La Chronique Agora

Qu’est-ce qui fait bouger les matières premières : la Chine ou le dollar ?

▪ On ne peut nier la croissance économique massive de la Chine au cours de la dernière décennie, le pays enregistrant une hausse moyenne de son PIB de plus de 10% par an. En seulement sept ans, l’économie chinoise a doublé ; en 13 ans, elle a triplé.

Avec cette incroyable expansion, la Chine a commencé à importer des matières premières à un rythme vertigineux. En 2000, le pays n’importait que 70 millions de tonnes de minerai de fer ; aujourd’hui, on en est à plus de 10 fois cette quantité, avec 763 millions de tonnes. Les importations de cuivre ont elles aussi radicalement augmenté, passant de 1,6 million de tonnes en 2000 à plus de quatre millions de tonnes par an aujourd’hui, selon des données de BCA Research.

Quand il s’agit de demande pétrolière, il y a 17 ans, la Chine était exportatrice nette. Aujourd’hui, c’est le deuxième plus grand importateur, transportant 5,4 millions de barils de pétrole dans le pays chaque jour. Voilà pourquoi il est très largement accepté que le géant asiatique était responsable de la hausse des prix des matières premières au cours de la décennie passée.

Et si le pays était la force nourrissant le boom… on suppose donc que la croissance plus lente — mais toujours considérable — de la Chine pèsera sur les prix des commodities.

▪ Des recherches récentes remettent en question une telle supposition
Selon Chen Zhao, de BCA Research, ce qui est au départ "une proposition insensée" ne l’est peut-être pas tant. Selon son analyse, le fait que la consommation chinoise de matières premières industrielles a substantiellement augmenté alors que les prix grimpaient n’a servi qu’à créer "l’impression que la Chine était la principale force motrice du boom des matières premières".

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Réfléchissez au fait que depuis sa croissance substantielle au début de la décennie passée, la Chine a continué à importer de matières premières à un rythme remarquable. Depuis 2007, le géant asiatique achète deux fois plus de minerai de fer, 1,5 fois plus de cuivre et six fois plus de charbon aux autres pays.

"Le niveau des importations chinoises de matières premières reflète de toute évidence la taille de son économie", déclare BCA. Donc même si le taux de croissance a baissé, "le niveau absolu de demande de commodities en Chine continue d’atteindre de nouveaux records tous les ans".

▪ Alors qu’est-ce qui nourrit la demande de matières premières ?
Si l’on ne peut entièrement attribuer la faiblesse des prix des ressources naturelles à la demande chinoise, qui est le coupable ? Jetez-un coup d’oeil au graphique ci-dessous. La ligne rouge suit la corrélation sur 10 ans des rendements annuels sur l’indice CRB des matières premières et de la croissance réelle du PIB chinois. La corrélation entre ces deux chiffres est restée proche de 0,4 depuis la fin des années 90.

A présent, regardez la ligne bleue, qui montre une corrélation négative entre le CRB et le dollar US pondéré en fonction des échanges commerciaux. La corrélation depuis 2010 tourne autour de -0,8, ce qui sous-entend que "le dollar constitue un argument plus efficace", affirme BCA.

Les données confirment "[notre] soupçon de long terme que le marché haussier des matières premières ces 10 dernières années était en grande partie le reflet d’une chute prolongée du dollar US", nous dit BCA.

Ce n’est pas la première fois que nous avons vécu ce phénomène. Dans les années 90, quand l’économie américaine était en plein boom et que le dollar était fort, les prix des matières premières étaient bas ; le cours du pétrole est tombé à un plus bas historique de 10 $ le baril.

Aujourd’hui, de nombreuses économies émergentes qui n’avaient aucun poids dans la balance mondiale il y a quelques décennies se développement maintenant à un rythme beaucoup plus rapide que les pays développés. Ces nations émergentes ont des populations jeunes et croissantes qui s’installent dans les villes, deviennent plus riches et consomment plus de biens et de services.

Cependant, comme je l’ai dit il y a quelques jours, Credit Suisse est d’avis que les prix des matières premières pourraient ne plus évoluer à l’unisson, soulignant que les investisseurs devront désormais se concentrer sur des matières individuelles, selon les facteurs de l’offre et de la demande.

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