La Chronique Agora

L'été de tous les dangers (1)

Par Frédéric Laurent (*)

C’est l’histoire d’un fou qui se jette par la fenêtre de son bureau du 50ème étage. Arrivé au 40ème, il dit : "jusqu’ici tout va bien !"

Eh bien, remplacez "fou" par "banquier", et vous aurez une idée de la situation actuelle…

Nous nous rapprochons de plus en plus du macadam, nous sommes prêts à nous écraser et pourtant on voudrait continuer à nous faire croire que tout va bien. Moi, cette histoire me fait rire jaune : je ne trouve que l’humour pour évoquer la situation économique catastrophique dans laquelle nous sommes et qui devrait pour certains friser la correctionnelle devant tant d’irresponsabilité.

Happy birthday subprime !
Cela va faire un an que la crise du subprime terrasse le monde de la finance. A plusieurs reprises, je vous ai dit de vous méfier de la langue de bois des banquiers. Cela se vérifie dans les faits. A chaque instant, ils osent vous dire que la situation se clarifie, et surtout que leur banque est à l’abri de telles pertes.

Mais soyons indulgent, cher lecteur, il ne faut pas en vouloir à ces pauvres PDG, dont les salaires s’élèvent à plusieurs millions de dollars par an. Ils ne connaissent en fait même pas le nombre de dossiers pourris qu’ils ont dans les comptes de leur banque. Ils en font la découverte à chaque nouveau bilan trimestriel ! C’est toute l’absurdité de la situation : la titrisation des crédits à risques a permis de sortir les créances de leur bilan et a fait porter le risque à d’autres banques. Le risque s’est donc disséminé partout, et chez tous ! Rassurant comme situation, ne trouvez-vous pas ?

Parachute doré : à qui le tour ?
Mais comme les banquiers sont extrêmement prévoyants — sûrement plus pour leurs comptes personnels que pour les comptes de la banque qu’ils dirigent –, ils se sont votés des parachutes dorés, — que dis-je, pour certains en or massif. A se demander d’ailleurs si leur objectif n’est pas de se faire évincer par le conseil d’administration après de "bons et loyaux services" et d’aller se prélasser au soleil après avoir empoché le jackpot. Et, pour les plus malins d’entre eux, monter un hedge fund avec la bienveillante sollicitude de leurs anciens actionnaires.

Les fonds souverains et les banquiers : les Zorro de la finance moderne
Revenons-en à nos banquiers qui se doutent bien que la situation n’est pas rose sans jamais vouloir se l’avouer. Citons par exemple UBS, les grandes banques d’affaires américaines comme Citigroup, Merrill Lynch, Lehman Brother… Que font-ils en ce moment ? Ils appellent les pompiers de service que sont aujourd’hui les fonds souverains. Un fonds souverain, c’est un fonds de placements financiers (actions, obligations, etc.) détenu par un Etat. Il gère l’épargne nationale et l’investit dans des placements variés (action, obligations, immobilier etc.). Les fonds souverain les plus connus sont les fonds des états pétroliers ou de la Chine.

Richement dotés par les plantureux résultats provenant de l’industrie pétrolière (ou toute autre nouvelle source de richesse), ils arrivent tel Zorro pour offrir un gros chèque en contrepartie d’une participation au capital à un prix bien réduit compte tenu des conditions de marché.

Les banquiers sont comme Bernardo, le serviteur de Zorro : ils ne parlent pas. Au début du siècle dernier, on avait pour habitude de parler de l’armée sous le terme de "la grande muette". Au début du 21ème siècle, ce terme pourrait fort bien être repris par nos grands dirigeants de banques.

Le tragique actuel, c’est que les banques ne se font plus confiance entre elles. Forcément, elles connaissent les habitudes du secteur. Ce qui accentue la crise de liquidité et de crédit que nous sommes en train de vivre.

La suite dès demain…

Meilleures salutations,

Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora

(*) Frédéric travaille depuis plus de 20 ans dans la gestion de patrimoine. Il a fait ses débuts dans une société d’assurance avant de s’intéresser de plus près à la finance et aux marchés. Il a alors travaillé pendant quelque temps pour Merrill Lynch, puis s’est exilé au Luxembourg, où il a appris jusqu’aux moindres détails de la gestion de fortune et de patrimoine.

Frédéric a ensuite fondé sa propre société de gestion de patrimoine. Cela lui permet de mener ce qu’il considère comme une véritable mission : aider les investisseurs comme vous à prendre réellement soin de leur patrimoine — le protéger, le faire croître quoi qu’il arrive… sans prendre de risques. C’est ce qu’il fait semaine après semaine dans le cadre du service Protection & Rendement : n’attendez pas pour profiter de ses conseils, vos finances  pourraient s’en trouver transformées !

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