisations boursières atteignaient 1,5 fois le PIB.
Un marché ultra-cher
Avant la Grande crise financière de 2008, l’indicateur de M. Buffett s’était également maintenu en dessous de 150%.
Qu’affiche-t-il, en ce moment ?
238%. Au total, les capitalisations boursières représentent 54 800 Mds$ et, parallèlement, le PIB affiche 23 000 Mds$… d’où ces 238%. A toutes fins utiles, je vous signale que le ratio se situe à 90% au-dessus des lignes de tendance historiques.
Selon Doug Ramsey, responsable en chef des investissements de Leuthold Group :
« Je dirais que ce marché est – en termes généraux – plus cher que ce que l’on a constaté au cours de la bulle technologique [1999-2000]…
Le marché actions d’aujourd’hui est si cher qu’il représente presque une future dynamique désinflationniste. J’entends par là que si les actions devaient chuter de 20%, les évaluations paraitraient toujours élevées, même par rapport à celles qui ont prévalu au cours des 25 dernières années. »
Exactement. Mais cela répond-il à la question du jour : le mois d’octobre menace-t-il le marché comme nous avons tous été amenés à le croire ?
La réponse dès demain…