La Chronique Agora

Les "trois trésors électriques", ou comment l'histoire se répète

▪ Parfois, le meilleur moyen d’anticiper, pour un investisseur, c’est de se tourner vers le passé et de voir ce qui s’est produit autrefois. Comme aime à le dire le sage Charlie Munger, vice-président de Berkshire Hathaway : "il y a des réponses valant des milliards de dollars dans un livre d’histoire à 30 $".

Les livres d’histoire ont des choses fascinantes à raconter au sujet des marchés émergents. Et cela  nous donne des indices sur ce qui pourrait ce passer aujourd’hui sur les grands marchés émergents  tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. Et ces indices, comme des miettes de pain semées le long d’un chemin, nous amènent à un grand thème d’investissement. C’est tellement puissant et énorme que même les grandes multinationales sont prises de vertiges face à une telle opportunité.

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Développement de la Chine… mais aussi envol du Brésil, hausse des matières premières agricoles, nouvelles technologies…

MISEZ SUR LES GRANDES TENDANCES DE DEMAIN !

Grâce à des recommandations concrètes, simples et solides, vous pouvez vous positionner aujourd’hui sur les secteurs les plus prometteurs : n’attendez pas pour agir — alors que les économies occidentales s’enfoncent dans la crise, d’autres gisements de gains sont à portée d’investissement.

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Mais d’abord, un peu d’histoire, avec le Japon d’après-guerre et les "trois trésors électriques"…

▪ Dans les années 50, le Japon était au top. Après la Deuxième guerre mondiale, l’économie japonaise a connu une vague d’industrialisation massive. Les investissements sont arrivés du monde entier. Les aciéries, les centrales électriques et les usines ont poussé comme des champignons. Le Japon est rapidement devenu un gros producteur de navires, de matériel électronique, de produits pétrochimiques, d’équipement photographique, de fibres synthétiques et d’automobiles.

Les Japonais ont également quitté les campagnes pour s’installer en ville. La population de Tokyo, par exemple, a plus que doublé en moins de dix ans. Et suite à ça est arrivée une faim grandissante pour les nouveaux biens de consommation. Les gens ont mieux mangé – c’est toujours la première chose qui change. Mais ces nouveaux consommateurs convoitaient également les biens qui facilitent la vie, tels que les machines à laver, les réfrigérateurs et les télévisions.

En réalité, la demande était telle pour ces trois produits que les gens les ont appelés les "trois trésors électriques". Les ventes de machines à laver ont été multipliées par quatre entre 1953 et 1955. Puis les ventes ont encore doublé en 1956. Le nombre de télévisions a été multiplié par cinq en un an, en 1957. Puis le nombre a encore doublé en 1958 !

Pourtant, malgré tout ça, il y avait encore de gros problèmes dans le pays. La pauvreté était très répandue. Des gens s’entassaient dans de minuscules appartements. Les installations d’évacuation des eaux usées n’étaient pas adaptées. L’eau n’était généralement pas potable. La circulation était infernale, puisque la construction de routes ne suivait pas l’augmentation du nombre de voitures sur la route. La pollution était un problème majeur.

Cela vous rappelle quelque chose ? Je pourrais être en train d’écrire sur la Chine d’aujourd’hui !

▪ Je dois ces observations sur le Japon à feu Robert Shaplen, qui a longtemps été correspondant en Asie. Shaplen est arrivé en Asie pour la première fois en 1944, près de Leyte, dans les Philippines. Il était correspondant de guerre avec la 1ère division de cavalerie ; il a été débarqué sur une plage annexée par l’artillerie de la Marine américaine. Shaplen se souvient de l’odeur âcre de la fumée et des cocotiers déchiquetés alors qu’il avançait dans les vagues. Un début en fanfare pour son tour d’Asie ! Mais son départ a été encore plus terrible. En 1975, il devait quitter Saigon à bord d’un hélicoptère Sea Stallion piloté par les Marines américains, sous les tirs de roquettes et d’armes légères près de la base de défense américaine de Tan Son Nhut.

Entre temps, Shaplen a passé trente ans à réaliser des reportages sur l’Extrême-Orient pour le New Yorker. J’ai lu des extraits de son livre A Turning Wheel (édition de 1979). Il s’agit d’un résumé de son parcours sur trente ans dans tout l’Extrême-Orient, basé sur des milliers d’entretiens et sur ses propres recherches et observations effectuées à travers l’Asie.

Dans ce livre, Shaplen fait aussi un commentaire frappant sur une autre superstar de l’époque : la Corée du Sud. "Séoul est devenue la plus grande ville en pleine expansion de toute l’Asie", écrit Shaplen, "c’est une métropole vibrante de 7,5 millions d’habitants (un cinquième de la population du pays) et le centre névralgique de ce qui est probablement le pays au développement le plus rapide du monde, si l’on exclut les puissances pétrolières".

Le schéma de développement était le même. Un homme qui vivait à Séoul pouvait alors voir les usines sortir de nulle part. Puis sont arrivés les aciéries, les cimenteries et les chantiers navals. Il pouvait aussi voir des immeubles d’appartements et de bureaux, ainsi que des centres industriels envahir la ville. Il pouvait observer la migration massive de gens venus des fermes et des villages pour s’installer en ville. Des nouvelles lignes de métro et de nouveaux hôtels faisaient leur apparition. Il devenait difficile de trouver un taxi disponible. Et les bons restaurants étaient pleins jusqu’à dix heures du soir. Les gens s’enrichissaient. Le revenu par habitant en 1977 était quatre fois supérieur à ce qu’il était dix ans plus tôt.

Je suis frappé par les similitudes entre ces histoires de développement et celles qui se déroulent aujourd’hui. Je me demande si nous revoyons toujours la même chose, avec seulement un changement dans les noms. Aujourd’hui, c’est la Chine, l’Inde et le Brésil. Je vois également une vague identique entraîner des changements et de la croissance dans d’autres parties du monde. J’ai en ce moment les yeux posés sur le Vietnam et l’Indonésie, la Colombie, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Afrique.

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