De quoi la chute de l’emploi et de la consommation aux Etats-Unis est-elle le symptôme ?
Les prochaines séances seront placées sous le signe de l’emploi aux Etats-Unis. De nouveau, comme avec l’inflation (il y a dix jours) ou les résultats de Nvidia (il y a une semaine), les chiffres concernant le marché du travail sont les plus attendus de l’année.
L’enjeu est important, car ils conditionneraient la décision de la Fed d’entamer son cycle de baisse des taux avec une réduction de 50 points au lieu de 25, si les créations d’emplois avaient connu une forte inflexion à la baisse au mois d’août.
Vous l’aurez deviné, nous sommes en train de vous faire marcher. Cela fait neuf mois que la première baisse de taux aurait dû avoir lieu, et nous devrions en être à la cinquième de l’année si le cycle avait débuté comme Wall Street l’espérait dès novembre 2023 ou à la fin de janvier 2024.
En ce qui concerne « LE chiffre » ou « LES trimestriels » les plus déterminants, plus les semaines passent, moins les marchés réagissent avec émotion à leur découverte.
Et s’agissant de l’éclairage que pourrait apporter le prochain rapport sur l’emploi, le chômage, les coûts salariaux, il faudrait être aveugle pour ne pas avoir constaté que le cumul des révisions à la baisse des nouvelles embauches flirte avec le million sur les 12 derniers mois, tandis que les rapport mensuels JOLTS (recensement des offres d’emploi « ouvertes ») ne cessent de se dégrader depuis deux ans.
Le mois dernier, le nombre de jobs à pourvoir a reculé de 3,3%, à 7,67 millions en juillet, contre 7,91 millions en juin, soit le niveau le plus bas depuis janvier 2021, et loin du consensus de 8,1 millions.
La tendance est on ne peut plus claire : depuis le pic de mars 2022, les offres d’emploi ont diminué de plus de 4,5 millions, soit -38%.
Pire, le nombre d’emplois à plein temps a chuté de deux millions en un an, vaguement compensé par du temps partiel.
L’essentiel des mouvements de fond cet été s’est déroulé dans des sphères assez éloignées de ce qui focalise l’attention des gérants : le flash krach de début août a trouvé son origine dans une grosse anomalie de volatilité sur le yen, entraînant un débouclement massif de positions en « carry trade » constituées majoritairement au Japon.
Le principal mouvement de marché des six derniers jours concerne le pétrole, qui vient de dévisser de 9 $ entre 81,5 $ et 72,5 $ sur le Brent (le WTI a également plongé de 12%, jusque sous les 70 $ sur le NYMEX).
Le pétrole se retrouve plombé par des chiffres d’activité faibles (PMI manufacturiers) aux Etats-Unis, en Chine et en Allemagne (Volkswagen pourrait fermer deux usines, pour la première fois depuis 87 ans !), ainsi que par la perspective de voir la Libye accélérer le rythme de ses exportations.
Et voilà qu’un mois et une semaine après un pic de volatilité sur le yen, on observe de nouveau des écarts d’une ampleur inhabituelle sur la parité yen/dollar, la devise nippone s’envolant de 1,5% face au dollar qui rechute vers 143,5, sous son plancher des 144/144,3 des 5 et 6 août dernier.
Et si cette baisse du dollar face au yen résulte d’une probable baisse de 50 points, combien faudra-t-il de temps pour que Wall Street traduise cela par un « risque de récession » ?
Il est peut-être temps d’y songer, car la courbe des taux américains vient de mettre fin ce 4 septembre à plus de 500 jours d’inversion, l’une des plus longues séquences de l’Histoire, et nous n’avons pas d’exemple en mémoire sur ces cinquante dernières années où ce basculement n’a pas débouché sur une récession.
Autre signe précurseur : la débâcle qui se poursuit dans le secteur de la distribution avec un plongeon sans précédent connu de 22% du titre Dollar Tree (-55% sur 2024). Il semble marcher sur les traces d’un autre spécialiste du hard discount du nom de Big Lots, avec -93%.
Il semblerait que les capacités de surendettement des classes les moins favorisées aient atteint leurs limites… Cela survient une semaine après le krach de 40% du n°1 chinois du hard discount en ligne, Pinduoduo (coté sur le Nasdaq), passé de 150 $ à 90 $ du 23 au 28 août.
Si le consommateur chinois lâche aussi l’affaire, après le krach immobilier de 2023, l’empire du Milieu marche sur les traces du Japon du début des années 1990.
Et les similitudes sont plus que frappantes : la Chine connaît, 33 ans après le Japon, le même genre d’effondrement démographique.
Si les Etats-Unis n’importaient pas massivement des immigrés depuis trois ans, à raison de 2,5 à 3 millions par ans, soit plus de la moitié de la croissance démographique… mais 11 millions sont des « illégaux » qui pourraient devoir quitter le sol américain si Trump était élu.