La Chronique Agora

Les turbulences sur les marchés vont-elles affecter les prévisions de croissance de la Zone euro ?

▪ Les prévisions de croissance plus faibles de l’économie mondiale commencent à affecter les prévisions de croissance dans la Zone euro.

L’indice des directeurs d’achat (PMI) indique que la croissance dans la Zone euro est à son plus bas depuis un an. Les marchés actions ont réagi par une forte baisse des cours, mais la politique monétaire ultra-expansive de la BCE a immédiatement permis une récupération partielle des pertes. Les marchés semblent dépendre entièrement du QE. Même quand la baisse est justifiée par des raisons fondamentales, la BCE se croit obligée d’intervenir avec de nouvelles injections de liquidité.

Comme le montre le graphique ci-dessous, sur les 15 dernières années, il y a eu une forte corrélation entre le PMI et l’évolution du PIB réel.

L’indice PMI s’est révélé pendant tout ce temps comme un indicateur avancé suffisamment fiable pour l’économie. Ce sont les directeurs d’achat qui connaissent le mieux l’avancée des nouvelles affaires et des bénéfices à venir de leur entreprise et donc qui passent leurs commandes en conséquence. L’économie est alors affectée avec un décalage de six mois environ.

Un PMI à 50% marque la limite entre expansion et récession. Au-dessus de cette limite, il y a l’espoir que l’économie de la Zone euro puisse prendre plus de vitesse

Un PMI à 50% marque la limite entre expansion et récession. Au-dessus de cette limite, il y a l’espoir que l’économie de la Zone euro puisse prendre plus de vitesse. Malgré la correction de l’indice le mois dernier, l’industrie et le secteur des services ne sont pas passés sous la barre des 50% ; l’optimisme est donc justifié.

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Le léger recul de 54,3 en décembre à son niveau actuel de 53,5 — un plus bas depuis février 2015 — montre quant à lui que le rythme de la croissance diminue. Le carnet de commandes existant est au plus haut depuis quatre ans et demi. La croissance du PIB pourrait donc rester inchangée entre 0,3% et 0,4% ce trimestre. Le pétrole moins cher est un stimulant économique fort.

▪ Attention à la spéculation…
On doit souligner que le PMI est un indicateur du ressenti. L’humeur peut changer rapidement et présenter de grandes variations, comme le montre, par exemple, l’évolution de l’indice de climat des affaires IFO. Un apaisement de la crise géopolitique actuelle serait indispensable pour atteindre un développement économique plus satisfaisant dans la Zone euro.

Cependant, une spéculation à ce sujet reste très risquée ; les doutes sur la question de savoir si cela peut être atteint dans un avenir prévisible sont tout à fait justifiés. Le haut niveau d’incertitude se traduit par la hausse des prix sur les marchés des métaux précieux, ce qui indique que les investisseurs sont à la recherche d’abris sûrs. Un autre facteur d’incertitude est l’agitation croissante sur le marché des devises. Dans ce contexte, on peut s’attendre à de nouvelles surprises.

La BCE ne laisse pas de doute quant à la poursuite de sa politique monétaire ultra-expansive

La BCE ne laisse pas de doute quant à la poursuite de sa politique monétaire ultra-expansive. Le président de la BCE, Mario Draghi, a signalé les effets négatifs d’un trop faible taux d’inflation. Si l’inflation est inférieure d’un point de pourcentage à l’objectif des 2% par an dans les cinq prochaines années, le secteur privé dans la Zone euro risque un passif supplémentaire de quelque 700 milliards d’euros. De plus, la crédibilité de la BCE pourrait en pâtir s’il apparaissait que la Banque n’a pas fait tous les efforts possibles pour atteindre son objectif.

Pour cette raison, la BCE continuera ses efforts pour obtenir la stabilité des prix et une reprise économique solide. Toutefois, la politique monétaire seule ne sera pas en mesure d’atteindre ce but. D’autres instances politiques doivent prendre en charge cette stratégie et protéger la Zone euro contre les risques extérieurs.

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, s’inquiète qu’avec l’augmentation des achats, les banques centrales deviennent les plus gros créanciers du gouvernement. C’est de la politique budgétaire que pourrait donc venir une pression supplémentaire pour continuer les achats aussi longtemps que possible.

Il a également fait observer que les économies qui résultent du fait des faibles taux d’intérêt ne servent pas à abaisser le déficit public, mais à financer les nouvelles dépenses. L’OCDE a souligné pour sa part que l’élan de la réforme dans la Zone euro a diminué dans son ensemble.

La Fed a souligné qu’elle suivra de près l’évolution de l’économie internationale. Le taux d’inflation devrait persister à un niveau bas à court terme mais, à moyen terme, s’approcher de la cible d’inflation de 2%. La Fed laisse encore la question ouverte sur une possible augmentation des taux au mois de mars. Une hausse éventuelle conduirait à de nouvelles turbulences sur les marchés des changes.

▪ Conclusion
Les marchés boursiers ont réagi par une volatilité sans précédent aux nouvelles données négatives sur les fondamentaux et à la persistance de la stimulation de l’économie via la politique monétaire ultra-expansive.

La croyance dans la toute-puissance des banques centrales semble s’estomper peu à peu. Le QE et la ZIRP ne sont plus considérés comme une panacée pour les problèmes économiques mais seulement comme des pompes à faire des bulles financières.

De même, la confiance dans le déficit spending diminue malgré les espoirs qu’il a pu engendrer l’année passée : l’exemple du Japon a conduit à la désillusion. D’innombrables programmes de relance économique ont poussé la dette publique jusqu’à 240% du PIB sans générer une reprise durable.

Une normalisation de la structure des taux d’intérêt, comme souhaitée par la Fed, est devenue impossible à réaliser car la dette publique est déjà trop élevée. Chaque hausse de taux d’intérêt américain cause de fortes turbulences sur les marchés des devises et pousse à la baisse les marchés boursiers.

Malgré une politique monétaire ultra-expansive, les marchés boursiers vont probablement continuer à être très volatils. La boite de Pandore a peut-être été déjà ouverte… et de brusques baisses sont devenues possibles.

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