La Chronique Agora

Mauvais signe : les insiders vendent leurs titres

▪ Le S&P 500 a pris 5% au premier trimestre, 6,5% sur le semestre — et tout le monde a crié victoire. Sauf que les vraies raisons de cette progression sont tout bonnement alarmantes : les entreprises s’endettent pour racheter leurs propres actions.

Des actions que les initiés vendent ! Ce qui nous attend s’est déjà produit à l’issue des nombreux rachats d’actions de 2004/2008 : un marché qui s’effondre…

▪ 124 milliards de dollars pour racheter leurs propres titres…
Oui, 124 000 000 000 $, c’est la somme que les grandes sociétés américaines ont dépensée pour racheter leurs propres actions au premier trimestre. C’est-à-dire deux milliards de dollars par jour d’ouverture des marchés boursiers.

L’effet sur les cours est mécanique : réparti sur moins d’actions, le bénéfice par action prend l’ascenseur, ce qui rassure les investisseurs à courte vue et pousse les marchés artificiellement vers le haut. Vive les hausses du premier trimestre.

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Prêt pour l’onde de choc ?
Ça vaudrait mieux pour votre portefeuille, en tout cas, puisqu’elle pourrait vous rapporter des gains de l’ordre de 28% en moins de trois jours24% en 48 heures20% en huit jours25% en trois jours… et encore 22% en trois jours.

Comment ça ?
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Nous traversons une nouvelle période de forte activité au niveau des rachats d’actions, comme entre 2004 et 2008. Le graphique ci-dessous montre ce qui était arrivé aux marchés actions à l’issue de ces rachats forcenés. Ce sera pire cette fois. Car la folie acheteuse des derniers mois possède deux caractéristiques inquiétantes.

▪ Mauvais signe n°1 : les insiders vendent
La première est que les entreprises rachètent leurs propres titres, mais les dirigeants de ces mêmes sociétés ne rachètent pas des titres de leurs employeurs. Entre janvier et mars, les insiders ont dépensé moins de deux milliards de dollars pour acquérir les actions de leurs employeurs, ce qui est historiquement bas.

C’est la preuve du manque de confiance de ceux qui connaissent parfaitement la santé financière de ces entreprises. Vous savez que les achats des insiders constituent un fort signal positif sur les marchés ; c’est d’ailleurs un des critères que je prends en compte lorsque je recommande des titres — ce qui est le cas pour la pépite à 1 000% dont nous vous avons déjà longuement parlé.

Aujourd’hui, nous en sommes loin. Le rapport entre les rachats d’actions par les entreprises et ceux des insiders est même le plus défavorable depuis 2004 !

▪ Mauvais signe n°2 : les sociétés s’endettent pour racheter leurs titres !
L’autre aspect effrayant des programmes de rachat d’actions en cours tient à son financement. Les médias tartinent à longueur de colonne sur la soi-disant solidité des sociétés après la crise. Ayant bien dégraissé pendant que le monde s’effondrait, elles détiennent officiellement des montagnes de cash à la banque. Mais elles se gardent bien de les mobiliser pour leurs programmes de rachat d’actions. Au lieu de ça, les grandes corporations américaines s’endettent comme aux plus belles heures de la première moitié des années 2000.

Les chiffres de la Réserve fédérale montrent que la dette cumulée des entreprises américaines a bondi lors du premier trimestre, pour atteindre un nouveau record. Les sociétés non financières affichent un endettement de 7 300 milliards de dollars au 31 mars, soit 100 milliards de plus qu’au début de l’année.

A la fin de l’année 2007, au sommet de la soi-disant bulle du crédit, leur endettement total s’élevait à 6 700 milliards de dollars ! Les entreprises non financières sont dorénavant endettées à hauteur de 50% de leurs actifs, c’est pratiquement un record.

Une entreprise très endettée déclare haut et fort « méfiez-vous de mes obligations ». Une société qui rachète ses propres titres alors que ses dirigeants n’en veulent pas pour eux-mêmes envoie un signal de prudence : « tenez-vous à l’écart de mon action ! ».

Si cela vous intéresse, je vous ferai part prochainement d’une analyse sur les stratégies d’initiés. Mais en attendant, prenez bien en compte les mouvements d’initiés comme critère lorsque vous investissez.

Première parution dans le Billet du Trader le 21/07/2011.

 

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