Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Si vous aimez les minières, vous le connaissez sûrement. C’est l’un des plus grands experts mondiaux en la matière. Sa passion ? Les métaux précieux.
Tout a commencé à Londres. C’est là qu’est née sa passion. Graham Birch sort de l’Imperial College avec un diplôme de géologie minière en poche et se lance dans les marchés en 1984. Il deviendra gestionnaire d’un fonds matières premières en 1993 — et là, il va se faire un nom. Son équipe fait fureur.
Regardez les performances qu’il atteint : en hausse de 50% sur les six derniers mois, son fonds affiche un rendement moyen annuel de 40% sur les cinq dernières années. Pas de doute, c’est un pro. Un très bon…
Son succès est tel qu’il gère aujourd’hui un pactole de 40 milliards de dollars. C’est probablement le plus gros acheteur d’actions aurifères au monde…
Ce qu’il recherche avant tout ? L’effet de levier…
C’est la raison pour laquelle il achète des parts dans les minières et non du métal physique. Comme il le dit lui-même : "si vous achetez de l’or, vous pariez juste sur le prix de l’or. En achetant des titres de minières, vous pariez aussi sur le taux de change, l’expérience et la qualité des minières et de leur management, le risque politique…
La minière offre incontestablement un effet de levier sur l’or métal. Simone Wapler le résume parfaitement au travers d’un exemple concret. Regardez :
L’action croît plus vite que son sous-jacent
"Les actions minières présentent l’avantage d’avoir un effet de levier sur le sous-jacent. Supposons qu’un métal, qui cotait 100 $ la tonne, voit son cours monter à 110 $. Le sous-jacent et le certificat augmentent donc de 10%. Parallèlement une minière dont les frais d’extraction se montaient à 50 $ voit sa marge passer de 50 $ à 60 $, soit une augmentation de 20%. Les cours étant généralement un multiple des résultats, l’action minière augmente plus vite que la matière première sous-jacente."
"L’effet de levier est encore plus important avec les exploratrices et les juniors. Ces entreprises ne produisent pas encore ou très peu. Elles sont valorisées sur la base de la qualité des prélèvements géologiques déjà réalisés, des concessions accordées ou d’une production partielle. Au cours de sa mutation d’exploratrice en productrice, le cours est multiplié par plus de 10, parfois plus de 50".
Quel sera l’impact de la crise américaine sur les matières premières ?
Vous vous demandez sans doute ce que Birch pense de la situation ? D’après lui, la correction boursière ne devrait avoir qu’un impact limité sur les matières premières. Le risque de récession existe aux Etats-Unis, mais il n’anticipe pas de récession mondiale. Birch est adepte du découplage entre les Etats-Unis et les pays émergents (BRIC en tête). En clair, les centrales nucléaires en cours de construction en Chine ou les usines d’acier sur le point d’émerger des sols indiens n’ont que peu de choses à voir avec la situation boursière à Wall Street. Ce n’est pas parce que la bourse chute et que l’activité américaine ralentit que la construction d’usines va s’arrêter dans les BRIC. Ces derniers ont des besoins réels et urgents à assouvir.
Pour Birch, l’activité économique mondiale est en pleine mutation : les forces sous-jacentes sont en train de se déplacer de l’Ouest vers l’Est. Et ceci ne peut que soutenir la demande pour les matières premières.
Vous devez investir dans des matières dont le monde a besoin pour vivre et se développer. C’est aussi simple que cela.
Les secteurs porteurs en 2008 ?
Birch ne voit aucune raison pour que toutes les classes d’actifs matières premières se mettent soudain à s’affaiblir. Comme il le dit lui même "il n’y a pas de recul de la demande de fer, ni de charbon… Les métaux précieux ne montrent aucun signe d’affaiblissement". Concernant le marché de l’or, Birch est toujours aussi haussier ! Tout simplement parce que la demande dépasse largement l’offre. Il s’attend aussi à une envolée des cours du rhodium qui dopera le cours des minières du secteur. A bon entendeur…
Quant au brut, il reste accroché non loin de ses sommets. Selon Birch, aucun signe avant-coureur ne permet de dire que la demande pour les produits agricoles va baisser. La seule classe d’actifs qui pourrait selon lui s’affaiblir sont les métaux de base (industriels). Normal, ils sont partiellement corrélés à l’activité économique américaine.
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
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