La Chronique Agora

Métal jaune, or noir : la roue tourne…

▪ Ah, la roue tourne : après l’or, c’est au tour du pétrole d’être mis à mal ces jours-ci. Le baril a enregistré une belle chute… et tout le monde en parle. Normal : contrairement au métal jaune, l’or noir concerne quasiment toutes les activités humaines, désormais.

Et si l’on pourrait croire qu’une baisse du coût de l’énergie est une bonne chose, il faut tout de même compter avec quelques "petits" inconvénients, expliquait Bill Bonner mercredi :

"Les prix bas du pétrole mettent à mal les investissements dans le secteur de l’énergie. Qui veut forer un nouveau puits quand les prix baissent ? Qui veut installer des panneaux solaires ? Qui veut acheter une nouvelle voiture hybride ?"

"Ensuite, une fois que les petits producteurs marginaux ont fait faillite… que les producteurs d’énergie alternative se sont rendormis… que les haussiers sont brisés et que les baissiers comptent leur argent… le piège ne sera-t-il pas tendu pour une explosion à la hausse ?"

"Manipuler les prix du pétrole a les mêmes conséquences fortuites — mais complètement prévisibles — que manipuler les taux d’intérêt. Les consommateurs ont l’avantage, temporairement. Mais les investissements baissent et la production décline. Au lieu de laisser la main invisible guider l’économie vers une issue qui avantage tout le monde, la main lourde des autorités lui administre une bonne claque"…

Chris Mayer confirmait cette dynamique hier — en nous donnant, outre six raisons pour expliquer la baisse du pétrole, cinq raisons pour lesquelles il devrait recommencer à grimper dans les prochains mois :

"Jusqu’où peuvent baisser les prix du pétrole avant de remonter ?", se demandait-il. "Si l’on repense à la période qui a suivi la crise de 2008, le prix du pétrole a littéralement dégringolé, de 147 $ le baril en juillet 2008 à 33 $ début 2009. Pourrions-nous voir le pétrole baisser encore plus, à moins de 72 $ ? Il ne faut jamais dire jamais".

Toutefois, selon Chris, le plancher est proche… et il ne faut pas surestimer le rôle de l’OPEP — car : "hors des réunions de l’OPEP, une autre dynamique de prix est à l’oeuvre. Ces derniers temps, les prix relativement bas du pétrole bouleversent les budgets nationaux de bon nombre de pays exportateurs de pétrole. Ainsi, le Nigeria a besoin de 130 $ par baril pour équilibrer ses comptes (tu parles !) tandis que la Russie a besoin d’un prix avoisinant les 100 $ pour payer toutes ses factures. Globalement, tout le monde pousse de parts et d’autres pour trouver un moyen d’augmenter le prix du pétrole. La valeur actuelle, aux alentours de 70 $, est trop basse".

Quoi qu’en disent — et quoi qu’y fassent — les Saoudiens, le prix du pétrole est donc actuellement trop bas. L’arrivée de l’hiver devrait exacerber ce décalage, ainsi que trois autres raisons expliquées en détail par Chris dans son article, que vous pouvez retrouver ici.

▪ Hausse, baisse, pétrole de schiste, Proche-Orient… Tous ces sujets agitent le lanterneau énergétique. Mais… il y a une question que personne ne semble se poser (ou du moins pas en première page des médias grand public) : et si le pétrole devait disparaître, purement et simplement ?

Stephen Petranek aborde la question dans une Quotidienne de la Croissance consacrée au réchauffement climatique et à ses conséquences — avec une conclusion drastique :

"Il nous faut éliminer petit à petit et dès que possible tous les combustibles fossiles".

Dans la mesure où votre correspondante est allée voir hier soir le film-catastrophe Interstellar qui décrit notamment une Terre dévastée, où l’air est de plus en plus irrespirable et où l’être humain, en voie d’extinction, a de plus en plus de mal à se nourrir… c’est un argument qui me paraît plutôt sensé. (Et si vous en avez l’occasion, cher lecteur, allez voire Interstellar sur grand écran : c’est un beau moment de cinéma — un film d’action qui a oublié d’être bête et méchant, visuellement bluffant).

"Il nous suffit de passer majoritairement à des combustibles renouvelables d’ici 2050 et d’éliminer totalement les combustibles fossiles d’ici 2100", continue Stephen. "Même la plupart des grandes compagnies pétrolières reconnaissent aujourd’hui qu’il faut brûler moins de combustibles fossiles".

"En avril dernier, Exxon Mobil a déclaré que selon ses prévisions, trois quarts de l’énergie mondiale seront issus des combustibles fossiles en 2040. Toutefois, le communiqué de presse reconnaissait également que les combustibles fossiles augmentent les émissions de dioxyde de carbone et entraînent une hausse des températures".

"Les compagnies pétrolières abandonnent même l’ALEC (American Legislative Exchange Council) qui a défendu le déni du changement climatique et rédigé des projets de loi que les élus peuvent soumettre aux parlements des Etats. En septembre, Occidental Petroleum, quatrième plus grande compagnie pétrolière des Etats-Unis, a décidé de ne plus soutenir l’ALEC".

"Je n’aimerais pas être dans le pétrole à terme. Les ‘compagnies pétrolières’ devront se transformer en ‘compagnies énergétiques’ très rapidement", conclut Stephen, avant de démontrer que cette tendance ouvre de très belles perspectives d’investissement : pour découvrir son article dans son intégralité, cliquez ici.

▪ Enfin, avant de vous quitter, je voudrais juste vous rappeler la "naissance" de notre toute nouvelle lettre d’investissement, Intelligence Stratégique. Nous sommes très fiers de compter désormais Jim Rickards parmi nos rédacteurs : son point de vue affûté sur la situation actuelle et ses théories inédites sur l’instabilité du système vous donneront une bonne longueur d’avance sur le reste des investisseurs.

Pour recevoir Intelligence Stratégique sans plus tarder, cliquez ici.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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