La Chronique Agora

Mario Draghi parle d’or

mario-draghi - président BCE

La Banque centrale européenne rend désormais routinières ses mesures exceptionnelles. Preuve que la crise financière n’est pas derrière nous.

La Banque centrale européenne a fait son coming out hier. Aucune hausse de taux directeur — qui reste à -0,4% –, et un autre programme d’aide de prêts aux banques qui démarrera en septembre 2019 pour se terminer en mars 2021, dans la suite de ce qui a été fait en 2014 et en 2016.

C’est fou comme on s’habitue vite à la folie.

Quand on dit « taux négatifs » de nos jours, personne ne sursaute. En 2012, j’ai écrit un livre qui s’appelait Pourquoi la France va faire faillite. Si j’avais écrit à l’époque que la France échapperait à la faillite parce qu’elle serait payée pour emprunter (l’effet des « taux négatifs »), on m’aurait probablement internée.

Si les taux étaient simplement dans leur moyenne historique, il y a belle lurette que notre pays aurait fait défaut sur sa dette publique. L’Italie aussi.

Hier, le cours de l’or a eu un sursaut de bon sens en écoutant Mario Draghi. L’once d’or cotait un peu plus de 1 140 €, elle est passée à plus de 1 150 €. Et ce matin, l’once d’or continue à briller.

Bien sûr, le dollar s’est aussi apprécié face à l’euro, selon le bon vieux principe des devises flottantes : « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ».

D’une façon générale, l’euro a plongé face à toutes les devises. Voici pour prendre le pouls de la situation l’évolution du tracker FXE (Guggenheim CurrencyShares Euro) qui mesure l’euro face à un panier de grandes devises.

Une telle chute, sur le marché monétaire, c’est violent.

L’euro est-il vraiment encore une monnaie digne de ce nom ?

Quel est le rôle d’une monnaie qu’un banquier central peut décider de multiplier à l’infini, dont la distribution sous forme de crédit est ensuite contrôlée par des banques commerciales, qui vous coûte si vous la laissez simplement sur le compte courant de votre banque, dont la disponibilité sous forme d’espèces est de plus en plus contrôlée ?

Rappelons les trois fonctions de la monnaie selon Aristote : unité de compte, intermédiaire des échanges et réserve de valeur.

L’euro d’aujourd’hui n’est certainement plus un réservoir de valeur. C’est une simple unité de compte et un intermédiaire d’échange dans la mesure où on vous laisse échanger. Si demain, pour une raison ou pour une autre, il y a des mesures de contrôle des capitaux ou de contrôle des changes, la fonction intermédiaire d’échange est rognée.

Je pense à de telles mesures car les élections européennes deviennent de plus en plus incertaines. La grogne monte toujours dans plusieurs pays pour des raisons différentes. Si l’euro donne des signes de dislocation, si certains pays voient leurs taux d’intérêt monter, les autorités voudront protéger leur système et nous enfermer dedans.

C’est pour cela que nous vous conseillons régulièrement d’abriter un peu de liquidités dans l’or et dans les cryptomonnaies. L’or parce que c’est une monnaie sans contrepartie, la réserve de valeur par excellence qui a encore prouvé son efficacité dans les crises monétaires qui ont émaillé l’année 2018 (Turquie, Venezuela…).

Les cryptomonnaies parce que c’est un réseau d’échange qui ne dépend pas d’autorités monétaires ou politiques.

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