Attention à ne pas récupérer de l’eau de pluie illégalement ! C’est un bon moyen de se retrouver à sec… financièrement.
Les experts du climat nous prédisent une sécheresse record cet été – car « El Nino » est bien en place dans le Pacifique Sud, la garantie de dérèglements climatiques majeurs au cours des mois suivants. Cela a commencé ce weekend avec un puissant orage localisé sur l’Ile de France dimanche soir, et que Méteo France n’avait pas trop prévu, tout du moins pas d’une telle intensité (des parisiens ont été mouillés, c’est tout dire).
Il n’est cependant plus question de faire n’importe quoi avec l’eau tombée du ciel, comme nos ancêtre bipèdes humanoïdes l’ont fait en toute inconscience depuis des millions d’années, ou environ 300 000 ans pour les seuls homos sapiens se servant d’outils façonnés, et non de simples pierres pour assommer leurs proies.
Alors que près de 500 milliards de mètres cubes d’eau tombent sur la France sous forme de pluies – dont nous ne récupérons même pas 1%, contre près de 30% pour Israël – et alors que notre pays est bordé de mers et d’océans, offrant des possibilités de dessalement infinis, l’Etat français – accusé d’inaction climatique – se mêle évidemment des comportements « hydrauliques » de ses citoyens.
Quand ça va mal pour notre pays, c’est toujours de la faute du citoyen qui pense mal et agit mal… mais, heureusement, une technocratie éclairée est là pour le remettre dans le droit chemin et lui imposer une feuille de route qui l’oblige tantôt à marcher au pas cadencé, tantôt à sautiller, ou à sauter à pieds joints dans un ensemble de démarches administratives toujours plus originales pour reprendre « une vie normale ».
Piscine ou golf ?
Et cette « vie normale », compte tenu des caprices de la météo, vous n’êtes pas prêts de la retrouver en France, car il y aura toujours une anomalie climatique quelque part. Ou bien, à défaut, une anomalie anticipée par un modèle ubuesque et invérifiable. Du genre qui plait énormément en haut lieu, car c’est un excellent générateur de peur et donc un excellent outil de contrôle de la population.
La liste des départements où il va devenir illicite de remplir une piscine de quelques mètres cubes pour rafraîchir ses enfants s’allonge (vous pouvez retrouver la carte ici). Tandis que, à quelques centaines de mètres de là, les golfs et les champs de maïs continueront d’être arrosés à raison de plusieurs centaines de mètres cubes par heure, voués à s’évaporer à 60%. Par ailleurs, les restrictions d’usage (lavage de sa voiture, irrigation des pelouses et jardin) touchent déjà plus de 50% du pays.
Comme la France a gelé depuis des décennies ses programmes de constructions de barrages (allez savoir pourquoi !) et que les méga bassines font polémique (tiens, on retrouve les mêmes écologistes qui ont torpillé des centaines de projets de retenue d’eau d’EDF), le citoyen pourrait se laisser tenter par quelques initiatives individuelles ou collectives – inspirées de nos ancêtres – qui creusaient des étangs et des canaux, récupéraient l’eau tombée du ciel dans des tonneaux, etc.
Folie que de vouloir récupérer l’eau de pluie dans la France de 2023 : il y a des règles à respecter, et les ignorer peut vous coûter cher.
Vous n’imaginez même pas le nombre de « circonstances » qui vous placent au seuil de la délinquance !
Attention, pluie toxique
Tenez : posséder un récupérateur d’eau de pluie peut vous mener à écoper de lourdes amendes. Et même s’il n’est déjà pas simple de la récupérer, ce n’est rien à côté de ce qui rend possible son utilisation.
