** L’été commence dans deux jours. Nous nous en réjouissons. Il promet d’être meurtrier.
* Plusieurs choses intéressantes vont probablement se produire cet été.
* 1) Le taux de chômage va grimper. 2) Cette hausse du chômage augmentera les défauts de paiement, les saisies et les faillites. Pas uniquement au niveau des consommateurs — mais dans tout le système… y compris les banques, les états, les entreprises ainsi que les ménages.
* Oh… et une dernière chose : les obligations américaines pourraient s’effondrer. Mais attention, c’est là que les choses se compliquent un peu. Un nouvel évanouissement du marché boursier pourrait envoyer les investisseurs à la recherche de leurs sels, sur le marché de l’immobilier. Un effondrement des cours boursier, en revanche, pourrait les envoyer pêle-mêle dans les actions.
** Il est impossible de prédire ce qui se passera — ou quand — sur les marchés. Prêtons donc attention à l’économie réelle. Nous y voyons le tableau plus clairement : nous sommes dans une dépression. Nous écrivons "dépression" avec un petit "d". Nous gardons le "D" majuscule pour plus tard.
* Peu d’économistes ou d’analystes vous diront que nous sommes dans une dépression. Ils surveillent les "jeunes pousses" et les courbes en hausse. Ils feraient mieux de lire un peu d’histoire — comme par exemple celle de la Grande Dépression.
* Martin Wolf dans le Financial Times (rapportant les résultats d’une étude par deux professeurs américains) :
* "Premièrement, la production industrielle globale suit d’horriblement près le déclin de la production industrielle durant la Grande Dépression. En Europe, le déclin de la production industrielle de la France et de l’Italie est pire actuellement que dans les années 30 ; celui du Royaume-Uni et de l’Allemagne est à peu près similaire. Les déclins des Etats-Unis et du Canada sont également proches de ceux des années 30. Mais l’effondrement industriel du Japon a été bien pire que durant les années 30, en dépit d’une reprise très récente".
* "Deuxièmement, l’effondrement du volume du commerce mondial a été bien pire que durant la première année de la Grande Dépression. En fait, le déclin du commerce mondial au cours de la première année équivaut à celui des deux premières années de la Grande Dépression. Ce n’est pas à cause du protectionnisme, mais à cause de l’effondrement de la demande de biens manufacturés".
* "Troisièmement, en dépit du récent rebond, le déclin des places boursières mondiales est bien plus conséquent que durant la période correspondante de la Grande Dépression".
* "Les deux auteurs tirent une conclusion radicale : ‘au niveau mondial, nous reproduisons la Grande Dépression, ou faisons pire encore’."
** Hier, nous proposions deux conditions sine qua non pour un nouveau boom. Soit les autorités ressuscitent l’ancienne économie — en poussant les gens à emprunter et dépenser plus d’argent. Soit les erreurs du passé doivent être corrigées… suite à quoi de nouveaux investissements et la croissance peuvent se produire. Alors que l’économie de marché travaille activement à la seconde solution, les banques centrales et les gouvernements du monde entier tentent de l’arrêter. Ils doivent répondre à des électeurs et des contributeurs, dont aucun ne veut avoir ce qu’il mérite. Au lieu de cela, ils espèrent ressusciter la Bulle Epoque. Les citoyens sont déjà endettés jusqu’au cou… mais les autorités font grimper le niveau de l’eau !
* Ce flot de liquidités semble faire flotter les navires et l’instinct animal des spéculateurs. Mais il ne fait rien pour ressusciter l’économie réelle.
* "Les prix à la consommation enregistrent leur plus grande chute des six dernières décennies", rapporte Bloomberg. L’Europe est déjà en déflation. Les Etats-Unis ne sont pas loin derrière. Nous avons eu du mal à suivre l’article de Bloomberg. Il affirme que les prix à la consommation sont 1,3% inférieurs à ceux d’il y a 12 mois. Nous ne pensons pas ce soit le cas. Nous pensons plutôt que Bloomberg voulait dire que les prix augmentent à leur rythme le plus lent de ces six dernières décennies… mais, pour l’instant, l’inflation est encore (tout juste) positive.
* Alors que les prix chutent, l’inflation est bien la dernière chose dont s’inquiètent les autorités. Sauf qu’il n’y en a pas. Et ils s’inquièteront bien plus durant l’été, lorsqu’un soleil écrasant baignera une économie sans vie, et qu’il deviendra évident que leurs efforts de relance ont échoué.