▪ En tant qu’investisseur, bien acheter est essentiel… mais bien vendre est peut-être encore plus important, comme nous le voyions vendredi.
Personnellement, je suis d’avis qu’il faudrait vous positionner en tant qu’investisseur qui achète et conserve. Vous voulez que les effets cumulatifs pour vous aussi bien que les avantages fiscaux liés à ce type d’investissement ? Je pense alors qu’il est important d’entrer dans chaque nouvel investissement avec cette mentalité long terme. Même les taux de rendement modestes s’empilent pour au final atteindre des sommets. Mais il vous faut rester sur vos gardes afin de savoir à quel moment votre position ne sera plus valable.
En mai 2005, j’ai rencontré Ralph Wanger à Chicago. Wanger, si vous ne le savez pas, est un autre grand investisseur. Il a fait gagner au fonds Acorn Fund des rendements bien supérieurs au marché pendant 26 années d’affilée. Il m’a consacré deux heures de son temps, durant lesquelles nous avons discuté de sa philosophie de l’investissement. J’ai énormément apprécié cette entretien et j’en ai rapporté des extraits dans mon premier livre Invest Like a Dealmaker [« Investissez comme un opérateur », NDLR].
La discipline de vente de Wanger est très simple : vendez lorsque la raison pour laquelle vous possédez l’action n’est plus valable.
Telle est sans doute la raison de vendre que je préfère. Lorsque le principal motif pour lequel détenir l’action n’existe plus, c’est souvent le bon moment pour sortir de la position. Si, par exemple, un excellent bilan est l’une des raisons pour laquelle vous possédez un titre et que l’entreprise réalise une transaction qui affaiblit le bilan, il est alors temps de vendre. Ou bien, si vous aviez acheté une action à cause d’un grand gap entre le cours de l’action et la valeur liquidative et que ce gap se rétrécit, il est alors temps de songer à l’éventualité de vendre.
Il faut également tenir compte du portefeuille. Si vous avez besoin de vendre quelque chose bon marché pour acheter quelque chose d’encore meilleur marché, alors foncez. A mon avis, pour rester investi dans les idées les meilleures et les plus convaincantes, un élagage régulier est une bonne chose. Il est également difficile d’évaluer l’action de vente : peut-être que ce que vous avez vendu a continué à bien performer mais peut-être que ce que vous avez acheté a performé bien mieux.
La réponse n’est donc pas simple. Mais croyez-moi ; j’ai longuement réfléchi à l’art de vendre. Je suis minutieusement chaque vente que je conseille à mes lecteurs, avec l’idée d’essayer d’en tirer des leçons.
▪ En résumé : il n’existe pas de formule magique pour vendre en s’assurant systématiquement des bénéfices maximum
Selon moi, chaque fois que vous vendez, vous pouvez laisser filer beaucoup d’argent si ce titre s’avère finalement être gagnant. Je comprends ce risque. D’un autre côté, comme le montre l’exemple de Third Avenue, il est également risqué de devenir trop confiant sur une position. Lorsque le marché vous offre un excellent prix de vente, vous devriez ne serait-ce que réfléchir à réduire votre position. Toutefois, tant que les valorisations restent raisonnables, vous pouvez garder un titre indéfiniment tant que l’action comme la valeur de l’entreprise continuent de croître.
De même, nul besoin d’essayer d’atteindre la perfection de l’objectif de Phelps de rendements 100-pour-1 en conservant tout ce que vous achetez. Le principal est de savoir comment ces excellents rendements ont été possibles et ce qu’ont dû faire les investisseurs pour les obtenir.
Phelps l’a très bien résumé : « avec un changement minime de sa position et de sa façon de tenir son club, un golfeur peut améliorer son jeu ; alors, un peu plus d’achats dans le but de garder, un peu plus de détermination à ne pas être tenté de vendre… et votre portefeuille pourrait grossir. Dans Alice au Pays des Merveilles, il fallait courir vite pour rester calme. Sur les marchés, il a été prouvé que celui qui achète à bon escient doit rester calme afin de courir vite ».