▪ Notre vieil ami Marc Faber passait sur la chaîne de télévision CNBC plus tôt dans la semaine. Il a déclaré qu’il fallait se préparer à « un effondrement massif des marchés ».
Evidemment, Marc se prépare à un effondrement massif des marchés depuis des années. Nous aussi. De sorte que lorsque nous répétons nos prédictions, nous avons l’air un peu idiot.
Et plus le marché dure sans s’effondrer, plus nous avons l’air idiot… jusqu’à ce qu’il s’effondre. Nous les oiseaux de mauvais augure, nous avons toujours tort ; et soudain, nous avons raison.
Dans les années 90, les investisseurs ont méprisé nos avertissements sur les prix des actions. A l’époque, les cours étaient dominés par le Nasdaq et les dot.com. Certaines de ces valeurs avaient atteint des niveaux insensés. « Ca ne peut pas continuer », avons-nous dit, soulignant l’évidence. Mais de nombreux investisseurs ne voulaient pas l’entendre. Ils comptaient sur le marché boursier pour les rendre riches. Tout ce dont ils avaient besoin, c’était d’un « autre Microsoft ». Ou un « autre Amazon ».
Le boom des dot.com s’est transformé en bulle… puis a éclaté. Les investisseurs n’avaient pas le moral. Leurs espoirs d’argent facile avaient été réduits à néant.
Les autorités sont venues à leur secours. Après un ralentissement en 2001, une combinaison agressive de relances budgétaire et monétaire a fait repartir la fête. Cette fois-ci, les espoirs d’argent facile se concentraient sur l’immobilier US. Savoir respirer suffisait pour vous obtenir un prêt de plus de 100% du prix d’achat. Même pas besoin de savoir respirer, en fait — les brasseurs de prêts se souciaient peu de savoir si l’on était vivant ou mort. Ils remplissaient les formulaires, vous donnaient un prêt et s’accordaient un gros bonus. Ensuite, le prêt lui-même était réaménagé en contrats dérivés, transformé en titres adossés à des créances hypothécaires (MBS) et revendu aux spéculateurs. Ces MBS, c’est ce que la Fed achète en ce moment… pour tenter de ressusciter le marché immobilier.
En 2007, l’immobilier US avait atteint des niveaux vertigineux. A nouveau, nous autres Cassandre nous sommes inquiétés de la bulle. A nouveau, les rêveurs et les comploteurs ont ignoré nos avertissements. Sauf que le marché immobilier a éclaté en 2007… et perd de l’air depuis. Dommage !
▪ Les marchés actions, un nouveau recours… une fois encore ?
A nouveau, les partisans de l’enrichissement rapide ont été profondément déçus. Vers quoi se sont-ils tournés pour des profits faciles ? A nouveau vers les actions !
Nous nous attendions à un retracement de 50% à la suite du krach de 2008-2009. Au lieu de ça, les actions ont grimpé de 100%, récupérant l’intégralité de leur baisse. Cela a poussé les investisseurs à croire que l’argent facile était à nouveau sur la table. Beaucoup pensaient qu’ils pouvaient simplement acheter « des actions pour le long terme »… qu’ils estimaient à cinq ans environ… et s’enrichir.
S’ils ont eu du nez (et de la veine), ils ont pu profiter de la hausse entamée en février 2009. Maintenant, ils attendent la prochaine vague. Où est « le prochain Apple » ? Le « prochain Google » ? Le prochain gros coup ?
Nous n’en avons pas la moindre idée. Mais nous savons ce qui arrive aux profits des entreprises une fois qu’ils ont atteint un sommet majeur : ils baissent. Nous savons également ce qui arrive aux marchés boursiers. Ils baissent aussi. Ce n’est pas là un problème que les autorités peuvent régler. C’est juste un fait de l’existence ; on ne le répare pas, on s’y prépare.
Marc examine les grandes entreprises — Apple, Google, Intel, McDonald’s. Elles semblent avoir pris un virage baissier. Pourquoi ? Parce que les bénéfices ne sont plus aussi bons. Et les perspectives ne semblent plus si brillantes elles non plus.
Pour la première fois de son histoire, par exemple, McDonald’s rapporte une baisse des ventes par restaurant. Et Apple ? Peut-il vraiment faire beaucoup mieux ?
Les investisseurs intelligents se posent des questions. Pourquoi payer les actions 15 fois leurs revenus dans une économie qui ne se développe que de 2% par an ? Comment la Fed peut-elle continuer à imprimer de l’argent sans finir par provoquer une hausse de l’inflation ? Combien de temps encore le gouvernement américain pourra-t-il emprunter et dépenser sans faire faillite ?
Pour gagner de l’argent, les entreprises ont besoin de gens qui peuvent acheter leurs produits. Sauf que les revenus et la richesse des ménages ont baissé aux Etats-Unis. Ils sont plus bas aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 20 ans. Le salaire de base moyen n’est que de 23 711 $ par an actuellement. Et près de 40% des Américains ne gagnent que la moitié de ce qu’ils gagnaient au plus haut. Comment ces gens vont-ils acheter plus de produits et de services ? En plus, une grande partie d’entre eux est en train de vieillir. Tous les jours, on compte plus de 12 000 personnes fêtant leur 55e anniversaire. A cet âge, les habitudes de dépenses se modifient. Elles diminuent.
Quant à l’effondrement… voici ce qu’en pense Marc :
« Il y aura de la douleur et il y aura de la douleur très aiguë. La question est de savoir si l’on accepte moins de douleur aujourd’hui avec l’austérité, ou si l’on risque un effondrement total de la société dans cinq à 10 ans… Je pense que le système financier mondial dans son intégralité doit être reprogrammé, et ce ne sera pas fait par les banques centrales, mais par l’implosion des marchés — soit les marchés des devises, soit les marchés de la dette, soit les marchés actions. Cela doit se produire — cela se produira un jour, et à ce moment-là, si nous avons encore 50% de la valeur des actifs que nous avons aujourd’hui, nous pourrons nous estimer heureux ».