La Chronique Agora

La machine de guerre, toujours présente

Quel sort sera réservé aux Palestiniens ?

Selon les Israéliens, les combattants du Hamas sont des « animaux ». L’ambassadeur d’Israël en Allemagne, Ron Prosar, les a qualifiés d’« animaux sanguinaires et assoiffés » (l’anglais n’est pas sa langue maternelle). Et voici ce qu’a dit Nikki Haley, candidate à la Maison-Blanche :

« Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre Israël, mais aussi d’une attaque contre les Etats-Unis. Il faut les éradiquer @Netanyahu. »

Le lien entre l’attaque du Hamas et les Etats-Unis n’a pas encore été démontré. Mais les Etats-Unis sont souvent impliqués dans des guerres à l’étranger. La Grande Guerre de 1914-1919 n’était pas une attaque contre les Etats-Unis… et le Viêt Nam ou l’Irak n’avaient pas non plus l’intention d’attaquer le pays. Pas plus que la Russie. Ni la Chine.

Mais la haine se propage ! Une fois de plus, les gentils s’opposent aux méchants. Et si vous ne savez pas qui est qui, c’est que vous ne regardez pas assez la télévision. Ou bien, vous êtes coupable d’ »ambivalence morale »… ou de trahison. On attend de vous que vous vous positionniez. Dieu murmure aux oreilles des Américains, qui savent quel crime de haine ils tolèrent. Le républicain Marco Rubio a donné son avis :

« Je ne pense pas qu’Israël pourrait coexister ou trouver une issue diplomatique avec ces sauvages […]. C’est impossible. Il faut s’en débarrasser. »

Le mur de fer

L’incitation à l’éradication d’une population constitue-t-elle un crime de haine ? Un crime de guerre ? Il est fascinant de voir à quel point les « crimes de haine » sont perpétués et adaptables à l’infini. Aux Etats-Unis, l’idée est de haïr les groupes qui ne suivent pas le programme choisi par l’élite. A l’étranger, les méchants sont ceux qui constituent un ennemi idéal pour l’ensemble de la nation.

Les descriptions du « ghetto » de Gaza sont impressionnantes. Le mur, destiné à empêcher les « animaux » de s’échapper, est équipé d’une large base en béton, comprenant des capteurs souterrains pour détecter tout creusement de tunnel. Le béton est surmonté d’une clôture métallique de plus de six mètres de haut – impénétrable – surmontée de fils barbelés, de radars et d’autres capteurs.

Le projet a été annoncé publiquement en 2016, après que le Hamas a utilisé des tunnels souterrains pour attaquer les forces israéliennes lors de la guerre de 2014. Plus de 140 000 tonnes de fer et d’acier ont été nécessaires à sa construction selon Reuters, et des centaines de caméras, de radars et de capteurs ont été installées. L’accès à la clôture du côté de Gaza est limité aux agriculteurs, à pied. Du côté israélien, des tours d’observation et des dunes de sable ont été mises en place pour anticiper toute menace, et empêcher les intrus de pénétrer le territoire.

En 2021, le ministre de la défense de l’époque, Benny Gantz, avait déclaré que cette barrière constituait un « mur de fer » entre le Hamas et le sud d’Israël.

Il y a 80 ans, les Juifs étaient confinés dans leurs propres « zones autonomes » (alias ghettos et camps de concentration). Dans le ghetto de Varsovie, il n’y avait souvent pas d’eau chaude, les gens étaient les considéraient comme des « sous-hommes ».

La vie dans le ghetto

Le Musée national de la seconde guerre mondiale décrit la construction à Varsovie :

« Une fois achevé, le mur du ghetto s’élevait à 3 mètres de haut. Des barbelés l’entouraient. En avril 1941, près de 450 000 Juifs étaient incarcérés – il n’y a pas de mot plus approprié – derrière l’enceinte. Les entrées et les sorties étaient soigneusement limitées. Quitter le ghetto sans autorisation était passible de la peine de mort, tout comme aider quelqu’un à s’en échapper. 

Dans ce contexte, employer l’adjectif ‘surpeuplé’ est une offense. Les habitants du ghetto vivaient dans un espace urbain étendu sur à peine 2 km. Dans cet espace minuscule et exigu, des calculs inhumains guidaient la politique alimentaire des nazis. Les rations étaient réduites à environ 180 calories par jour et par personne. »

Les deux ghettos ont été créés pour marginaliser un groupe de victimes. Les gouvernements veulent de la cohérence et de l’obéissance. Les groupes dissidents, ou parfois simplement différents, sont étiquetés, marginalisés, expulsés ou « éradiqués ». Tout le monde doit marcher au même rythme… tous les coeurs doivent battre à l’unisson – au diapason de l’élite, bien entendu.

« De l’endiguement à l’éradication »

Les lois de Nuremberg de 1936 ont déchu les Juifs de leur citoyenneté allemande. Auschwitz a ouvert ses portes en 1939.

Aujourd’hui, en Israël, les Juifs du monde entier sont libres d’immigrer et d’obtenir la citoyenneté. Les Arabes ne le sont pas. Les enfants de couples mixtes juifs-arabes n’ont pas non plus le droit d’immigrer en Israël. « Mille vies de non-Juifs ne valent pas l’ongle d’un Juif », a déclaré un conseil de rabbins.

Les Juifs de Varsovie se sont défendus contre les Allemands, mais seulement lorsqu’il est devenu évident que ces derniers avaient l’intention de les exterminer. Ils se sont battus pendant un mois… puis ils ont été éradiqués.

Quant aux Palestiniens de Gaza, leur sort est encore indécis. Nombreux sont ceux qui, en Israël, estiment qu’ils devraient être « éliminés ». Ron Prosar, cité plus haut, a déclaré que la politique était passée de « l’endiguement à l’éradication ». Quoi qu’il en soit, la machine de guerre américaine sera là pour les aider.

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