La Chronique Agora

L'Inflation arrive !

▪ Selon les commentateurs financiers sur la période actuelle, le Président de la Réserve Fédérale Ben Bernanke est soit un génie soit un crétin. Mais votre correspondant californien propose une perspective légèrement différente : selon lui, Bernanke est un génie… qui a adopté un comportement crétin.

Il est "un peu trop malin", comme on dit.

Le président de la Réserve fédérale est un brillant universitaire qui maîtrise son vocabulaire sur le bout des doigts. Il est autant à l’aise dans les subtilités du dictionnaire que dans les théories monétaires les plus réputées, passées et présentes. Mais là réside le problème. Lorsqu’un langage raffiné se mêle à des réflexions monétaristes cela produit un bâtard comme le quantitative easing (assouplissement quantitatif).

Le président Bernanke décrit le quantitative easing (QE) comme "une simple politique monétaire. Une politique monétaire implique [toujours] un échange d’actifs — essentiellement, l’acquisition de bons du Trésor et leur échange contre d’autres sortes d’actifs". "Faux !" s’insurge James Grant, rédacteur du Grant’s Interest Rate Observer. "La vérité est que dans le QE il ne s’agit pas d’un échange d’actifs mais plutôt de tour de passe-passe sur le dollar". Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse.

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Le quantitative easing est autant une "simple politique monétaire" que la pornographie est du "simple cinéma". Le QE et la pornographie utilisent tous deux les conventions d’activités traditionnelles afin de conduire et de légitimer des activités discutables. Le Président Bernanke considère que le quantitative easing est une oeuvre d’art — un chef d’oeuvre monétaire. Mais pour la plupart de ceux qui sont à l’extérieur, le QE ne ressemble qu’à un porno monétaire.

▪ L’agence de notation chinoise Dagong a dédaigneusement qualifié le QE de "pratique qui consiste à boire du poison pour étancher sa soif… En vérité, la dépréciation du dollar adoptée par le gouvernement américain indique que sa solvabilité est à deux doigts de s’effondrer".

Sûr de son fait, le Président Bernanke s’accroche à ses théories et à ses euphémismes ampoulés. Même si l’assouplissement quantitatif n’est en fait rien d’autre qu’un "tour de passe-passe sur le dollar", le président Bernanke n’a de cesse de le décrire comme une tactique monétaire hautement sophistiquée. Selon ses dires, le QE est l’invention monétaire ultime — c’est bon pour ce que vous avez et cela n’a aucun effet secondaire… ou du moins aucun que nous connaissons.

Selon le point de vue de Bernanke, le QE propose un goût sucré sans aucune des calories qui accompagne une politique monétaire légitime. Il est si sûr de lui qu’il mène son opération d’impression de billets sans la moindre pudeur — au vu et au su de tous. Jamais un génie ne s’est comporté de façon aussi crétine.

Jadis, comme le fait remarquer James Grant, les émetteurs d’une monnaie souveraine "dépréciaient subrepticement, comme s'[ils] avaient honte [d’eux]… Bernanke, au contraire, agit au vu de tous, aussi transparent que Facebook".

La campagne du QE2 proposée par Bernanke n’est pas simplement transparente ; elle est casse-cou. La Fed prévoit d’acheter presque 100% du total net des émissions du Trésor. "Au cours des cinq prochains mois", observent Stone & McCarthy Research Associates, "l’achat par la Fed de 550 milliards de dollars équivaudrait à 94,2% des 584 milliards de dollars d’émissions nettes du Trésor".

En imprimant de la monnaie de façon si transparente, Bernanke semble défier les créditeurs des Etats-Unis de battre des paupières. Pour l’instant, la plupart des créditeurs se contentent de se frotter les yeux avec incrédulité. "Les créditeurs de l’Amérique ont écouté Bernanke au début, sans le croire", écrit Grant. "Ils viennent juste d’accepter ce fait ahurissant : le régisseur de la monnaie dans laquelle est valorisée une part importante de leur richesse nationale pousse vers l’inflation (un peu seulement, selon lui)".

Mais les créditeurs de l’Amérique n’acceptent pas ce fait stupéfiant avec résignation ; bien au contraire, ils se rebellent. Ils se débarrassent des actifs valorisés en dollars et ils s’éloignent sur la pointe des pieds du marché long terme du Trésor américain. Apparemment, beaucoup d’investisseurs commencent à craindre que les effets secondaires inconnus du QE2 de Bernanke ne soient entièrement connus lorsque les bons à 30 ans parviendront à maturité.

Les rendements des bons à long terme ont fortement augmenté au cours des trois derniers mois, même si cela n’a pas été le cas des rendements des bons à court terme. Résultat : la courbe des taux "s’accentue" et l’écart de rendement entre les bons du Trésor à 30 ans et à 5 ans a atteint son plus haut niveau en plus de trois décennies.

Certes, bon nombre de tendances et d’influences pourraient contribuer à ce phénomène. Le processus du QE lui-même aide à supprimer les rendements à court terme sur la courbe des rendements, introduisant ainsi un biais dans la relation entre les rendements à court terme et les rendements à long terme. Néanmoins, la forte hausse récente des rendements long terme du Trésor semble envoyer un message clair : l’Inflation arrive.

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