La bulle de dette gouvernementale est systémique… et à mesure que son éclatement se fait plus probable, les autorités ont recours à des solutions de plus en plus radicales.
Selon Jeffrey Gundlach, l’un des meilleurs gestionnaires obligataires du monde, le rendement des bons du Trésor US serait de 6% s’ils n’étaient pas manipulés par la Réserve fédérale.
Gundlach est l’un des rares à affirmer, comme je le fais, que la vraie bulle, la mère de toutes les bulles, c’est la dette des gouvernements.
C’est la bulle-mère, celle sur laquelle toutes les autres s’appuient et se nourrissent.
Cette bulle-mère est systémique. Je veux dire par là qu’elle est soufflée par construction du système ; c’est la pierre angulaire du système bancaire, monétaire et financier. La pierre angulaire de la monnaie de crédit et du système de réserves fractionnaires.
C’est cette bulle qui a servi à reflater après la crise de 2008 grâce au paradigme bidon du risk-on/risk-off.
Quand plus rien ne peut produire du crédit, le couple gouvernement/banque centrale le peut encore.
Je soutiens que l’arsenal des banques centrales et des gouvernements, ce ne sont pas les taux d’intérêts. Non, l’arme suprême qui permet de reporter les crises, c’est l’endettement des gouvernements.
Tant que les gouvernements pourront augmenter leurs stocks de dettes, les crises finales, terminales, pourront être évitées.
Ce qui signifie que tant qu’il y aura de la demande pour le papier des gouvernements, on pourra retarder les échéances.
L’émission de dettes par les gouvernements, c’est le moyen ultime de retarder les échéances. Cependant, cette solution a un prix :
- Elle détruit à long terme la solvabilité de ces mêmes gouvernements ;
- elle gaspille des ressources ;
- elle interdit de remonter les taux ;
- elle mine la monnaie ;
- elle détruit en profondeur nos systèmes sociaux et bancaires fondés sur l’épargne, les retraites, la prévoyance.
Tout se paie
Rien n’est gratuit dans le monde réel ; tout, absolument tout, se paie.
Le remède miracle de nos systèmes, c’est la dette gouvernementale… mais de ce remède on abuse sans cesse – et vous savez ce que l’on dit : « On est toujours puni par où l’on pèche. »
Keynes a découvert que dans les crises, la préférence pour la liquidité augmentait. Les gens thésaurisent ; ils ne veulent pas prendre de risques, ils conservent donc du cash.
Mais le cash, c’est équivalent aux fonds d’Etat puisque nous sommes en monnaie de crédit.
Ce crédit, in fine, c’est celui de l’Etat, donc plutôt que d’avoir du cash qui ne rapporte rien, les gros détenteurs de monnaie choisissent de transformer leur cash en fonds d’Etat. Cela fait monter les cours boursiers et baisser les taux.
Les gouvernements ont donc découvert le mouvement perpétuel, le Graal : quand cela va mal, on recherche le cash et les emprunts d’Etat… et donc on fait baisser les taux, ce qui soutient l’économie.
Quand cela va bien, en revanche, les marchandises et les biens deviennent plus désirables, la préférence pour la liquidité se réduit, les prix montent, la valeur relative de la monnaie par rapport aux marchandises baisse, l’inflation monte, les fonds d’Etat baissent, les taux montent.
Le système semble autorégulé.
« Semble » seulement, car, au fur et à mesure que l’on utilise ce paradigme miraculeux du risk-on/risk-off sans jamais pouvoir en sortir, comme c’est le cas maintenant, on accumule un stock considérable de dettes gouvernementales.
Cela entraîne un effet de stock et, peu à peu, la masse de dettes accumulée par le gouvernement devient hors de proportion par rapport à toute possibilité de remboursement, c’est-à-dire avec toute possibilité de taxation des citoyens.
Il y a une limite qui est la solvabilité des gouvernements… limite dont on sait qu’elle sera repoussée par la création, l’impression monétaire, c’est-à-dire la destruction de la monnaie.
Nous nous rapprochons de ces limites.
C’est la raison pour laquelle, au fil du temps, on popularise la Théorie monétaire moderne (TMM), la création monétaire directe au profit des gouvernements !
Le fait que l’on parle de la TMM est le symptôme, le révélateur que l’on se rapproche des limites.