Votre récupérateur d’eau de pluie classique doit respecter les règles suivantes :
- l’eau récupérée doit avoir ruisselé sur une toiture qui n’est pas accessible au public (hors maintenance) ;
- le toit ne doit pas contenir de l’amiante ou du plomb ;
- l’eau doit être stockée dans une cuve soit hors-sol, soit enterrée… mais pas à même le sol ;
- il est interdit d’ajouter un produit antigel dans la cuve de stockage (les dégâts sur l’environnement en cas de dispersion via l’arrosage sont irréversibles, elle devient totalement impropre à la consommation) ;
- mais comme il est impossible d’être certain que l’eau stockée ne sera pas mélangée à un additif (produits anti-algues, chlore, sels décontaminant, etc.) , il est interdit de raccorder son réseau d’eau de pluie au réseau d’eau potable ;
- vous ne pouvez pas posséder à la fois des robinets d’eau potable et des robinets d’eau de pluie dans une même pièce et, si jamais des robinets d’eau de pluie existent, ils doivent être verrouillables ;
- les canalisations transportant de l’eau de pluie à l’intérieur des bâtiments doivent être repérables par un panneau clairement marqué « eau non potable » ;
- ces canalisations doivent avoir été installées par un professionnel (alors que rien ne vous empêche de refaire votre salle de bain et votre cuisine du robinet à l’évacuation par vous-même de A à Z) qui doit produire une fiche attestant de la conformité de votre installation lors de sa mise en service ;
- l’eau récupérée ne peut servir qu’à remplir la cuvette d’eau des WC, laver les sols ;
- pour laver du linge, un dispositif de traitement de l’eau adapté en sortie de machine est requis ;
- et, de façon presque miraculeuse, l’administration française vous autorise à utiliser l’eau tombée du ciel pour arroser votre jardin… mais nul doute que cela doit cogiter en haut lieu sur l’obligation de la faire passer à travers un filtre à particule.
Car l’eau du ciel est toxique : il est interdit de la boire, de l’utiliser pour cuisiner (même bouillie, vous êtes en danger de mort !) ou pour laver la vaisselle : 3,5 millions d’années de consommation irraisonnée nous ont conduit au bord de l’abîme, notre espèce est au bord de l’extinction.
Amende salée
Et oui, non seulement l’eau du ciel devient rare (à 500 milliards de mètres cubes près), mais il est interdit de tenter de la récupérer à grande échelle (barrages, étangs, bassines, aqueducs, etc.) et avec mille précautions à l’échelle individuelle, tant sa toxicité met votre linge ou votre vaisselle en péril.
Et dire que certains vous présentent les torrents comme des symboles de pureté, alors qu’une fois tombée sur le sol de votre terrasse ou sur votre toit, cette eau devient impropre à la consommation. Et ne vous avisez pas de la traiter, vous aggravez encore votre cas !
L’amende très salée que vous risquez si vous ne suivez pas toutes les mesures ci-dessus est la suivante : si l’eau de pluie que vous utilisez est rejetée dans le réseau d’assainissement collectif (le tout à l’égout ne contient que des eaux – certes polluées et nauséabondes – mais agréées par la commune et le syndicat des eaux avec lequel elle a conclu un contrat), vous devez en avertir la mairie… comme si vous aviez relâché des effluents chimiques ou radioactifs dans la nature.
Car si, par malheur, votre eau de pluie pollue le réseau, vous vous exposez à une amende de 45 000 € et à trois ans d’emprisonnement (article L.1324-4 du code de la santé publique).
Et si, après enquête, il apparaît que vos installations ne sont pas aux normes, les agents du service des eaux pourront, à l’issue d’un contrôle, procéder à la fermeture de votre branchement.
Tout cela sous le regard hilare de votre voisin qui déverse allègrement engrais azotés, nitrates et pesticides qui vont s’infiltrer dans la nappe phréatique en toute légalité… et, s’il s’agit d’un agriculteur, il ne tardera pas à réclamer aux citadins le versement d’un impôt sécheresse.
Parce que, dès que les premières chaleurs arrivent et qu’il fait beau 10 jours d’affilée, des fantasmes de vallée de la Loire transformée en vallée de la mort d’ici 10 ans et le Morvan en désert du Mojave commencent à proliférer dans les médias.
A se demander quand même si ce qui n’est pas le plus desséché « en haut lieu », ce ne sont pas les cerveaux. A moins que le but ne soit – de façon très rationnelle et très méthodique – d’invoquer le manque de liquidité dans les nappes phréatiques ou les rivières pour nous pomper une autre forme de liquidité, et nous mettre financièrement à sec !