La Chronique Agora

MAGA : L’art de retourner sa veste

The red figure of a person exerts influence and pressure on a group of individuals to alter their opinions and perceptions of reality. Manipulation, informational stuffing, provocation, and specula...

Face à l’autorité, beaucoup préfèrent courber l’échine… quitte à renier leurs principes et à marcher au pas des escrocs.

Pour reprendre le rythme de la vie au ranch, nous avons passé une partie de la journée d’hier à vacciner les veaux. La loi impose ces injections contre des maladies qui, grâce à l’altitude et à l’isolement de la vallée, sont heureusement absentes d’ici.

© Bill Bonner

Comme souvent au ranch, cette tâche demande de nombreuses mains. Hier, nous étions sept à œuvrer dans le manga – le couloir de contention du bétail. Hélas, la révolution menée par Milei a renchéri le coût de cette main-d’oeuvre, aussi bien en pesos qu’en dollars. Avec l’appréciation de la monnaie locale, le salaire journalier a plus que doublé en quelques années : d’environ 8 dollars par jour en 2023, lors de notre dernière venue, il faut désormais compter près de 18 dollars par gaucho.

Mais au moins, ils travaillent dur — et bien.

De retour aux Etats-Unis…

A l’époque où Marco Rubio se rêvait en président, il annonçait un avenir qui, visiblement, tarde à se réaliser :

« Pendant des années, beaucoup de gens à droite, dans les médias et parmi les électeurs, vont devoir expliquer et justifier comment ils sont tombés dans ce piège en soutenant Donald Trump. »

Mais Lil Marco lui-même va devoir s’expliquer. Car avant de se rallier à Trump, il tenait ce discours :

« Il prétend défendre les petites gens, mais il a passé toute sa carrière à les exploiter. […] Si vous avez des amis qui envisagent de voter pour Donald Trump… rappelez-vous que les vrais amis n’encouragent pas leurs amis à voter pour un escroc. »

Un jour, un doctorant consacrera sa thèse à la vitesse à laquelle certains léopards sont capables de changer l’aspect de leurs tâches. Et il se penchera sur cette étrange faculté qu’ont des personnes intelligentes, parfois même fières, à assister à une réunion du cabinet de la Maison-Blanche… en gardant la tête haute.

Prenons le pauvre secrétaire d’Etat. Aujourd’hui, alors qu’il a rejoint l’équipe de la Maison-Blanche, il ne tarit pas d’éloges sur l’escroc :

« Vous savez, avec le temps, vous finissez par apprécier la façon dont Trump a donné une voix à ce sentiment qui avait besoin d’être entendu et qui avait besoin de transformer notre parti. Merci @POTUS de défendre les Etats-Unis comme aucun président n’a jamais eu le courage de le faire auparavant. Merci de faire passer le pays en premier. Nous sommes avec vous ! »

La semaine dernière, nous avons commencé à examiner comment les Grands Chefs parviennent à rallier à leur cause les larbins, les béni-oui-oui et les lèche-bottes, même lorsque leurs politiques sont désastreuses pour l’immense majorité de la population.

Rien que d’y penser, nous en frissonnons. Et vous, cher lecteur, frissonnerez peut-être aussi en repensant aux simulacres de procès et aux goulags de Staline. Aussi cruels et inutiles qu’ils aient été, « le peuple » les a acceptés. Tout comme il a enduré la folle « révolution culturelle » de Mao… son chaos et sa famine ont fait 50 millions de morts.

Là encore, il n’y a pas eu de résistance structurée. Et alors que l’odeur des cadavres flottait encore dans l’air de l’Extrême-Orient, Pol Pot a organisé une version encore plus meurtrière de la révolution culturelle au Cambodge. Les idées étaient délirantes. Les dirigeants étaient des idéologues assoiffés de sang. Mais la nouvelle élite marxiste, et les paysans se sont soumis, même si leurs amis et leur famille étaient morts. Avant la fin de la guerre, environ un homme sur trois dans le pays a péri.

Et que dire des confinements liés au COVID ? Un mois à peine après le début de la pandémie, il était devenu évident qu’il n’y avait rien à gagner à empêcher les gens de travailler. Les personnes en âge de travailler mouraient rarement de la maladie, et celles qui étaient vulnérables pouvaient facilement rester chez elles.

Et pourtant, ceux qui critiquaient ces mesures ont été accusés de « meurtres de masse ». Les sceptiques ont préféré se taire. La population a suivi le mouvement — il faut dire que des « chèques » généreux et des prêts non remboursables ont bien aidé. Résultat : les confinements auraient coûté aux Etats-Unis environ 16 000 milliards de dollars.

L’histoire des divers gouvernements des Grands Chefs est rarement jalonnée de grâce ou de succès. Et il semble que, lorsqu’on laisse des gens « supérieurs » décider à notre place, on hérite presque toujours d’escrocs… ou d’imbéciles.

Le Grand Chef n’a guère de mal à trouver ses partisans. L’un des revirements les plus remarquables dans l’histoire du lèche-botisme inconstant s’est produit récemment aux Etats-Unis, lorsque Lil Marco et d’autres républicains de premier plan se sont rangés dans les rangs de la foule MAGA.

Prenons un autre exemple : Lindsey Graham. The Atlantic rapporte :

« Petit et rondouillard… à l’école, on le surnommait ‘boule puante’. Il a toujours été attiré par des figures plus grandes que nature — ces ‘chiens alpha’, comme il les appelait. »

Graham fut un fervent never Trumper. Il affirmait que Trump était un « idiot complet », « xénophobe, raciste et bigot religieux ». A l’écouter, son élection serait un « désastre total ».

Mais Trump a été élu. Deux fois. Et aujourd’hui, Graham affirme que Trump « fait un très bon travail sur plusieurs fronts ». Il ajoute : « J’ai déterminé que nous ne pouvions vraiment pas avancer sans lui. »

Evidemment, les principales boules puantes — Graham, Rubio, Cruz, Musk, et d’autres — ont un intérêt évident : le pouvoir. Trump le détient. Ils le convoitent. Et ils sont prêts à troquer toute trace de dignité ou de jugement indépendant qu’ils possédaient autrefois pour en grappiller un peu.

Mais qu’en est-il des membres ordinaires du Congrès ? Pourquoi renoncent-ils aussi facilement à leurs valeurs traditionnelles, comme des cafards qui sortent de leur carapace, révélant une créature encore plus répugnante dessous ?

Plutôt que de risquer de se retrouver à contre-courant du Grand Homme, en s’accrochant à leurs principes, au bon goût ou au simple bon sens, ils rampent. Comme l’a dit Graham, ils transpirent pour rester « pertinents ».

Mais qu’est-ce que cela signifie dans un empire en déclin avancé et moralement dégénéré ? Et surtout quel désastre cela présage-t-il ?

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