La Chronique Agora

Malédictions et calomnies

Le défunt empire dégénéré décline plus rapidement que jamais.

Les injures que nous recevons se succèdent par vagues. Nous ne faisons qu’essayer de comprendre ce que nous voyons, mais certains n’apprécient pas nos analyses.

La folie des dot.com a commencé à s’estomper en mars 2000. Internet a été un grand succès, bien sûr. Mais son développement n’a pas conduit à une plus grande prospérité pour la plupart des gens. Aujourd’hui, on dit qu’une personne moyenne passe sept heures par jour devant un écran. Selon nous, la majeure partie de ce temps est perdue.

Puis le 11 septembre est arrivé. L’événement a montré que le grand empire – les Etats-Unis étaient alors au sommet de leur gloire – était profondément vulnérable. Un petit groupe de Saoudiens (pour la plupart), avec un budget limité, a lancé une attaque spectaculaire contre le coeur du capitalisme américain.

Les Etats-Unis n’avaient aucun moyen de riposter contre les terroristes. Ils n’avaient nulle part où aller. Les attaquants sont morts. Alors, les Américains, qui n’avaient pas de Gaza à attaquer, ont envahi l’Irak, qui n’avait aucun lien avec le 11 septembre.

L’un des partisans les plus vocaux de l’invasion de l’Irak était le chroniqueur du New York Times Tom Friedman. Dix ans après l’invasion de l’Irak, Charlie Rose, sur NPR, a demandé à Friedman quel était réellement le but de l’opération. Voici sa réponse :

« Ce qu’ils [les extrémistes islamiques] avaient besoin de voir, c’était des jeunes Américains allant de maison en maison – de Bassorah à Bagdad – qui disaient, en gros : ‘Je ne veux pas que les gens se fassent tuer. Quelle partie de cette phrase vous ne comprenez pas ? Vous pensez qu’on ne se soucie pas de notre société ? Vous pensez que nous allons laisser grandir votre fantasme de terrorisme ?’

Eh bien, prenez ça dans la face. C’était ça, Charlie, le but de cette guerre. Nous aurions pu frapper l’Arabie Saoudite… Nous aurions pu frapper le Pakistan. On a frappé l’Irak parce qu’on le pouvait. »

En 2003, l’empire était en perte de vitesse. Il devait montrer qu’il pouvait encore faire trembler les fenêtres et enterrer des enfants sous les décombres.

Mais cela coûte cher. Le coût total de la « guerre contre la terreur » s’est élevé à 8 000 milliards de dollars. Par coïncidence, c’est le montant que la Fed a « imprimé » depuis 1999.

C’est ainsi que la prochaine crise a été déclenchée.

Oui, il y a des schémas dans la vie. Des cycles. Des histoires avec des débuts, des apogées et des fins. Nous avons tous un rôle à jouer. Même la plus belle histoire jamais racontée a ses figurants.

Que serait le christianisme sans la crucifixion et la glorieuse résurrection ? Et pour que ces évènements aient lieu, il fallait une foule. Ponce Pilate a déclaré : « Je ne trouve aucune culpabilité en cet homme. » Mais la foule voulait du sang. « Crucifiez-le, crucifiez-le », a-t-elle réclamé.

Les gens finissent toujours par penser ce qu’ils doivent penser, lorsqu’ils doivent le penser. Ils ont besoin de jouer leur rôle. Ils doivent suivre le scénario.

Au début des années 2000, la fièvre de la guerre et de l’inflation a touché tout le pays. Sous couvert d’une « urgence nationale », toute les résistances ont cédé et les dollars sont sortis de la planche à billets.

Après le 11 septembre, la Fed a réduit de 500 points de base son taux directeur. Les Américains ont été invités à « dépenser, dépenser, dépenser » pour soutenir l’économie. Les autorités fédérales ont même financé un programme de « prime à la casse » pour stimuler les ventes d’automobiles.

Mais ce que les Américains ont acheté avec le plus d’empressement, ce sont les maisons. Certains les ont achetées pour y vivre, d’autres pour les revendre. En 2007, les taux ultra bas de la Fed ont créé une nouvelle bulle, cette fois-ci dans le secteur de l’immobilier. Les acheteurs ont trop acheté ; les prêts hypothécaires n’ont pas pu être remboursés.

Le constat était clair : la bulle immobilière allait éclater. Nombreux sont ceux qui avaient alors affirmé avec assurance que « l’immobilier ne se dégraderait jamais » et qui nous ont traités d’excentriques ou d’imbéciles.

Mais les familles ont fini par quitter leurs maisons trop chères en laissant leurs clés dans les boîtes aux lettres (et parfois en laissant l’eau couler). Les sociétés de financement hypothécaire ont fait faillite. Quatre millions de personnes ont perdu leur logement.

Puis, après la faillite de Lehman Bros… et la chute du marché boursier, la Fed s’est mise au travail… prouvant une fois de plus qu’il n’y a pas de calamité qu’elle ne puisse aggraver. Encore une grande urgence ! L’excès de crédit avait provoqué l’excès d’endettement. Quelle a été la réponse de la Fed ? Davantage de crédit – via une politique de taux zéro qui a régi le pays pendant les douze années suivantes.

Le tableau est devenu de plus en plus clair. Les Etats-Unis se sont comportés comme une république bananière en devenir, un pays surendetté et doté d’une élite incompétente et parasitaire. Mais c’était aussi un grand empire, qui a financé ses opérations futures à crédit… ce qui ne pouvait que déboucher sur de l’inflation.

En 2016, la guerre contre la terreur a échoué. Les citoyens du coeur des Etats-Unis ont passé 36 ans à essayer de garder la tête hors de l’eau. De plus en plus de gens ont commencé à percevoir le déclin de la nation.

C’est alors qu’un candidat à la présidence a reconnu que la nation était en train de déraper, et s’est engagé à « rendre à l’Amérique sa grandeur ».

Les gens voulaient croire que M. Trump y parviendrait. Il était le messie qu’ils attendaient. Mais la réalité était très différente de ce que beaucoup de gens voulaient voir.

Au cours des quatre années de mandat de M. Trump, la dette fédérale a augmenté plus rapidement que jamais dans l’Histoire, avec des déficits financiers plus importants que jamais, tandis que la croissance du PIB a ralenti pour atteindre son niveau le plus bas depuis la Grande Dépression. Pourtant, M. Trump n’a opposé son veto à aucun projet de loi sur les dépenses.

Il n’a exigé du Congrès aucun budget équilibré. Il n’a fermé aucune base à l’étranger, et n’a mis fin à aucune des aventures militaires désastreuses des Etats-Unis. Il a fait adopter une importante réduction d’impôts, mais n’a procédé à aucune coupe budgétaire pour compenser le manque à gagner. Il était au pouvoir lors des fermetures d’établissements dues à la panique COVID… que les chèques ont été distribués… et que la Fed a abaissé davantage les taux d’intérêt.

Sa guerre commerciale a été un échec, comme tout le monde l’anticipait. Sous la direction de M. Trump, la nation s’est affaiblie. Et les millions de travailleurs – ceux que M. Trump s’était engagé à aider – se sont endettés plus que jamais.

Mais attendez, ce n’est pas tout. Le défunt empire dégénéré décline désormais plus rapidement que jamais. Joe Biden a repris le flambeau là où Donald Trump l’avait laissé. Plus d’’inflation. Plus de stimulants. Plus de cadeaux. Plus de sanctions. Et plus de guerres.

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